... De mon Adolescence
Si, bien évidemment, l'Adolescence commence lorsque l'on est au collège, entre 11 et 15 ans (si un "redoublement" n'est pas arrivé, ce qui n'a pas été utile pour moi, voir l'article précédent), il se caractérise bien dans le passage de l'Enfance à la Vie d'Adulte, de 10 à 25 ans …
Tel fut mon cas, donc dès l'époque de ma "CM2", puis de mon "passage" au collège, dès la 6ème, par une chose très simple : le premier "flirt", le premier "bisou sur la bouche" …
Lorsque je l'appris "à maman", elle m'a dit "L'Amour, ce n'est pas se regarder dans les yeux, c'est Regarder, Ensemble, dans la même Direction" ! ... Première "leçon de Vie" ... plutôt déroutant, quand on vis cela au quotidien, et que l'expression, que maman utilisait (je pensais alors qu'elle venait d'elle), vient d'un grand écrivain (je l'apprendrai plus tard) ! ...
Pourtant, j'ai toujours eu, jusqu’à aujourd'hui, une interprétation de l'Amoureux différente, à chaque fois que je l'étais et que je le suis, encore aujourd'hui ! ...
Comme je vous l'ai dit (dans mon précédent article), j'ai tout de suite eu l'attention portée sur l'attitude de mes frères, "l'aîné" ayant 5 ans de plus que moi … j'ai donc commencé à construire ma vie - lorsque la Lucidité et la Conscience des choses que nous partagions arriva - lors de mon arrivée au collège, lorsque mon frère aîné le quittait, même s'il n'était pas, lui non-plus, ainsi que le 2ème, dans le même collège que mon 3ème frère et moi (notre père l'expliquant par le fait qu'il n'avait plus la possibilité (financière) de nous envoyer (ses deux derniers) au collège privé (frais scolaires et déplacements), comme il nous a mis dans l'école primaire "catholique", qui était dans la commune … avec le recul, je me dis que, pour ça aussi, ce fut un manque de Repère, peut-être plus important que les autres, arrivé au collège, donc public, de la commune ! …
Ce manque de recul, bien "aidé" par un voisin (j'y reviendrai aussi plus tard), amena une autre chose très simple : je suis resté "gamin", pendant très longtemps ! ... c'est pour cela que, dans mon premier article, sur mon "enfance", les "années collège" apparaissent ...
Au point même que, aujourd'hui, à 50 ans donc, je commence seulement à prendre conscience des "responsabilités" que j'ai envers les autres, "prenant les miennes" depuis maintenant plusieurs décennies, ce qui explique d'ailleurs aussi ce premier blog, seulement maintenant ! ...
-) Les "Leçons" de mon Grand-Père.
Celui qui m'en a fait prendre conscience, c'est mon grand-père paternel, ... qui est, depuis, mon "Repère de Vie", bien avant même mon père ! ...
C'est un dimanche, grand-père et grand-mère étant à la maison pour déjeuner avec nous. Ce jour-là, maman venait de recevoir mon bulletin trimestriel, où, comme souvent, mes notes étaient très "moyennes" ... en commentaires de mes professeurs, il était souvent marqué que je "manquais de maturité".
Pensant que c'était la "tendance à l'Elitisme" de mes professeurs, vague allusion à leur volonté de me pousser à faire toujours plus, ma "moyenne" étant toujours assurée, je me disais que c'était normal ... sauf que, ce jour-là, Grand-Père était là ! ... A peine maman avait-elle fini de lire, à voix haute bien sûr, cette "mention" de mon professeur principal, que Grand-Père me lança << Feignant >> ! ...
Déjà, simplement sa présence me figeait (il était vraiment du type "Imposant le Respect" ! ...), mais avec cette prise de parole par cet unique Mot, en plus, "mon sang ne fit qu'un tour" comme on dit ! ...
Depuis, j'ai toujours eu cette crainte, qui se traduit par la peur de le décevoir ! ...
Parti lorsque j'avais 17 ans, il a eu l'occasion de me faire la leçon, directement (quelques autres indirectement), à 3 reprises. Celle-ci était la deuxième. Mais, et pour moi c'est cela le Plus Important, il n'était pas "Méchant", son Tempérament, seul, étant suffisamment efficace, sur son dernier petit-fils que j'étais ! ...
La première fois fut lorsque j'étais encore enfant, l'adolescence n'ayant pas encore commencé à faire son effet, et lors de nos vacances scolaires que nous passions chez lui, une semaine (chacun notre tour).
Pour votre compréhension, sa maison se trouve au lieu-dit "La Vallée", entre une rivière, un champs et, toujours en montant, après l'habitation et sa façade, une route traversant le lieu-dit et encore un relief montant.
Sur ce dernier relief juste de l'autre côté de la route, une maison qui faisait fonction aussi d'entrepôt, faisait face à sa maison.
Derrière cette maison, le toit était vraiment très proche du sol ... cela rendait très facile, pour nous, de la montée jusque sur le haut du toit ! ...
La curiosité me poussant à vouloir voir l'horizon depuis ce haut du toit, m'amena à sortir du haut de la charpente ma petite bouille ... je pouvais, Enfin, voir l'Horizon ! ...
Mais, malheureusement, mon bonheur ne fut pas très long à savourer, l'Horizon diminuant considérablement lorsque je vis mon grand-père montant, très décidé, dans ma direction, avec une "trique" à la main ! ...
Descendu (beaucoup) plus vite que j'étais monté sur le toit, je vins en direction de Grand-Père, faisant très attention à regarder de chaque côté de la route avant de traverser et, arrivé devant lui, mettant mes mains sur mes cuisses jusqu'aux genoux (j'étais en "culottes courtes" ! ...), ne disant rien et "accroupi", baissant la tête le plus possible et fermant les yeux ... j'ai eu, à ce moment-là, la plus grosse "trouille" de toute ma (petite) vie !!! ...
Mais, et c'est là, à ce moment-là, que j'ai eu ma première Vraie Leçon de Vie : mon Grand-Père ne me fit Rien ! ... Aussitôt, je suis rentré à la maison de Grand-Père, je m'assis sur le banc de la table ... pas un mot ne fut nécessaire, ni de Grand-Père, ni de Grand-Mère, ni de moi ... Je n'ai Jamais refait cette montée sur le toit, mon Souvenir étant, à Jamais, Encré en moi ! ...
Cette, "MA" Première "Leçon de Vie" fut donc que, lorsque nous sommes Enfant, adolescent et même adulte, ce que nous retenons, ce n'est pas ce que l'on nous dit, mais ce que l'on Fait ! ... Personne dans la famille ne m'en a parlé, seulement "les Faits, ont Parlé" ! ...
Pour cette deuxième Leçon, c'est le fait de ne pas être "fataliste", de ne pas rester sur le constat que je "manque de maturité", de la nécessité de devoir réagir pour ne pas "avoir la honte" du redoublement, mes capacités ne le nécessitant pas, qui devait dicter ma conduite, désormais ! ...
Cela dit, mon esprit rebelle d'adolescent commençant à faire effet, je me dis que le mot "feignant" n'était pas exact, et que, par conséquent, je n'avais pas à "forcer la nature", ayant tout simplement suffisamment de "l'Enseignement" de ce que mes frères m'apprenaient au quotidien, pour pouvoir filer directement du Collège au Lycée (Professionnel, voire Général) sans "difficulté" supplémentaire à devoir supporter, à devoir justifier ! ... mais, pas encore suffisamment conscient de mes "facultés", je n'avais pas l'enthousiasme nécessaire pour réussir, à avoir le niveau pour le Lycée Général ! ... c'est cela, pour moi aujourd'hui, mon principal regret, né donc de ce manque de "Recul" ! ...
Je partis donc du collège sans redoublement, de la 6ème à la 5ème, à la 4ème et à la 3ème et pour le Lycée, quoique "seulement" professionnel ! ... ce fut bien plus tard que j'ai eu l'explication du refus de la Seconde ... lorsque je suis arrivé, pour toujours, dans ma nouvelle vie.
Pendant ce temps, d'un côté, mon "idylle" restant toujours présent tout au long des "années collège" et, à travers celle-ci, la "vocation" d'aider mes camarades (une copine et deux copains) plus défavorisés que moi (elle était orpheline, et un copain lui aussi orphelin, tous les deux "placés" dans des "familles d'accueil", mon seul autre copain étant d'une famille d'agriculteurs, moins "aisée" que nous).
Mais aussi, d'un autre côté, une grosse difficulté, lié à un "nouveau", qui plus est, un proche voisin, nous "amenant" à faire le chemin de retour d'école au même moment ... ce fut, pour moi, LE Gros Problème du collège, celui qui m'empêcha ce "Recul" nécessaire à mon épanouissement, à l'acquisition de ma Maturité normale. Chacun pouvant le comprendre, aujourd'hui que le sujet est abordé, au niveau National : le Harcèlement scolaire, tant extérieur (voire même plus) qu'intérieur, ce que l'administration du collège aurait dû voir ...
Sujet sensible pour le moins, engendrant pur et simplement mon "échec scolaire", voire pire encore, l'horizon du Lycée "Général" anéanti, directement ! ...
Enfin, une chose me "permettait" de sortir de ce carcan, c'était le Sport et la Course à Pied, un sport "individuel" ... y étant vraiment intéressé, je me renseignais par tous les moyens : revues sportives, courses locales, coureurs de la région et des communes environnantes, ce qui me permettait de savoir comment progresser, préparer les prochaines compétitions, de 3 à 10 kms, 12, 15 puis 20 kms, jusqu'à 25 kms, mes plus "grosses" courses durant ces 10 ans, des "Foulées" aux "Semi-Marathons".
Mon enthousiasme se trouvait là, comme un "défouloir", motivé par les bons résultats d'abord (en terme de "classements" dans ma catégorie), puis mes bons "chronos", ensuite, réussissant à faire notre semi-marathon (20 kms) local en 1 heure 20, lorsque j'avais 17 ans ! ...
-) Mes "années Lycée".
En 1986, je partis donc au Lycée, Professionnel ...
Mais, avant ça, le rôle de mon père, prédominant, fut clairement dans le choix de mon avenir. ... encore faut-il qu'il me laissât le choix ? ...
Pour bien comprendre la situation, ne faut-il pas, d'abord, parler de mon père ...
Il est né en mars 1939, donc quelques mois avant le début de la 2ème guerre.
Mon grand-père, né en 1912, a donc fait son service militaire en 1932, puis fut réincorporé en 39, laissant son fils seul avec sa mère.
Fait prisonnier, notre grand-père est parti en Allemagne, travailler dans une ferme familiale allemande.
Nous ne savons pas exactement quand il est libéré, en 1942 ou 43 mais toujours est-il que son fils grandit sans le connaître, jusqu'à prendre peur lorsque son père revint ...
Régulièrement lors de notre enfance, les anciens nous racontaient leurs histoires de la guerre, parmi lesquelles les circonstances du retour , "notre grand-mère se jetant dans ses bras, le fiston se demandant, ne le connaissant donc pas encore, << si mon père voyait ma mère se jeter dans les bras d'un inconnu ! >> ...
Sans doute très impressionné par notre grand-père, très Imposant tant physiquement que de caractère, le "fiston" a dû être très gêné toute sa jeunesse durant ! ... la seule allusion qui peut nous aiguiller à ce sujet fut ce qu'il dît à notre frère aîné, longtemps après : << comment je peux te faire confiance, je n'ai pas confiance en moi ?! >> ...
Durant son enfance, allant faire sa scolarité à l’âge de 6 ans, et la finissant à 14 ans avec le « Certificat d’Etudes », il aidait aussi ses parents à la ferme, « faisant [ses] devoirs en gardant les vaches », ainsi que chez les voisins du village, puis d’autres.
Partant faire son service militaire en 59, durant 28 mois, en Algérie lors des « évènements », il fut conducteur d’engins, passant de la mehari au poids-lourd, en passant par les voitures des officiers (Colonel et autres), donc relativement (par rapport aux autres appelés au conflit) épargné.
A son retour, il chercha du travail plus dans le service public et la finance : impôts, banques ou établissements financiers. Il choisit les PTT, alors « Poste, Télégrammes et Téléphone », qui devint « P et T » - Poste et Télécommunications, avant que les trois fonctions, du courrier, du téléphone et de la banque se séparent.
Lui, il finit sa carrière alors que c’est encore les P et T (en 1994), à ses 55 ans, ayant bien géré sa vie, entre son travail et sa famille, encore qu’il a fallu que la jeune femme, qui devint notre maman, avec qui il vivait lui dise « si tu veux qu’on se marie, d’abord tu dois avoir ton concours d’entrée des PTT ! … ».
Il commença bien sûr à Paris (comme dans toutes les fonctions et entreprises publiques, d’Etat et nationalisées), s’est marié en 1965, a eu ses 2 premiers enfants, puis à Vannes où il a eu son 3ème et, enfin, dans notre commune en 1970, où il m’a eu, en février ’71 …
De retour donc dans notre commune, où se trouve le centre de tri et de distribution, au nombre de 14 « tournées » desservant les communes environnantes, il fit la plus grande partie de son activité sur une commune en particulier où, bien sûr, ses allées et venues ne se sont pas arrêtées à son travail ! …
Cela dit, de par sa bonne gestion, il acquit une Confiance de ses usagers – clients à un niveau jamais égalé par les générations suivantes, malgré le fait que, dans ses petites communes, « tout le monde connait tout le monde », et donc faisant la réputation de leurs serviteurs, qu’il fut pendant, je crois, 22 ans ! …
De mon adolescence, j’ai toujours eu un très bon souvenir de mes vacances chez mon grand-père.
Mais l’agriculture n’était pas ce que j’aimais vraiment, plutôt la taille du bois pour les provisions d’hiver, pour la cheminée, voire les plantations et le jardinage, durant les saisons.
Chaque année, un arbre était choisi pour le couper … un prunier, un châtaigner, un chêne, etc.
Quelques fois, en tournée ou quand il voulait y aller, pendant mes vacances, mon père m’emmenait dans sa commune de travail, passant chez mon << copain >> menuisier, ou allant voir un match de foot.
Ainsi, lorsque la dernière année de collège arriva, je lui ai demandé si je pouvais « travailler dans le bois », ce à quoi il me répondit << non, il n’y a pas de débouché, ni centre de formation dans la région >> … sans doute qu’il exagérait, mais c’est vrai que la période n’était pas vraiment idéale, entre la menuiserie artisanale de nos anciens et le développement de la construction écologique qui n’avait pas encore commencé ! …
Cela dit, il restait le forestier et l’industriel, qui se portaient bien.
C’est ce qui m’amena à me faire à l’idée que mon père voulait, tout simplement, que je fasse de la comptabilité, comme mon 3ème frère, étant une orientation qui me servirait toute ma vie active, quelque soit mon parcours professionnel.
Je « suivis » donc mon frère dans la Comptabilité, lui étant plus du côté administratif, moi, déjà, plus vers la gestion, technique, tournée vers l’extérieur.
Mais c’étai aussi à cause d’une plus grosse désillusion, née dans ces années ’80, dans notre commune.
Elle a été, dans les années 70, la Capitale française de l’Agroalimentaire de volaille, grâce à nos plus anciens (les parents des notre) qui, après-guerre, ont continué à se Battre, mais pour toute autre chose : empêcher la disparition de l’abattoir de bovins, qu’un de nos 2 bouchers de la commune avait créée, pour le Marché aux Bœufs qui se tenait chez nous.
Ils se sont tellement Battus que le « groupe » alimentaire le plus important de notre secteur, le Groupe Guyomarc’h, qui s’est spécialisé pour l’occasion, a envoyé un de ses ingénieurs, Monsieur Jacques Hervieu, reprendre l’abattoir, ce qu’il fit en commençant par louer les locaux et les terrains à la commune ! … c’est en 1964 et, en 1967, il créa la marque de ses produits, en voyant notre vieux bouchers, typique des bouchers de l’époque, petit, trapu et grosse moustache, appelé dans la commune le « Père Mahé », qu’il nomma le « Père Dodu », dont les produits sont bien connu de tous les Français, partout en France, encore aujourd’hui ! …
Mais c’est aussi grâce à nos fermiers, puis agriculteurs ensuite, qui ont été obligé de changer leur activité, passant du bovin à la volaille ! … un changement radical que les derniers fermiers ont eu bien du mal à s’y faire ! …
Mon grand-père en faisait partie et, revenant de la guerre où il était prisonnier, en Allemagne, entrant chez lui, et résistant comme beaucoup en Bretagne, il fut élu municipal de la fin de la guerre jusque dans les années ’60, étant même 2ème adjoint du Maire lors de son dernier mandat, … de 1959 à 1965, donc dans cette période de reprise de l’abattoir, sur les terrains municipaux ! …
Et puis, en 1984, un gros tournant vit le jour, avec le décès de Jacques Hervieu, d’un malaise cardiaque ! …
Je me souviens avoir dit à ma famille << Jacques Hervieu est mort, c’est la Commune qui meurt ! … >>.
En effet, le principal employeur de la commune, de 2000 habitants, ayant connu jusqu’à plus de 600 employés, ce sont aussi de nombreuses retombées économiques qui se sont développées avec lui …
Avec le décès du patron, ce sont aussi de nombreuses entreprises et artisans, commerçants, qui en subirent les conséquences ! …
Parmi elles, une usine de fabrication de palettes, donc une menuiserie industrielle, sur qui j’avais de bons espoirs d’embauche, s’envola ….
Le départ des autres (une entreprise de transport, vendeur automobile, commerces) m’ont bien fait comprendre que notre avenir était fortement compromis, et même dans le bassin environnant, déjà très faible ! …
C’est à ce moment-là que j’ai sérieusement penser à partir de chez nous, même si un repreneur arriva, commençant à licencier dès son arrivée, puis sans du tout chercher à développer le site …
Au lycée professionnel, en comptabilité, l’organisation était faite de façon à ce que notre professeur principal était notre professeur de comptabilité bien sûr, mais aussi sur les 2 ans de nos BEP et CAP.
Étant donné que j’avais 2 ans d’écart avec mon frère, ce fut donc la même professeure principale, ce qu’elle n’a pas manqué de me rappeler ! …
Or, si ce fut le choix de mon frère ( ? …), ce n’est pas du tout le cas pour moi ! …
Dans tous les cas, ce fut ma formation initiale, comme me l’a dit mon père, << pour me former pour toutes les entreprises >>, ce qui a fait que mon « orientation » a été dans la « Compta-Gestion » (et donc une base sur l’Économique), plus que mon frère, en Compta Administrative. Et pour prendre un peu de distance, en complément de son choix ! …
Par contre, est-ce une volonté de la part de « notre » prof principale de ne pas me ménager ? …
Toujours est-il que j’ai continué à travailler selon mon ressenti et elle de me donner des notes justes en-dessous de la moyenne, aussi après avoir décidé … de me mettre en « retenue » (« en colle » disions-nous), quand je ne l’avais pas, donc quand elle me la donnait pas ! …
Résultat : 14 « colles » et le redoublement de la première année, ce qui me réjouissait, la quittant pour l’autre professeure, et avec plus d’aisance pour les deux nouvelles années ! …
Ma deuxième « première année » se passa très bien, bien en-dessus de la moyenne (12,5-13/20), ce qui renforça mes bases et me permit de passer en seconde année.
Ma deuxième année fut très intéressante, avec une moyenne de 12/20, mais qui fut perturbée par un problème médical, à cause d’une baignade dans un étang proche de chez nous, disons qui n’était pas très propre …
Ainsi, au mois de mai, donc juste avant les examens, je subis une opération, des hémorroïdes, après avoir fait des « examens blancs » du CAP et du BEP tantôt sur la fesse gauche, tantôt sur la fesse droite, mes « petits camarades » étant très sympas avec moi, par un petit mot gentil ou par un coup de main pour mes révisions ! …
Résultat : 11,68 de moyenne à l’examen du BEP (il fallait 12/20 pour l’avoir), sans doute mon « intermède médical » me fournissant une bonne excuse, avec ma moyenne de l’année, sensiblement identique, justifiant mon obtention du diplôme ! …
Jusque là, j’ai eu une vraie et bonne relation avec ma professeure principale, qui me faisait espérer une bonne poursuite de ma scolarité, normalement en « première d’adaptation » du Bac de comptabilité, dit Bac G2.
C’était sans compter sur la mentalité « Élitiste » de ce milieu, qu’incarne cette prof principale ! …
Oui, je peux le dire, j’ai été Vraiment déçu par son attitude ! …
Donc durant cette période de fin des deux années de BEP et CAP Comptabilité, nous choisissons l’orientation que nous voulons prendre, selon les hypothèses possibles, d’obtention ou non de nos diplômes, et de notre dossier.
Alors que mes deux années se sont vraiment très bien passées, sans problème d’ordre disciplinaire et avec un bon niveau scolaire, ce qui signifiait que, logiquement, je devais aller en lycée général, pour cette « Première d’Adaptation », que les élèves de notre filière professionnelle avaient pour reprendre la filière normale, la logique voulant que je sois admis à y entrer, je soumettais quand-même à ma professeure principale l’hypothèse de la non-admission en lycée général, en choisissant le Bac Professionnel pour alternative.
Et c’est à partir de ce moment-là que son rôle pris un nouveau sens, me disant (je cite) « non, le Bac Professionnel, ce n’est pas pour toi ! » …
Rassuré, me disant que, pour elle, je devais bien aller en lycée général et en « première d’adaptation », je partis en vacances, très confiant …
Et puis, vinrent, dans la première quinzaine de jours, les premières réponses de lycées généraux, qui répondirent, tous, la même chose : un Non unanime, ce qui m’embrouilla encore plus l’esprit, avant de découvrir, à la rentrée, le « poteau rose » : ma professeure principale, de qui j’avais encore le souvenir de ce qu’elle me disait pour le bac professionnel, qui « n’est pas pour [moi] », et une encore très haute estime, avait mentionné un « Avis Défavorable », signé de sa main, pour le Bac G2 ! …
En clair, elle me jetait en pâture, alors que je n’avais pas encore 19 ans ! …
Il ne m’a pas fallu très longtemps pour comprendre que c’était, en fait, l’accumulation de mon dossier scolaire, avec mon renvoi de 3 jours en 5ème (alors que, au collège, l’encadrement n’a pas fait son travail contre le harcèlement que je subissais ! …), et mes 14 « colles » de ma « première 1ère année » de BEP – CAP, avec l’autre professeure, qui me mettait la pression inutilement ! … Bref, l’Elitisme du système éducatif, dans toute sa « grandeur » ! …
Autant vous dire que cet été-là fut pour moi très perturbant, sans savoir où je pourrais aller, en septembre ! …
Seule « consolation », mon permis de conduire, dont je commençais les cours de code, puis de conduite …
Après avoir su la raison de mes refus, et tenté d’avoir un bac pro, qui me fut donc aussi refusé, ne me retrouvant sans quoique ce soit, c’est notre plus proche et plus ancien voisin qui me sortit de ce marasme.
Il était « économe », c’est-à-dire gérant des stocks d’un lycée professionnel, qui avait des chambres de pensionnat, lycée « expérimental », en horticulture et en Restauration.
Bien sûr, comme dans tous les lycées professionnels, des places sont disponibles à la rentrée. C’est ce qui fut le cas pour moi, dans la Restauration, pour un BEP et CAP aussi, qui nous faisait des cours de cuisine et de service, avec les autres cours, dont un que je connaissais très bien : la Comptabilité ! …
Etant trop tôt pour partir faire mon service militaire (Eh oui, encore obligatoire à cette époque ! …), ce fut sans hésiter que j’acceptais d’y aller, allant passer la semaine donc en pensionnat – ce qui fut mon premier départ de la maison familiale – et faisant le déplacement avec 2 camarades qui vivaient entre la maison et le lycée, soit avec maman, soit avec le voisin ! …
En fin de premier trimestre, pendant les vacances de fin d’année, je réussis, enfin – au bout d’un passage du code, mais surtout de la 3ème fois, la conduite – mon permis de conduire ! …
C’était le 28 décembre 1989, le jour de la Saint-Innocent, ce qui amena, quelques années plus tard, ma grand-mère maternelle à me dire « Eh ben la preuve que tu n’étais pas Innocent, ce jour-là ! … » π
Dans ce nouveau type de scolarité, liant les cours scolaires normaux, la comptabilité que je mettais entre, et les cours de « pratiques », donc de cuisine et de service, je m’y suis bien plu, même si, en cuisine, disons que ce n’était pas vraiment ma matière préférée ! … π
Ne dépassant pas la moyenne de 5 / 20 en cuisine, un peu mieux en service mais pas non-plus vraiment formidable, de l’ordre de 8 / 20, ce furent les autres matières qui me permettaient d’envisager une deuxième année ! …
C’est alors qu’un voyage de fin d’année fut organisé, passant par la Champagne et pour l’Alsace, où nous visitions les caves vinicoles …
C’est une discussion sur les saveurs des vins alsaciens, que j’ai eu avec un caviste, que mon professeur de service me dit « je sais vers quoi je vais t’orienter : la Sommellerie ! … »
Sans que je m’en rende compte, ce qu’il m’a dit ce jour-là fut le plus déterminant de tout ce qui fut, et tout ce qui est mon orientation, de Vie ! …
Tout ce qui a constitué mon parcours, passé, sur le moment et ensuite, y compris aujourd’hui, se retrouve dans ce domaine ! … même ce que je ne voyais pas encore à l’époque (le bois, la roche, etc.), et beaucoup plus encore, était dans ce milieu de la Viticulture ! …
Et puis, un nouvel évènement arriva : l’opération subit l’année précédente ne fut pas suffisante, malgré ce que m’avait dit mon chirurgien, par un langage fleuri qui me mis dans le doute : « votre cul n’est plus bordé de nouille » ! …
Ma mère ayant choisi, pour cette opération, la clinique où j’étais né, alors qu’il y avait un grand hôpital dans la même ville, cette fois-ci j’ai demandé à notre médecin de famille à être opéré par un Vrai spécialiste, dans un vrai hôpital ! … il m’envoya voir un « urologue », à Nantes, où je fus vraiment et Sérieusement soigné, mais m’obligeant à prendre une lourde décision …
En effet, alors que, pour être admis en seconde année de ce BEP et CAP Restauration, il nous fallait faire un stage d’été, celui-ci s’avérant trop proche de ma sortie d’hôpital et ma deuxième opération des hémorroïdes en 1 an, je n’ai pas pu le finir ! …
Aussitôt, je dis à mon père « je ne peux plus continuer, j’arrête. Je casse mon sursit, je devance l’appel et je pars faire mon service militaire. Après, je compte reprendre la Comptabilité, pour le Bac Pro » …
Je passais donc l’été, puis le mois de septembre à la maison, avant mon incorporation, en octobre 1990, à l’Ecole des Fusiliers Marins, à l’Arsenal de Lorient.
Le Service Militaire
Mon incorporation, ou « conscription », fut donc dans les Fusiliers Marins.
Attention, ne dites pas Fusillés, nous, nous étions de l’autre côté du Fusil ! … πππ€£
Dans un premier temps, pendant 2 mois, je suis allé avec les autres de mon contingent à l'École des Fusiliers Marins, à Lorient.
Là, cours théorique (en classe), et « pratiques », sur le « terrain » …
Bien sûr, en arrivant, on prend nos affaires, notre « pactage », on va dans nos chambres et on va « au rassemblement ».
Discours du Colonel : « Nous n’avons pas demandé à être ensemble, alors pour que tout se passe bien, il s’agit de bien s’entendre ! … »
Cette citation, je m’en suis souvenu durant des Décennies, beaucoup moins aujourd’hui ! …
À l’école donc, c’est ce qu’on appelle « les classes ».
Pour être sérieux, je ne me souviens plus vraiment de quoi étaient composés ces 2 mois, mis à part celui du théorique sur l’armée : les grades, les armes, le tir … la seule chose que je me souviens à peu près bien, c’est le cours sur « la Ligne de Mire », prononcé par un instructeur asiatique qui n’avait pas moins l’accent asiatique en le disant … rien que de m’en rappeler, j’en suis encore plié en 4 ! … π€£π€£π€£πππ
Et puis il y avait le terrain.
En fait, footing, un semblant de « parcours du combattant », qui n’en était pas vraiment un …
Les choses sérieuses commencèrent à la fin.
Après les résultats, l’encadrement nous a dit ce qu’ils nous ont donné en termes d’affectation, d’après le « désidérata » que nous avions fait auparavant.
Alors que j’avais choisi Cherbourg en 4ème position, l’instructeur m’a demandé « qu’avez-vous choisi ? » …
Ne m’en souvenant plus très bien (en fait, je ne voulais pas choisir, complètement indifférent du lieu), je lui dis « je ne sais plus » ! …
Les autres me regardant, il me dit, après les premiers choix que j’ai faits « vous avez choisi Cherbourg en 4ème position ». Vous devez y être lundi matin.
Pour y aller, en train bien sûr, je me souviens encore de la petite gare que j’avais « en correspondance », de Rennes à Cherbourg, du nom de la petite commune de Lison, où nous attendions notre autre train pendant … 1 h 30 ! …
Après avoir pris connaissance de la caserne, et les premier footings – dont je me souviens d’un, en décembre, à 8 h du matin, en short et tee-shirt, par – 5 ° - très « vivifiants », ce fut les premières séances de tirs sur cibles en carton, les premières patrouilles sur les « bastions » de l’Arsenal, sans oublier les « marches », de 8 ou de 12 kms sur le papier, mais qui en faisaient généralement 1 ou 2 de plus, en treillis, rangers, fusil semi-automatique et sac à dos ! …
Pour une « marche », c’était plus une course de fond qu’autre chose ! … heureusement pour moi, alors que je faisais de la course à pied avant mon incorporation, sur tous les terrains, je me fis remarquer par le Chef d’Esquade ! …
Mais, très vite, les « obligations » militaires prirent le dessus, rattrapés par les évènements internationaux, en l’occurrence la Guerre du Golfe, je m’en souviens, le 15 janvier 1991.
Aussitôt, nous sommes passés en Vigipirate Renforcée, avec balles réelles (nous ne tirions, alors jusque-là, que durant les exercices, et « à blanc »), avec renfort de patrouilles (plus que d’habitude), de jours comme de nuit ! …
Pour ça aussi heureusement, le conflit ne dura pas très longtemps, et c’est lorsque notre équipe était en « poste extérieur », près du Havre, qu’il se termina …
Enfin, j’ai pu montrer à mes équipiers mes talents de cuisinier ( ! … π) en leur faisant des crêpes, mais sans le Grand Marnier … le Second Maître qui nous dirigeait n’aurait pas beaucoup apprécier ! … π π
A notre retour à la caserne de Cherbourg, ce fut le Meilleur qui arriva : après avoir repris les séances de tirs, que j’adorais, en souvenir du grand-père tireur et grenadier d’élite (« tireur des lit’ de rouge », qu’il nous disait), au fusil semi-automatique, au pistolet automatique et au pistolet mitrailleur, apprenant pour ce dernier à tirer 3 balles par décharges, ce fut la saison des courses sur route qui commença, mon Chef d’Esquade me demandant de faire partie de l’équipe d’athlétisme de la caserne, ce que je n’ai pas hésité à accepter ! … bien au contraire, je fus dingue de joie et de bonheur d’en faire partie ! … π
Voilà comment se déroula mon Service Militaire, vous le comprenez bien très riche et gratifiant pour moi, pour la Vie ! …
A la fin, alors que je préparais mon retour dans la vie civile par ce que j’avais dit à mon père, en reprenant la Comptabilité en Bac Professionnel, le centre de formation que j’avais contacté (par le biais du centre d’information et d’orientation), à Lorient, me demanda d’abord de passer des tests d’aptitude.
M’y rendant, je fus surpris par mes résultats, ce qui ne fut pas seulement mon cas, mes examinateurs aussi, ces derniers m’expliquant que j’ai tellement été à l’aise qu’ils me les ont soumis au barème des BTS, les questions étant les mêmes …
Je fus donc accepté, pouvant l’être même en BTS, arrivant 7ème sur 15 dans leur effectif ! …
C’est vraiment à ce moment-là que j’ai commencé à me poser des questions, Sérieusement, sur le système « Elitiste » de l’Education National, celui du centre de formation incluant des tests psychologiques …
Cela ne ferait certainement pas de mal à certain(e)s enseignant(e)s du public, mon collège et mes lycées professionnels compris ! … mais, tellement imbus d’eux-mêmes, ne remettraient-ils pas en cause ce type de centres de formation, et de ces tests ? … cela ne me surprendrait Certainement pas ! …
Lorsque j’étais en BEP, mon frère de 2 ans de plus, qui a été le seul de la famille à avoir son Bac, m’avait dit « je ne m’inquiète pas pour toi, tu es plus capable que moi » ! …
Quelques années plus tard, plusieurs autres preuves de mes capacités, plus élevées qu’au niveau où j’étais, me le confirmèrent. Vous les découvrirez, au fur et à mesure, dans les prochaines pages …
Les tests passés, j’avais un autre travail à faire : trouver un employeur pour faire ma formation professionnelle en entreprise, en « Contrat de Qualification », en alternance avec ma formation de Bac Pro, au centre.
Pour cela, mes équipiers de la caserne m’ont beaucoup aidé à mettre sous enveloppes plus d’une centaine de lettres de candidature ! … et je les remercie ! …
Ce genre d’exercices n’étant pas facile, les entreprises ne me connaissant pas qui plus est, je n’ai eu que des réponses, lorsque j’en avais, négatives ! … aussi, le centre de formation ayant vu les efforts que je faisais, m’a bien aidé aussi, contactant aussi de leur côté des entreprises de la région lorientaise, ce qui m’a permis d’avoir un entretien dans l’une d’entre elle, peu après ma libération, et qui fut un succès ! … enfin, j’avais un employeur, je pouvais donc commencer ma formation au centre ! …
Auparavant, bien sûr avant que finisse mon année de service militaire, nous étions convoqués dans le bureau du « Pacha », le Commandant de la caserne, entretien bien sûr voué à nous inciter à nous engager.
S’il était possible que je sois d’accord pour continuer si je n’avais pas d’autre chose de prévu, ses arguments de faire partie de l’équipe d’athlétisme ou d’avoir la possibilité de faire de la comptabilité dans le milieu militaire, ne pesèrent pas dans mon choix de retourner dans le civil, qui plus est sans laisser tomber le centre de formation, qui me permettait de la poursuivre ! …
Je tenu ainsi psychologiquement devant le Commandant, lui expliquant que je garderai un très bon souvenir de mon obligation militaire, ce qui lui fit comprendre que mon choix était fait depuis longtemps ! …
De retour donc, je partis à Lorient, où j’ai aussi trouvé de quoi me loger, dans un foyer de jeunes travailleurs, … juste à côté de l’Arsenal où j’ai fait mes classes de l’armée, ce qui me permis, en plus, de ne pas être « défamiliarisé » de la ville.
Au retour de cet entretien d’embauche, avec mon père, il me dit alors « c’est bien, tu as réussi », étant donné que j’ai fait ce que je lui avais dit, en quittant la restauration ! …
C’est une nouvelle aventure qui commença alors, avec cette fois-ci, une Vraie indépendance et une entrée dans la Vie Active, certes progressive mais réelle, donc avec ma première ligne de travail sur mon Curriculum Vitae ! …
Le mois était organisé de façon très simple, fait de 3 semaines au travail, et 1 semaine en formation.
Mais ma formation a commencé en octobre 1991, alors que mon contrat de travail débutait le 12 novembre.
Donc, en attendant le début de mon contrat, je pris quand-même ma chambre au foyer de jeunes travailleurs, et rentrais le week-end en famille. C’est quand j’ai eu mon premier salaire que j’ai commencé à prendre mon indépendance, tout en retournant chez les parents le week-end.
Je conduisais la 4L que les parents nous ont achetée, après avoir obtenu notre permis. Etant le dernier de la famille, j’ai donc pu la garder pendant mes 2 ans de contrat et de Bac Pro.
Au travail, en raison de ce que le patron m’avait dit lors de notre entretien d’embauche, et parce que j’avais aussi commencé à travailler l’été lorsque j’avais 17 et 18 ans, je compris l’ampleur de ma tâche.
En effet, dès ma première embauche de ma vie active, il me dit « je vous prends pour être mon second, étant donné que vous préparez le diplôme le plus élevé des employés de l’entreprise » ! …
Je fis donc la comptabilité, au crayon à papier sur les livres comptables, la gestion des stocks, la vente aux magasins, la préparation des obsèques, selon le type : nettoyage du corbillard et mise en place du matériel dedans, montages des élément décoratifs des cercueils (capitonnage, fixation de la plaque et (éventuellement) de la croix, creusement des trous pour la visserie de fermeture), la mise en place et le portage des obsèques dans les lieux de cérémonies (églises, centres funéraires, crématoriums, cimetières) …
Pendant 2 ans, une centaine d’obsèques, y compris les samedis (très souvent), sur 3 semaines dans le mois, madame étant la patronne, son mari (mais avec qui nous étions la plupart du temps) étant fossoyeur de la municipalité, que nous accompagnions au cimetière pour la manutention de préparation de la sépulture (les caveaux presque uniquement), qu’il préparait. Mis à part son « humour noir », propre au milieu funéraire et de fossoyeur, ce furent 2 ans « d’expériences » pour le moins atypiques.
Cela finit par un « rapport de stage » fait avec le peu de moyens que j’avais, à savoir un ordinateur au travail qui m’obligea à le faire au centre de formation, alors que le coefficient à l’examen était de 7 ! …
J’ai réussi à avoir quand-même un 8 sur 20 de moyenne générale à l’examen (en candidat libre ! …), et un « Certificat Professionnel », avec donc les 2 ans de comptabilité – gestion en entreprise sur le CV, les premières lignes d’expériences professionnelles de toute ma vie active …
Mais cela signifia aussi que ma scolarité se terminait là, dans des années ’90 où le chômage était au plus haut, à Lorient 18%, obligeant les entreprises d’intérims, où je me suis inscrit, à prendre que des demandeurs d’emploi de plus de 6 mois, me demandant si je ne devais pas quitter la ville ! …
Pendant ce temps, mon père m’ayant traité de « feignant », je lui ai dit « ah bon ? … alors je ne serai plus à Lorient la semaine prochaine ! » …
C’est alors que je pris mes affaires, les envoya de Lorient à Rennes par SERNAM, et quittant Lorient en 4 jours, pour une auberge de jeunesse, acceptant ma palette de déménagement, qui m’attendait, et mon hébergement 3 semaines, en attendant de trouver un logement ! …
A Rennes, ce fut différent, ce qui était encore l’ANPE m’a inscrit à des ateliers de recherches d’emploi, où j’ai pu faire un premier point de ma situation et, en même temps, répondant à des annonces de contrats en CDD, que je fis et qui maintenaient mon niveau d’allocation chômage, mais pas plus ! …
Ainsi, me suis-je dit « si je ne trouve pas un emploi stable ici, s’en est fini de Rennes, … et de la Bretagne » ! …
Et puis, enfin, une bonne nouvelle ! … nous sommes en 1995, le nouveau Président élu est Jacques Chirac qui, avec son Premier Ministre, Alain Juppé, crée un nouveau type de contrat : le Contrat Initiative Emploi (C. I. E.).
Un supermarché « Timy », recherche un « Employé Libre-Service », en contrat CIE, par une période d’essai de 3 mois, pour un contrat de 2 ans, conformément à ce projet de loi.
Le patron, un ancien sportif de haut-niveau, fut un super patron, ayant la faculté de mettre dans de très bonnes conditions le futur employé que je pouvais être pour lui, même après les 2 ans, en CDI …
J’avais, pour commencer, la plus ancienne employée du supermarché pour cheffe, qui m’expliquait comment elle fonctionnait et que ça marchait, en équipe.
De mon côté, j’étais chargé des « liquides », et j’allais, à 4 heure du matin, avec le fourgon de l’entreprise, chercher les fruits et légumes frais, pour les étalages.
Un travail très intéressant, et qui m’enthousiasmait, d’autant plus avec une vue sur le Long Terme ! …
Sauf que ce n’était pas du goût de la patronne ! …
Une première alerte me surpris : un mois après mon arrivée, le couple patronal nous quitta pour des vacances ! … de 2 mois ! …
Continuant mon travail, sans avoir de signal d’alerte, donc pensant que je « faisais l’affaire », surtout avec ma cheffe qui était comme d’habitude, sans me faire de reproche, le retour de la patronne, soi-disant d’une famille riche, fut pour le moins étonnant : elle me « pris en grippe » dès son arrivée ! …
La fin de mes 3 mois arrivant, lorsque je suis venu dans son bureau prendre mon chèque de salaire, elle me sorti (c’est vraiment le terme ! …) « il vous faudra vous préparer à partir » ! … comme si elle me faisait comprendre que c’était à moi de quitter le travail ! …
Mon sang ne fit qu’un tour ! …
Apparemment, si j’en crois ce que m’a dit ma mère plus tard, le supermarché a fermé suite à mon départ ! … même si, aujourd’hui, il existe bien encore une « grande (ou moyenne) surface », sans doute que la direction a changé …
Toujours est-il que ce fut le moment de mon départ, le 9 octobre 1995. Sachant très bien que le chèque devait être encaissé seulement 3 jours après, je suis parti sans beaucoup de moyen, en fait juste de quoi partir en train jusqu’à un prochaine gare, qui fut celle de Laval ! …
Car oui, ce fut bien un « ras-le-bol », voire même un léger « pétage de plomb », qui m’amena avec le vélo que mon propriétaire me prêtait, jusqu’à la gare, avec juste un sac en plastique contenant un teeshirt pour seul change, en direction d’une destination encore inconnue, même si … elle voulait que je parte ? Je suis parti, à la plus grande surprise de tout le monde et, j’espère, encore aujourd’hui, en faisant regretter cette patronne de ce qui fut son attitude, à ce moment-là, pour Toujours ! … oui, je peux le dire, je la Déteste, et ça sera le cas tout le restant de ma vie ! …
Je suis donc parti, avec quasiment Rien, comme si je devais tout reprendre à zéro toute ma vie, depuis le vrai premier changement que fut pour moi le collège ! …
C’est dans tous les cas comme ça que je pris ma décision, après mon arrivée à Laval, avec le premier problème que je ressentais en moi : les difficultés de m’exprimer avec les autres, au quotidien, que le Sud de la France pouvait me permettre de résorber, les habitants ayant l’habitude de parler avec tout le monde.
Je suis donc parti vers le sud, de Laval d’abord à Angers, pour y passer la nuit, puis pour voir comment se présentait les structures organisées pour un public comme moi, pour les « sans domicile fixe » et donc, déjà, pour la réinsertion … mais ne pensant pas être en mesure de la faire, ayant « beaucoup de chemin à faire avant » ! …
Aussi, en arrivant à Angers, je vis un ancien faire le balayage des feuilles devant chez lui, logique en ce début octobre. Voulant me trouver une occupation et lui donner mon aide, je lui proposai de faire son nettoyage, en échange d’un petit billet ou d’un casse-croûte … ce qu’il accepta, revenant avec un billet de 20 francs … et un casse-croûte ! … π
C’est ce qui m’a permis de prendre conscience de la situation dans laquelle j’étais. Aussi, ai-je eu besoin de prendre, avec le peu de monnaie qui me restait, une bouteille d’alcool très fort, la plus forte possible ! …
Ce fut une bouteille de Jack Daniels, que je « sifflai » d’une seule traite, me mettant dans une telle « murge », que j’ai commencé à tout sortir de mes poches et pochette …
C’est comme ça que, voyant ma carte d’identité en fin de validité, je me suis dit que je ne suis plus dans le système, cette fois-ci, je peux tout recommencer à zéro, en me débarrassant de mes vieilles affaires, de mon vieux passé … Je déchirai ma carte d’identité et ma carte de sécurité sociale, en vociférant dans la rue « je ne suis plus Français » ! … comme si c’était ce que j’étais : un Apatride ? … un humain, un voyageur du Monde, tout simplement ! …
Oui bien sûr, je délirais dans cet état alcoolique, jusqu’à l’arrivée d’une patrouille de police, qui m’emmena en « dégrisement », pour « Ivresse Publique et Manifeste » ! …
Le lendemain, je leur dis « je vais voir s’il y a un foyer pour sdf, sur Angers, dès ce matin », ce qui les amena à me sortir de ma cellule, à me libérer ! …
C’est vraiment à ce moment-là que le mot « Liberté » prit tout son sens dans mon quotidien, pas seulement vis-à-vis de la police, mais aussi y compris par rapport à toute ma vie en Bretagne ! …
Ayant trouvé un foyer, dans la matinée évidemment du fait de la grandeur de la ville, j’y suis resté passer la nuit et, suite à une discussion avec un encadrant et un autre sdf, je suis allé sur un marché le matin, pour faire le montage des étalages pour me faire un peu d’argent de poche.
Mais c’est comme ça aussi que j’ai rencontré un patron, qui m’a proposé de venir travailler dans son entrepôt, qui était en fait une usine ! …
Chargé de faire la découpe de tranches de saumon, que je hachais plus que d’en faire des tranches, à une cadence d’autant plus très rapide, je dis stop, repartant vers le sud ! …
Et ma route continua, en auto-stop comme de Laval à Angers, en direction de Toulouse, en passant par Limoges mais, la ville n’ayant pas de foyer sdf, selon un compagnon de route, nous avons poursuivi notre chemin …
C’est là que j’ai côtoyé pour les premières fois, les autres « galériens », après avoir passé une partie de nuit dans un sous-terrain parking d’hypermarché, délogé à 2 heures du matin par un agent de sécurité, ce qui nous obligea à repartir sur la route, puis en squattant une pièce d’appartement dans un immeuble en construction, sans chauffage bien évidemment.
Et c’est là que je fis le premier geste de « routard » que je devenais.
Etant dans un état d’esprit qui me disait de prendre mon temps pour me refaire psychologiquement, je n’avais plus besoin de ma montre … par contre, étant continuellement sur les routes, j’avais besoin d’une couverture.
Un gars du groupe que rejoignait mon compagnon de route, qui se levait très tôt, avait besoin d’une montre, … et avait une deuxième « doudoune » comme il disait, qui ne lui servait pas ! … l’échange se fit comme ça, ne portant plus, pour ma part Jamais de montre, depuis ce jour-là ! … oui, ce jour-là, ce geste me marqua, à Vie ! …
Et puis je suis reparti cette fois-ci, voulant continuer mon chemin, seul.
La route continuait, cette fois-ci en direction de Béziers et de Montpellier, me disant que ce secteur ne pouvait être que le dernier dans le sud ! … et donc avant de repartir en direction du nord, et le départ pour une nouvelle vie ! …
C’est bien là, en effet, que ma vie changea, du tout au tout ! … ne me voyant pas partir de Toulouse en direction de Montpellier, en s’arrêtant seulement à Béziers, je pris directement l’autoroute (toujours en stop) de la capitale de l’Hérault.
Là, j’avais vraiment l’intention de refaire mon « pactage », comme celui de l’armée, avec tout ce dont j’avais besoin.
Pour cela, un foyer de sans abris me proposa d’aller dans un magasin pour changer mon blouson, prendre un nouveau sac à dos, d’autres vêtements … ce que je fis.
Et puis ce que jamais m’arriva auparavant m’arriva, dans ce magasin, et bien sûr dans le vestiaire, déposant mon blouson sur un banc pour essayer un nouveau, on me prit mon portefeuille, plein de tout ce qui me restait, en particulier, une de mes Fierté, avec le diplôme de BEP Compta que j’ai réussi à avoir : mon Permis de Conduire ! … mais, plus que ça encore, alors que je n’avais plus ma carte d’identité, jamais je n’avais osé déchirer mon Permis ! … alors, me le voir Volé, ça me mis Vraiment devant mes Responsabilités ! …
Le signalant à l’encadrement du magasin, je leur ai expliqué que je devais déposer plainte, pour que je puisse faire mon chemin de Réinsertion. Là, un responsable me dit « vous avez raison, déposez plainte, de notre côté nous avons des soupçons sur un de nos visiteurs » ! … alors je lui ai demandé de me dire qui était-ce, s’il était toujours là ! …
Voyant ma détermination, et heureusement d’avoir eu la chance qu’il fût toujours sur place, il me le montra du doigt ! …
Aussitôt je suis allé le voir, et lui dit « voilà, je viens te voir parce que je viens de me faire voler mon portefeuille, mon permis de conduire. Je ne sais pas qui l’a pris, mais des personnes m’ont parlé de toi. Je te le redis, je ne sais pas qui c’est, mais je dois porter plainte, donc « contre X », pour que puisse faire ma réinsertion. Je tenais à ce que tu le saches ! … »
Aussitôt, il me répondit « d’accord, très bien, mais je te le dis, ce n’est pas moi qui te l’ai volé, je ne m’embarrasse pas de ça ! … et je vais rechercher celui qui l’a fait ! … », d’un ton déterminé ! …
Je suis donc allé faire mon dépôt de plainte au commissariat, ayant du fait une nouvelle pièce d’identité, la déclaration de vol faisant fonction de « pièce d’identité » pendant 2 mois ! … cela me donna une nouvelle étape pour un nouveau départ, qui me donna une énergie pour « repartir » vers un nouvel horizon ! …
Un Horizon qui se traduis par un nouvel épisode pour le moins rocambolesque, au foyer d’hébergement, avec l’équipe de ce gars bien connu du magasin, dont un s’appelait Poirrier, qui essaya, à mon indifférence totale, de m’amadouer ! … ainsi, il essaya de me faire « cadeau » d’un sac de sport, tout neuf, me dit-il « pour faire ton voyage », ce à quoi je lui répondis « j’ai déjà un grand sac à dos, je te remercie » ! …
Aussitôt, flairant une entourloupe, je dis à qui voulu bien l’entendre, que je partais, « vers Aix-en-Provence », et partant dans la matinée-même, dans cette direction ! …
Et puis voilà comment, voyant sur l’autoroute les panneaux indiquant les directions, en arrivant vers le péage d’Orange, d’un côté vers Aix-en Provence et, de l’autre, « retrouvant le Nord », … Lyon ! …
Enfin, tout mon parcours, même avant mon départ de Bretagne, trouvait son sens, avec un souvenir très marquant, sans doute le plus de toute ma « première vie » : celui d’un train à Redon, qui avait un terminus … à Lyon-Perrache ! …
Cette « Bifurcation » fut celle de toute ma vie, celle qui me fascinait le plus, depuis Toujours : Enfin, j’allais connaître LYON ! …
Toujours en me déplaçant en auto-stop, je ne voulais pas que mon conducteur ait le moindre problème (normalement c’est illégal de prendre une personne à la rue), ce qui explique ce que je lui ai dit, que j’avais des copains qui m’attendaient à Perrache, seul nom que je connaissais donc de Lyon ! …
Et puisque c’était illégal, je me suis dit « eh bien, si « nul n’est censé ignorer la Loi », on va voir si ce Système Légal me sort de cette situation, de la Rue ! » … et je dois dire que ça n’a pas été aussi évident, que ceux-là même qui en sont « l’Elite », veulent bien le laisser penser ! …
Mais avant de décrire tout cela, tout d’abord, mon arrivée à Perrache fut pour le moins directe, mon conducteur m’y amenant en bas de l’escalateur (qui existait encore, et pour de nombreuses années aussi) au sud de la gare, au bout du Cours Charlemagne ! …
Traversant la gare, à la place Carnot, je vis là beaucoup de personnes sur les pelouses, alors que nous étions le 19 décembre ! … mais très vite je me suis rendu compte qu’en fait, il s’agissait du lieu, presque principal, de rassemblement des routards, sdf et autres « anars », avec ou sans chien ou, dans tous les cas, le premier que je vis à Lyon ! …
Là, un ancien, qui présentait bien, attira mon attention. Je vins vers lui et lui demandai « salut, sais-tu s’il y a un centre d’hébergement bien connu ici ? … », ce à quoi il me répondit « viens avec moi, j’y vais, justement ! » …
Et c’est comme ça que je suis reparti dans ma nouvelle vie ! …
De la gare, nous avons longé le quai du Rhône, en direction du centre-ville, jusqu’au premier pont, que nous avons pris. Là, sur le pont, alors que je parlais avec mon guide, j’ai aperçu les collines ! … je ne sais pas pourquoi, mais même si nous avons continué à discuter jusqu’au « foyer », j’ai tout de suite su que, dès le lendemain, j’allais y revenir ! … je le vois encore aujourd’hui, ce superbe relief qui surplombe la ville ! …
Passant entre les Universités, nous avons pris une petite rue à gauche, où le centre d’hébergement se trouvait, juste là ! … le « Foyer Notre-Dame des Sans-Abris » nous accueillait ! …
Il s’agit d’un « foyer-hébergement » ou, plus exactement, un « Centre d’Hébergement et d’Orientation », ou « C. H. O. », composé du bâtiment lui-même et, dans la cours, d’un « algéco », qui nous servait de salle de télévision, où nous avons attendu, de 17h et quelques, à 19 H, heure d’ouverture du foyer.
A 19H, la personne de l’accueil m’expliqua l’organisation : le premier soir nous pouvons déposer nos affaires dans une « consigne », prendre un repas et dormir dans un « box » collectif, après une soirée télé (dans l’algéco) si ça nous intéressait ! … et puis elle m’a donné une première « carte d’hébergement », de couleur verte, m’expliquant que, dès le lendemain matin, à 9 heures, j’allais avoir un rendez-vous avec une responsable d’hébergement, pour un premier entretien, où il me sera possible d’avoir une nouvelle carte, orange, pour une durée plus importante ! … là, je me suis dit, c’est une très grosse organisation, qui va m’emmener très loin, bien sûr dans ma réinsertion, mais pas loin de Lyon : à Lyon ! …
J’ai commencé par déposer mes affaires à la consigne, j’ai suivi les autres en direction de la cantine et nous avons mangé. Puis, on nous a montré notre chambre collective, où je suis resté, découvrant mon nouvel environnement et retraçant mon chemin, jusqu’à mon sommeil.
Le lendemain matin, j’ai eu cet entretien, où j’ai expliqué que je venais de Bretagne, que je n’avais plus ma carte d’identité et qu’on m’a volé mon permis de conduire, présentant à la responsable mon récépissé de dépôt de plainte, mais que je voulais me réinsérer, après avoir refait mes papiers. En clair, la continuité-même de ce que j’avais dit à Montpellier ! … Elle me dit « nous avons un Breton dans l’encadrement, il s’appelle Jean ! » … et, aussitôt, elle me remplit la carte d’hébergement orange, ce qui m’a amené une plaisanterie, lui disant « au moins ici, la carte orange est plus utile qu’à Paris », ce qui nous a apporté un gros éclat de rire ! … π
Ainsi, mon séjour s’est vraiment très bien passé, vraiment très à l’aise avec eux, ce qui m’enthousiasma comme Jamais ! …
J’ai donc commencé à refaire ma carte d’identité, à la mairie du 7ème arrondissement, là où se trouvait le foyer même si je n’avais pas encore d’adresse, seulement une sorte de « boîte postale » du foyer …
Pendant le temps nécessaire à la procédure de la mairie, je me suis lancé dans une « vente – colportage de presse » (la vente des journaux des sdf) du « La Rue », n’aimant pas beaucoup le réputé « Macadam » ! … le dépôt « La Rue » se trouvait rue Notre-Dame, dans le 6ème arrondissement, ce qui, avec le foyer « Notre-Dame des Sans Abris », m’interpella, me disant que c’est une ville très portée sur Notre-Dame ! … la suite me dira pourquoi mais, sur le moment, je ne pensais qu’à une seule chose : ma Réinsertion ! …
Et puis ce qui devait arriver arriva, lorsque la vente marche bien, multipliant les lieux de ventes, un contrôle de police est, au fil du temps, inévitable ! …
Pour moi, ce fut à l’entrée du Centre Commercial de la Part-Dieu, sur l’Esplanade de la tour du Crédit Lyonnais, à la sortie-même de la Porte de l’Esplanade, le 24 décembre 1995.
Présentant mes papiers et mon autorisation de « vendeur – colporteur de presse », délivrée par la préfecture, l’un des deux binômes me demanda « vous n’avez pas de papier ? … », ce à quoi je lui dis « si, c’est ma déclaration de vol de mon permis de conduire, valable deux mois, le temps que je refasse ma carte d’identité, que j’attends avec mon récépissé que vous avez ! » …
Il continua à « chercher la petite bête », me disant « c’est une déclaration sur l’honneur votre déclaration de vol du permis, vous m’avez l’air d’un Portugais ! » …
« Sans papier », « Portugais », tout ce qu’il me disait m’indiquait qu’il me prenait pour un expulsable ! … Enervé mais sans perdre mon sang-froid, je lui répondis « Ah bon, et qu’est-ce que vous faites de l’Honneur ? … Alors demandez l’Inspecteur Poirier à la Tour d’Auvergne, à Rennes, vous savez, l’Hôtel de Police de Rennes, et demandez-lui s’il n’a pas un Cousin en ce moment à la Rue ! » …
C’est alors que le second policier revint vers nous, me rendant mes papiers, disant à son binôme « c’est bon, on peut le laisser tranquille » ! …
Voilà, comment se passe un contrôle de police, le « public visé » étant bien sûr, plus que les autres, celui « qui n’est pas dans les clous », ce qui signifie que, pour moi, ce fut le seul contrôle que j’ai eu, durant les 5 mois, de l’hivers 95-96, plus exactement du 9 octobre au 4 mars, « à la rue » ! …
Les dates étant tellement significatives durant cette période, de par l’importance de ce qui m’arrivait, que je m’en souviens encore, 30 ans après ! …
En janvier, ma carte d’identité était faite, je pouvais alors passer à autre chose, en l’occurrence aller faire mes démarches pour avoir un emploi, ce qui m’a valu d’être sur la liste d’attente pour être accepté dans un autre type de foyer, toujours de « Notre-Dame des Sans Abris », qui s’appelle un « C. H. R. S. », ou Centre d’Hébergement et de Réadaptation (ou de Réinsertion) Sociale », pour moi plus une réadaptation, compte tenu du milieu d’où je venais … cela dit, c’était plus en attendant son ouverture que j’attendais, un encadrant m’ayant dit que des locaux étaient en travaux et, plus tard, que j’étais le premier sur la liste d’attente.
Autre raison importante, celle de mon âge ! … à 24 ans, alors que j’étais parti de mon travail, et donc démissionnaire, je n’avais aucune indemnité-chômage et, puisque je n’avais pas de « charge », de location par exemple, je n’avais le droit à rien, aucune indemnité ni, surtout, le « R. M. I. », auquel on a droit à seulement 25 ans ! … Ce qui fut donc le cas, fin février 1996.
A partir de là, tout alla très vite : le 4 mars j’entrais dans ce CHRS, ce qui me donnais ma première adresse à Lyon.
En parallèle, donc pour ma réinsertion, je suis allé, en janvier, me renseigner à la mairie, sur les structures d’emploi à Lyon (ANPE, Missions Locales, etc.). Là, l’accueil de l’Annexe de l’Hôtel de Ville m’orienta, à ma grande surprise, vers le 2ème étage du bâtiment ! … Y aurait-il une Mission Locale, une « antenne » de l’ANPE, dans les locaux de la mairie, dans une grande ville comme Lyon ? … bien sûr que non, prenant l’ascenseur, je vois des panneaux indiquant « Ressources Humaines », « Service Recrutement » ! … en fait, l’agent d’accueil m’envoyait vers un travail municipal …
Et ainsi, chaque semaine quasiment, alors que je n’avais toujours pas d’adresse à mettre sur mon CV, j’allais les voir, pour avoir des nouvelles, me renseigner sur les filières, les concours, jusqu’à ce jour où, « ça y est, j’ai ma première adresse ! » … là, l’agent d’accueil du service Recrutement me dit « je crois que la cheffe du service vous attend à son bureau ! … »
Premier RMI, Première adresse à Lyon, Premier emploi en mairie, quasiment le même jour du 4 mars ’96, dans tous les cas dès cette première semaine ! …
Ainsi, j’ai commencé un remplacement de 8 heures par semaine, pour la gardienne logée, du Théâtre de la Croix-Rousse, en repos le lundi, pendant 2 mois, puis un autre remplacement, en urgence, dans cette période …
Ce dernier fut pour moi, pour le moins surprenant, remplaçant un remplaçant ! … le gardien d’une petite « salle des fêtes », dite « de la Garenne », dans le 5ème arrondissement, était malade, ce qui a obligé le service à trouver un remplaçant … sauf que ce remplaçant « a un empêchement » pour un travail le samedi soir (! …), le signalant qui plus est le vendredi midi, laissant le service recrutement dans l’embarras, ne travaillant pas le samedi ! …
La cheffe du service me demanda alors « est-ce que ça ne vous dérange pas, un samedi soir ? … », ce qui me stupéfia ! ... Comment cela, un travail qui me dérangerait, parce que c’est un samedi soir ? … me disant cela, je lui ai répondu « non, non, pas de problème, je vous fais ce remplacement, ce samedi soir ! » …
Le lendemain, je suis donc parti faire ce travail de gardien d’une soirée, en fait un anniversaire de mariage d’un couple d’anciens, avec sa famille qui me remercia, finissant vers 1 heure du matin comme prévu, laissant les locaux nickels ! … Pour ma part, je suis resté jusqu’à 7 heures du matin, fermé les locaux et déposé les clés dans la boîte aux lettres de la mairie du 5ème, comme prévu …
Et puis ce furent les périodes de recrutement des contractuels de contrat « solidarité », à temps partiel (en mi-temps), prévus sur 6 mois renouvelable 1 fois, au Parc de la Tête d’Or.
La cheffe de service m’en informa, mais sur un laps de temps très court ! …
En effet, les recrutements se faisant pour 40 demandeurs d’emploi de l’ANPE, mais réduits à 15, elle m’apprit que j’étais un 16ème, exceptionnellement ! … en revanche, il fallait que je dépose mon CV en me présentant à l’entretien, dès le lendemain matin, à 9 heures ! …
Ne l’ayant pas modifié avec les remplacements que je faisais déjà à la mairie, je fonçai à la Mission Locale qui me connaissait, demandant un ordinateur … mais, parce que l’imprimante ne fonctionnait pas, j’ai dû y retourner le lendemain matin, donc juste avant l’entretien ! …
Le lendemain matin donc, la Mission Locale me dit que l’imprimante ne fonctionnait toujours pas ! … j’appela alors le secrétariat de la direction des Ressources Humaines, lui expliquant ma situation, qui me dit alors « envoyez-le moi par mail, je vous l’imprime ! » … la Mission Locale faisant le nécessaire entre-temps, je pris aussitôt le métro pour aller à l’entretien, récupérant mon nouveau CV et le donnant, aussitôt, au directeur, qui faisait les recrutements ! …
En pleine dynamique, ma motivation avec, mon entretien a été très rapide et vraiment efficace, au point que je fus pris dans les 3 recrutés, donc sur les 16 que nous étions, et même « hors effectif » que j’étais ! …
Début mai, j’ai donc commencé à travailler, au rythme de 20 heures par semaine, toujours mieux que 8 heures, et mettant un peu plus mon pied dans la grosse institution de la Ville de Lyon ! …
Au foyer, c’était différent qu’au « C. H. O. ». Ayant ma clé, je devais payer un loyer, sauf que, dans ce « C. H. R. S. », le loyer était basé sur les revenus que nous avions. Quand je faisais 8 heures par semaine, mon loyer était symbolique, et je touchais le RMI.
Et puis j’ai commencé mon « Contrat Emploi Solidarité », de 20 heures par semaine, donc avec un revenu plus important, l’arrêt du RMI et un loyer adapté, ce qui m’a permis de mettre un peu d’argent de côté, suffisant pour avoir un montant couvrant les 2 mois de cautions nécessaires pour avoir un appartement, et pour quitter les Foyers Notre-Dame des Sans-Abris ! …
Ce fut fait en novembre 1996, juste après que mon contrat de 6 mois fut renouvelé, ce qui fit que, dès mon arrivée à Lyon, mon parcours Logement – Travail fut intimement lié, surtout dans cette période, d’entrée à la Ville de Lyon ! …
Cette période fut marquée par 2 évènements, un personnel et un professionnel :
- Personnel d’abord, lorsque le fameux Poirrier pointa le bout de son nez, à la sortie-même de mon travail, au Parc de la Tête d’Or, me voyant rentrer au foyer … « salut Poirier, tu me reconnais, c’est Poirrier ! … » me dit-il … ce à quoi je lui répondis « eh oui, et comme tu vois, je suis en Réinsertion ! » … depuis ce jour-là, je ne l’ai plus jamais revu ! …
- Et puis professionnel, pour le « C. E. S. », toujours au parc, ayant besoin, demandé par mon chef, de mon permis de conduire, pour les patrouilles en voiture et, dans tous les cas, pour compléter la procédure administrative de mon recrutement dans ce contrat ! … Ainsi, je me suis rendu à la Préfecture Administrative, pour avoir un duplicata, me disant « là, je vais voir si le Système est bien fait ! … », sachant impeccablement mon numéro de permis, et avec mon récépissé de déclaration de vol, ainsi que ma carte d’identité récemment refaite.
Donnant tous mes documents et le souvenir de mon numéro de permis au complet, malgré la réelle gêne que je voyais sur le visage de la guichetière, elle constata que j’en étais bien le titulaire, et me tamponna le duplicata qu’elle me faisait, puis me le donna ! …
Ça y est, cette fois-ci, c’en était fini de toute ma procédure administrative de Réinsertion et, Enfin, le début et vrai Départ de ma Nouvelle Vie ! …
Tout ce parcours de réinsertion aboutit, très rapidement toujours, après mon emménagement dans mon premier appartement, à Villeurbanne, dans un studio en mansarde, en novembre ’96, lorsque le Théâtre de la Croix-Rousse, là où j’ai fait le remplacement des lundis de la gardienne logée, a fait une création de poste pour un gardien non-logé, sur lequel j’ai donc déposé ma candidature.
En effet, toujours en contact malgré mon départ pour le Parc de la Tête d’Or, le mari de la gardienne m’ayant appris la création du poste en allant le voir, mon foyer étant situé entre le parc et le théâtre, je me suis rendu, en 10 minutes, au service du Recrutement, juste en bas de la colline de la Croix-Rousse, à l’Annexe de l’Hôtel de Ville ! …
Là, l’agent d’accueil du service, apparemment dans l’équipe de recrutement pour le poste, m’a soutenu la candidature, m’a-t-on dit plus tard dans le service, malgré la présence d’un autre candidat qui aurait été plus « proche » (à l’ancienneté ? …) que moi du théâtre, selon toujours le mari, Gilles Risson, de la gardienne, Monique ! …
Tout allant tellement vite, en 11 mois embauché à la Ville de Lyon, alors que pour la plupart des « non-titulaires » il fallait 5 à 6 ans pour être « titularisé », je le sais et je le regretterai toute ma vie si je ne peux pas la revoir, ne prenant pas conscience de ce que l’agent d’accueil avait fait pour moi, avant qu’elle ne quitte, définitivement, le service des Recrutements, sans retourner la voir … Je vous le dis ici, je vous dois Tout ! … Je suis Vraiment Désolé, et Je vous dis Profondément Merci ! …
C’est à partir de ce moment-là que j’ai recommencé à Zéro toute ma vie, et pour Toujours ! …
Depuis cette « orientation » de l’agent d’accueil au rez-de-chaussée de l’Annexe, lorsque j’y suis allé pour la première fois, en direction du 2ème étage, et de ce service des recrutements, pour la toute première fois de toute ma vie alors, instinctivement je n’ai regardé que le bon côté des choses, en l’occurrence le service public que je connaissais de mon père fonctionnaire à la Poste, et du milieu municipal de mon grand-père élu conseiller puis adjoint, sans oublier mes 2 ans dans le funéraire, où j’ai côtoyé le service funéraire et un peu l’administratif municipal de Lorient ! …
C’est ce qui m’a amené à dire que j’étais ouvert à tout, et que le travail de gardien a été une évidence pour la cheffe du recrutement, les besoins se faisant sentir surtout dans ce domaine professionnel, et que j’ai toujours exercé jusqu’à présent, près de 30 ans après ! …
Mars ’96 – Février ’97, ces 11 mois qui ont changé toute ma vie ! … Enfin, j’entrais Vraiment dans la « Vie Active », dans ma Vie d’Adulte ! …
Si, bien évidemment, l'Adolescence commence lorsque l'on est au collège, entre 11 et 15 ans (si un "redoublement" n'est pas arrivé, ce qui n'a pas été utile pour moi, voir l'article précédent), il se caractérise bien dans le passage de l'Enfance à la Vie d'Adulte, de 10 à 25 ans …
Tel fut mon cas, donc dès l'époque de ma "CM2", puis de mon "passage" au collège, dès la 6ème, par une chose très simple : le premier "flirt", le premier "bisou sur la bouche" …
Lorsque je l'appris "à maman", elle m'a dit "L'Amour, ce n'est pas se regarder dans les yeux, c'est Regarder, Ensemble, dans la même Direction" ! ... Première "leçon de Vie" ... plutôt déroutant, quand on vis cela au quotidien, et que l'expression, que maman utilisait (je pensais alors qu'elle venait d'elle), vient d'un grand écrivain (je l'apprendrai plus tard) ! ...
Pourtant, j'ai toujours eu, jusqu’à aujourd'hui, une interprétation de l'Amoureux différente, à chaque fois que je l'étais et que je le suis, encore aujourd'hui ! ...
Comme je vous l'ai dit (dans mon précédent article), j'ai tout de suite eu l'attention portée sur l'attitude de mes frères, "l'aîné" ayant 5 ans de plus que moi … j'ai donc commencé à construire ma vie - lorsque la Lucidité et la Conscience des choses que nous partagions arriva - lors de mon arrivée au collège, lorsque mon frère aîné le quittait, même s'il n'était pas, lui non-plus, ainsi que le 2ème, dans le même collège que mon 3ème frère et moi (notre père l'expliquant par le fait qu'il n'avait plus la possibilité (financière) de nous envoyer (ses deux derniers) au collège privé (frais scolaires et déplacements), comme il nous a mis dans l'école primaire "catholique", qui était dans la commune … avec le recul, je me dis que, pour ça aussi, ce fut un manque de Repère, peut-être plus important que les autres, arrivé au collège, donc public, de la commune ! …
Ce manque de recul, bien "aidé" par un voisin (j'y reviendrai aussi plus tard), amena une autre chose très simple : je suis resté "gamin", pendant très longtemps ! ... c'est pour cela que, dans mon premier article, sur mon "enfance", les "années collège" apparaissent ...
Au point même que, aujourd'hui, à 50 ans donc, je commence seulement à prendre conscience des "responsabilités" que j'ai envers les autres, "prenant les miennes" depuis maintenant plusieurs décennies, ce qui explique d'ailleurs aussi ce premier blog, seulement maintenant ! ...
-) Les "Leçons" de mon Grand-Père.
Celui qui m'en a fait prendre conscience, c'est mon grand-père paternel, ... qui est, depuis, mon "Repère de Vie", bien avant même mon père ! ...
C'est un dimanche, grand-père et grand-mère étant à la maison pour déjeuner avec nous. Ce jour-là, maman venait de recevoir mon bulletin trimestriel, où, comme souvent, mes notes étaient très "moyennes" ... en commentaires de mes professeurs, il était souvent marqué que je "manquais de maturité".
Pensant que c'était la "tendance à l'Elitisme" de mes professeurs, vague allusion à leur volonté de me pousser à faire toujours plus, ma "moyenne" étant toujours assurée, je me disais que c'était normal ... sauf que, ce jour-là, Grand-Père était là ! ... A peine maman avait-elle fini de lire, à voix haute bien sûr, cette "mention" de mon professeur principal, que Grand-Père me lança << Feignant >> ! ...
Déjà, simplement sa présence me figeait (il était vraiment du type "Imposant le Respect" ! ...), mais avec cette prise de parole par cet unique Mot, en plus, "mon sang ne fit qu'un tour" comme on dit ! ...
Depuis, j'ai toujours eu cette crainte, qui se traduit par la peur de le décevoir ! ...
Parti lorsque j'avais 17 ans, il a eu l'occasion de me faire la leçon, directement (quelques autres indirectement), à 3 reprises. Celle-ci était la deuxième. Mais, et pour moi c'est cela le Plus Important, il n'était pas "Méchant", son Tempérament, seul, étant suffisamment efficace, sur son dernier petit-fils que j'étais ! ...
La première fois fut lorsque j'étais encore enfant, l'adolescence n'ayant pas encore commencé à faire son effet, et lors de nos vacances scolaires que nous passions chez lui, une semaine (chacun notre tour).
Pour votre compréhension, sa maison se trouve au lieu-dit "La Vallée", entre une rivière, un champs et, toujours en montant, après l'habitation et sa façade, une route traversant le lieu-dit et encore un relief montant.
Sur ce dernier relief juste de l'autre côté de la route, une maison qui faisait fonction aussi d'entrepôt, faisait face à sa maison.
Derrière cette maison, le toit était vraiment très proche du sol ... cela rendait très facile, pour nous, de la montée jusque sur le haut du toit ! ...
La curiosité me poussant à vouloir voir l'horizon depuis ce haut du toit, m'amena à sortir du haut de la charpente ma petite bouille ... je pouvais, Enfin, voir l'Horizon ! ...
Mais, malheureusement, mon bonheur ne fut pas très long à savourer, l'Horizon diminuant considérablement lorsque je vis mon grand-père montant, très décidé, dans ma direction, avec une "trique" à la main ! ...
Descendu (beaucoup) plus vite que j'étais monté sur le toit, je vins en direction de Grand-Père, faisant très attention à regarder de chaque côté de la route avant de traverser et, arrivé devant lui, mettant mes mains sur mes cuisses jusqu'aux genoux (j'étais en "culottes courtes" ! ...), ne disant rien et "accroupi", baissant la tête le plus possible et fermant les yeux ... j'ai eu, à ce moment-là, la plus grosse "trouille" de toute ma (petite) vie !!! ...
Mais, et c'est là, à ce moment-là, que j'ai eu ma première Vraie Leçon de Vie : mon Grand-Père ne me fit Rien ! ... Aussitôt, je suis rentré à la maison de Grand-Père, je m'assis sur le banc de la table ... pas un mot ne fut nécessaire, ni de Grand-Père, ni de Grand-Mère, ni de moi ... Je n'ai Jamais refait cette montée sur le toit, mon Souvenir étant, à Jamais, Encré en moi ! ...
Cette, "MA" Première "Leçon de Vie" fut donc que, lorsque nous sommes Enfant, adolescent et même adulte, ce que nous retenons, ce n'est pas ce que l'on nous dit, mais ce que l'on Fait ! ... Personne dans la famille ne m'en a parlé, seulement "les Faits, ont Parlé" ! ...
Pour cette deuxième Leçon, c'est le fait de ne pas être "fataliste", de ne pas rester sur le constat que je "manque de maturité", de la nécessité de devoir réagir pour ne pas "avoir la honte" du redoublement, mes capacités ne le nécessitant pas, qui devait dicter ma conduite, désormais ! ...
Cela dit, mon esprit rebelle d'adolescent commençant à faire effet, je me dis que le mot "feignant" n'était pas exact, et que, par conséquent, je n'avais pas à "forcer la nature", ayant tout simplement suffisamment de "l'Enseignement" de ce que mes frères m'apprenaient au quotidien, pour pouvoir filer directement du Collège au Lycée (Professionnel, voire Général) sans "difficulté" supplémentaire à devoir supporter, à devoir justifier ! ... mais, pas encore suffisamment conscient de mes "facultés", je n'avais pas l'enthousiasme nécessaire pour réussir, à avoir le niveau pour le Lycée Général ! ... c'est cela, pour moi aujourd'hui, mon principal regret, né donc de ce manque de "Recul" ! ...
Je partis donc du collège sans redoublement, de la 6ème à la 5ème, à la 4ème et à la 3ème et pour le Lycée, quoique "seulement" professionnel ! ... ce fut bien plus tard que j'ai eu l'explication du refus de la Seconde ... lorsque je suis arrivé, pour toujours, dans ma nouvelle vie.
Pendant ce temps, d'un côté, mon "idylle" restant toujours présent tout au long des "années collège" et, à travers celle-ci, la "vocation" d'aider mes camarades (une copine et deux copains) plus défavorisés que moi (elle était orpheline, et un copain lui aussi orphelin, tous les deux "placés" dans des "familles d'accueil", mon seul autre copain étant d'une famille d'agriculteurs, moins "aisée" que nous).
Mais aussi, d'un autre côté, une grosse difficulté, lié à un "nouveau", qui plus est, un proche voisin, nous "amenant" à faire le chemin de retour d'école au même moment ... ce fut, pour moi, LE Gros Problème du collège, celui qui m'empêcha ce "Recul" nécessaire à mon épanouissement, à l'acquisition de ma Maturité normale. Chacun pouvant le comprendre, aujourd'hui que le sujet est abordé, au niveau National : le Harcèlement scolaire, tant extérieur (voire même plus) qu'intérieur, ce que l'administration du collège aurait dû voir ...
Sujet sensible pour le moins, engendrant pur et simplement mon "échec scolaire", voire pire encore, l'horizon du Lycée "Général" anéanti, directement ! ...
Enfin, une chose me "permettait" de sortir de ce carcan, c'était le Sport et la Course à Pied, un sport "individuel" ... y étant vraiment intéressé, je me renseignais par tous les moyens : revues sportives, courses locales, coureurs de la région et des communes environnantes, ce qui me permettait de savoir comment progresser, préparer les prochaines compétitions, de 3 à 10 kms, 12, 15 puis 20 kms, jusqu'à 25 kms, mes plus "grosses" courses durant ces 10 ans, des "Foulées" aux "Semi-Marathons".
Mon enthousiasme se trouvait là, comme un "défouloir", motivé par les bons résultats d'abord (en terme de "classements" dans ma catégorie), puis mes bons "chronos", ensuite, réussissant à faire notre semi-marathon (20 kms) local en 1 heure 20, lorsque j'avais 17 ans ! ...
-) Mes "années Lycée".
En 1986, je partis donc au Lycée, Professionnel ...
Mais, avant ça, le rôle de mon père, prédominant, fut clairement dans le choix de mon avenir. ... encore faut-il qu'il me laissât le choix ? ...
Pour bien comprendre la situation, ne faut-il pas, d'abord, parler de mon père ...
Il est né en mars 1939, donc quelques mois avant le début de la 2ème guerre.
Mon grand-père, né en 1912, a donc fait son service militaire en 1932, puis fut réincorporé en 39, laissant son fils seul avec sa mère.
Fait prisonnier, notre grand-père est parti en Allemagne, travailler dans une ferme familiale allemande.
Nous ne savons pas exactement quand il est libéré, en 1942 ou 43 mais toujours est-il que son fils grandit sans le connaître, jusqu'à prendre peur lorsque son père revint ...
Régulièrement lors de notre enfance, les anciens nous racontaient leurs histoires de la guerre, parmi lesquelles les circonstances du retour , "notre grand-mère se jetant dans ses bras, le fiston se demandant, ne le connaissant donc pas encore, << si mon père voyait ma mère se jeter dans les bras d'un inconnu ! >> ...
Sans doute très impressionné par notre grand-père, très Imposant tant physiquement que de caractère, le "fiston" a dû être très gêné toute sa jeunesse durant ! ... la seule allusion qui peut nous aiguiller à ce sujet fut ce qu'il dît à notre frère aîné, longtemps après : << comment je peux te faire confiance, je n'ai pas confiance en moi ?! >> ...
Durant son enfance, allant faire sa scolarité à l’âge de 6 ans, et la finissant à 14 ans avec le « Certificat d’Etudes », il aidait aussi ses parents à la ferme, « faisant [ses] devoirs en gardant les vaches », ainsi que chez les voisins du village, puis d’autres.
Partant faire son service militaire en 59, durant 28 mois, en Algérie lors des « évènements », il fut conducteur d’engins, passant de la mehari au poids-lourd, en passant par les voitures des officiers (Colonel et autres), donc relativement (par rapport aux autres appelés au conflit) épargné.
A son retour, il chercha du travail plus dans le service public et la finance : impôts, banques ou établissements financiers. Il choisit les PTT, alors « Poste, Télégrammes et Téléphone », qui devint « P et T » - Poste et Télécommunications, avant que les trois fonctions, du courrier, du téléphone et de la banque se séparent.
Lui, il finit sa carrière alors que c’est encore les P et T (en 1994), à ses 55 ans, ayant bien géré sa vie, entre son travail et sa famille, encore qu’il a fallu que la jeune femme, qui devint notre maman, avec qui il vivait lui dise « si tu veux qu’on se marie, d’abord tu dois avoir ton concours d’entrée des PTT ! … ».
Il commença bien sûr à Paris (comme dans toutes les fonctions et entreprises publiques, d’Etat et nationalisées), s’est marié en 1965, a eu ses 2 premiers enfants, puis à Vannes où il a eu son 3ème et, enfin, dans notre commune en 1970, où il m’a eu, en février ’71 …
De retour donc dans notre commune, où se trouve le centre de tri et de distribution, au nombre de 14 « tournées » desservant les communes environnantes, il fit la plus grande partie de son activité sur une commune en particulier où, bien sûr, ses allées et venues ne se sont pas arrêtées à son travail ! …
Cela dit, de par sa bonne gestion, il acquit une Confiance de ses usagers – clients à un niveau jamais égalé par les générations suivantes, malgré le fait que, dans ses petites communes, « tout le monde connait tout le monde », et donc faisant la réputation de leurs serviteurs, qu’il fut pendant, je crois, 22 ans ! …
De mon adolescence, j’ai toujours eu un très bon souvenir de mes vacances chez mon grand-père.
Mais l’agriculture n’était pas ce que j’aimais vraiment, plutôt la taille du bois pour les provisions d’hiver, pour la cheminée, voire les plantations et le jardinage, durant les saisons.
Chaque année, un arbre était choisi pour le couper … un prunier, un châtaigner, un chêne, etc.
Quelques fois, en tournée ou quand il voulait y aller, pendant mes vacances, mon père m’emmenait dans sa commune de travail, passant chez mon << copain >> menuisier, ou allant voir un match de foot.
Ainsi, lorsque la dernière année de collège arriva, je lui ai demandé si je pouvais « travailler dans le bois », ce à quoi il me répondit << non, il n’y a pas de débouché, ni centre de formation dans la région >> … sans doute qu’il exagérait, mais c’est vrai que la période n’était pas vraiment idéale, entre la menuiserie artisanale de nos anciens et le développement de la construction écologique qui n’avait pas encore commencé ! …
Cela dit, il restait le forestier et l’industriel, qui se portaient bien.
C’est ce qui m’amena à me faire à l’idée que mon père voulait, tout simplement, que je fasse de la comptabilité, comme mon 3ème frère, étant une orientation qui me servirait toute ma vie active, quelque soit mon parcours professionnel.
Je « suivis » donc mon frère dans la Comptabilité, lui étant plus du côté administratif, moi, déjà, plus vers la gestion, technique, tournée vers l’extérieur.
Mais c’étai aussi à cause d’une plus grosse désillusion, née dans ces années ’80, dans notre commune.
Elle a été, dans les années 70, la Capitale française de l’Agroalimentaire de volaille, grâce à nos plus anciens (les parents des notre) qui, après-guerre, ont continué à se Battre, mais pour toute autre chose : empêcher la disparition de l’abattoir de bovins, qu’un de nos 2 bouchers de la commune avait créée, pour le Marché aux Bœufs qui se tenait chez nous.
Ils se sont tellement Battus que le « groupe » alimentaire le plus important de notre secteur, le Groupe Guyomarc’h, qui s’est spécialisé pour l’occasion, a envoyé un de ses ingénieurs, Monsieur Jacques Hervieu, reprendre l’abattoir, ce qu’il fit en commençant par louer les locaux et les terrains à la commune ! … c’est en 1964 et, en 1967, il créa la marque de ses produits, en voyant notre vieux bouchers, typique des bouchers de l’époque, petit, trapu et grosse moustache, appelé dans la commune le « Père Mahé », qu’il nomma le « Père Dodu », dont les produits sont bien connu de tous les Français, partout en France, encore aujourd’hui ! …
Mais c’est aussi grâce à nos fermiers, puis agriculteurs ensuite, qui ont été obligé de changer leur activité, passant du bovin à la volaille ! … un changement radical que les derniers fermiers ont eu bien du mal à s’y faire ! …
Mon grand-père en faisait partie et, revenant de la guerre où il était prisonnier, en Allemagne, entrant chez lui, et résistant comme beaucoup en Bretagne, il fut élu municipal de la fin de la guerre jusque dans les années ’60, étant même 2ème adjoint du Maire lors de son dernier mandat, … de 1959 à 1965, donc dans cette période de reprise de l’abattoir, sur les terrains municipaux ! …
Et puis, en 1984, un gros tournant vit le jour, avec le décès de Jacques Hervieu, d’un malaise cardiaque ! …
Je me souviens avoir dit à ma famille << Jacques Hervieu est mort, c’est la Commune qui meurt ! … >>.
En effet, le principal employeur de la commune, de 2000 habitants, ayant connu jusqu’à plus de 600 employés, ce sont aussi de nombreuses retombées économiques qui se sont développées avec lui …
Avec le décès du patron, ce sont aussi de nombreuses entreprises et artisans, commerçants, qui en subirent les conséquences ! …
Parmi elles, une usine de fabrication de palettes, donc une menuiserie industrielle, sur qui j’avais de bons espoirs d’embauche, s’envola ….
Le départ des autres (une entreprise de transport, vendeur automobile, commerces) m’ont bien fait comprendre que notre avenir était fortement compromis, et même dans le bassin environnant, déjà très faible ! …
C’est à ce moment-là que j’ai sérieusement penser à partir de chez nous, même si un repreneur arriva, commençant à licencier dès son arrivée, puis sans du tout chercher à développer le site …
Au lycée professionnel, en comptabilité, l’organisation était faite de façon à ce que notre professeur principal était notre professeur de comptabilité bien sûr, mais aussi sur les 2 ans de nos BEP et CAP.
Étant donné que j’avais 2 ans d’écart avec mon frère, ce fut donc la même professeure principale, ce qu’elle n’a pas manqué de me rappeler ! …
Or, si ce fut le choix de mon frère ( ? …), ce n’est pas du tout le cas pour moi ! …
Dans tous les cas, ce fut ma formation initiale, comme me l’a dit mon père, << pour me former pour toutes les entreprises >>, ce qui a fait que mon « orientation » a été dans la « Compta-Gestion » (et donc une base sur l’Économique), plus que mon frère, en Compta Administrative. Et pour prendre un peu de distance, en complément de son choix ! …
Par contre, est-ce une volonté de la part de « notre » prof principale de ne pas me ménager ? …
Toujours est-il que j’ai continué à travailler selon mon ressenti et elle de me donner des notes justes en-dessous de la moyenne, aussi après avoir décidé … de me mettre en « retenue » (« en colle » disions-nous), quand je ne l’avais pas, donc quand elle me la donnait pas ! …
Résultat : 14 « colles » et le redoublement de la première année, ce qui me réjouissait, la quittant pour l’autre professeure, et avec plus d’aisance pour les deux nouvelles années ! …
Ma deuxième « première année » se passa très bien, bien en-dessus de la moyenne (12,5-13/20), ce qui renforça mes bases et me permit de passer en seconde année.
Ma deuxième année fut très intéressante, avec une moyenne de 12/20, mais qui fut perturbée par un problème médical, à cause d’une baignade dans un étang proche de chez nous, disons qui n’était pas très propre …
Ainsi, au mois de mai, donc juste avant les examens, je subis une opération, des hémorroïdes, après avoir fait des « examens blancs » du CAP et du BEP tantôt sur la fesse gauche, tantôt sur la fesse droite, mes « petits camarades » étant très sympas avec moi, par un petit mot gentil ou par un coup de main pour mes révisions ! …
Résultat : 11,68 de moyenne à l’examen du BEP (il fallait 12/20 pour l’avoir), sans doute mon « intermède médical » me fournissant une bonne excuse, avec ma moyenne de l’année, sensiblement identique, justifiant mon obtention du diplôme ! …
Jusque là, j’ai eu une vraie et bonne relation avec ma professeure principale, qui me faisait espérer une bonne poursuite de ma scolarité, normalement en « première d’adaptation » du Bac de comptabilité, dit Bac G2.
C’était sans compter sur la mentalité « Élitiste » de ce milieu, qu’incarne cette prof principale ! …
Oui, je peux le dire, j’ai été Vraiment déçu par son attitude ! …
Donc durant cette période de fin des deux années de BEP et CAP Comptabilité, nous choisissons l’orientation que nous voulons prendre, selon les hypothèses possibles, d’obtention ou non de nos diplômes, et de notre dossier.
Alors que mes deux années se sont vraiment très bien passées, sans problème d’ordre disciplinaire et avec un bon niveau scolaire, ce qui signifiait que, logiquement, je devais aller en lycée général, pour cette « Première d’Adaptation », que les élèves de notre filière professionnelle avaient pour reprendre la filière normale, la logique voulant que je sois admis à y entrer, je soumettais quand-même à ma professeure principale l’hypothèse de la non-admission en lycée général, en choisissant le Bac Professionnel pour alternative.
Et c’est à partir de ce moment-là que son rôle pris un nouveau sens, me disant (je cite) « non, le Bac Professionnel, ce n’est pas pour toi ! » …
Rassuré, me disant que, pour elle, je devais bien aller en lycée général et en « première d’adaptation », je partis en vacances, très confiant …
Et puis, vinrent, dans la première quinzaine de jours, les premières réponses de lycées généraux, qui répondirent, tous, la même chose : un Non unanime, ce qui m’embrouilla encore plus l’esprit, avant de découvrir, à la rentrée, le « poteau rose » : ma professeure principale, de qui j’avais encore le souvenir de ce qu’elle me disait pour le bac professionnel, qui « n’est pas pour [moi] », et une encore très haute estime, avait mentionné un « Avis Défavorable », signé de sa main, pour le Bac G2 ! …
En clair, elle me jetait en pâture, alors que je n’avais pas encore 19 ans ! …
Il ne m’a pas fallu très longtemps pour comprendre que c’était, en fait, l’accumulation de mon dossier scolaire, avec mon renvoi de 3 jours en 5ème (alors que, au collège, l’encadrement n’a pas fait son travail contre le harcèlement que je subissais ! …), et mes 14 « colles » de ma « première 1ère année » de BEP – CAP, avec l’autre professeure, qui me mettait la pression inutilement ! … Bref, l’Elitisme du système éducatif, dans toute sa « grandeur » ! …
Autant vous dire que cet été-là fut pour moi très perturbant, sans savoir où je pourrais aller, en septembre ! …
Seule « consolation », mon permis de conduire, dont je commençais les cours de code, puis de conduite …
Après avoir su la raison de mes refus, et tenté d’avoir un bac pro, qui me fut donc aussi refusé, ne me retrouvant sans quoique ce soit, c’est notre plus proche et plus ancien voisin qui me sortit de ce marasme.
Il était « économe », c’est-à-dire gérant des stocks d’un lycée professionnel, qui avait des chambres de pensionnat, lycée « expérimental », en horticulture et en Restauration.
Bien sûr, comme dans tous les lycées professionnels, des places sont disponibles à la rentrée. C’est ce qui fut le cas pour moi, dans la Restauration, pour un BEP et CAP aussi, qui nous faisait des cours de cuisine et de service, avec les autres cours, dont un que je connaissais très bien : la Comptabilité ! …
Etant trop tôt pour partir faire mon service militaire (Eh oui, encore obligatoire à cette époque ! …), ce fut sans hésiter que j’acceptais d’y aller, allant passer la semaine donc en pensionnat – ce qui fut mon premier départ de la maison familiale – et faisant le déplacement avec 2 camarades qui vivaient entre la maison et le lycée, soit avec maman, soit avec le voisin ! …
En fin de premier trimestre, pendant les vacances de fin d’année, je réussis, enfin – au bout d’un passage du code, mais surtout de la 3ème fois, la conduite – mon permis de conduire ! …
C’était le 28 décembre 1989, le jour de la Saint-Innocent, ce qui amena, quelques années plus tard, ma grand-mère maternelle à me dire « Eh ben la preuve que tu n’étais pas Innocent, ce jour-là ! … » π
Dans ce nouveau type de scolarité, liant les cours scolaires normaux, la comptabilité que je mettais entre, et les cours de « pratiques », donc de cuisine et de service, je m’y suis bien plu, même si, en cuisine, disons que ce n’était pas vraiment ma matière préférée ! … π
Ne dépassant pas la moyenne de 5 / 20 en cuisine, un peu mieux en service mais pas non-plus vraiment formidable, de l’ordre de 8 / 20, ce furent les autres matières qui me permettaient d’envisager une deuxième année ! …
C’est alors qu’un voyage de fin d’année fut organisé, passant par la Champagne et pour l’Alsace, où nous visitions les caves vinicoles …
C’est une discussion sur les saveurs des vins alsaciens, que j’ai eu avec un caviste, que mon professeur de service me dit « je sais vers quoi je vais t’orienter : la Sommellerie ! … »
Sans que je m’en rende compte, ce qu’il m’a dit ce jour-là fut le plus déterminant de tout ce qui fut, et tout ce qui est mon orientation, de Vie ! …
Tout ce qui a constitué mon parcours, passé, sur le moment et ensuite, y compris aujourd’hui, se retrouve dans ce domaine ! … même ce que je ne voyais pas encore à l’époque (le bois, la roche, etc.), et beaucoup plus encore, était dans ce milieu de la Viticulture ! …
Et puis, un nouvel évènement arriva : l’opération subit l’année précédente ne fut pas suffisante, malgré ce que m’avait dit mon chirurgien, par un langage fleuri qui me mis dans le doute : « votre cul n’est plus bordé de nouille » ! …
Ma mère ayant choisi, pour cette opération, la clinique où j’étais né, alors qu’il y avait un grand hôpital dans la même ville, cette fois-ci j’ai demandé à notre médecin de famille à être opéré par un Vrai spécialiste, dans un vrai hôpital ! … il m’envoya voir un « urologue », à Nantes, où je fus vraiment et Sérieusement soigné, mais m’obligeant à prendre une lourde décision …
En effet, alors que, pour être admis en seconde année de ce BEP et CAP Restauration, il nous fallait faire un stage d’été, celui-ci s’avérant trop proche de ma sortie d’hôpital et ma deuxième opération des hémorroïdes en 1 an, je n’ai pas pu le finir ! …
Aussitôt, je dis à mon père « je ne peux plus continuer, j’arrête. Je casse mon sursit, je devance l’appel et je pars faire mon service militaire. Après, je compte reprendre la Comptabilité, pour le Bac Pro » …
Je passais donc l’été, puis le mois de septembre à la maison, avant mon incorporation, en octobre 1990, à l’Ecole des Fusiliers Marins, à l’Arsenal de Lorient.
Le Service Militaire
Mon incorporation, ou « conscription », fut donc dans les Fusiliers Marins.
Attention, ne dites pas Fusillés, nous, nous étions de l’autre côté du Fusil ! … πππ€£
Dans un premier temps, pendant 2 mois, je suis allé avec les autres de mon contingent à l'École des Fusiliers Marins, à Lorient.
Là, cours théorique (en classe), et « pratiques », sur le « terrain » …
Bien sûr, en arrivant, on prend nos affaires, notre « pactage », on va dans nos chambres et on va « au rassemblement ».
Discours du Colonel : « Nous n’avons pas demandé à être ensemble, alors pour que tout se passe bien, il s’agit de bien s’entendre ! … »
Cette citation, je m’en suis souvenu durant des Décennies, beaucoup moins aujourd’hui ! …
À l’école donc, c’est ce qu’on appelle « les classes ».
Pour être sérieux, je ne me souviens plus vraiment de quoi étaient composés ces 2 mois, mis à part celui du théorique sur l’armée : les grades, les armes, le tir … la seule chose que je me souviens à peu près bien, c’est le cours sur « la Ligne de Mire », prononcé par un instructeur asiatique qui n’avait pas moins l’accent asiatique en le disant … rien que de m’en rappeler, j’en suis encore plié en 4 ! … π€£π€£π€£πππ
Et puis il y avait le terrain.
En fait, footing, un semblant de « parcours du combattant », qui n’en était pas vraiment un …
Les choses sérieuses commencèrent à la fin.
Après les résultats, l’encadrement nous a dit ce qu’ils nous ont donné en termes d’affectation, d’après le « désidérata » que nous avions fait auparavant.
Alors que j’avais choisi Cherbourg en 4ème position, l’instructeur m’a demandé « qu’avez-vous choisi ? » …
Ne m’en souvenant plus très bien (en fait, je ne voulais pas choisir, complètement indifférent du lieu), je lui dis « je ne sais plus » ! …
Les autres me regardant, il me dit, après les premiers choix que j’ai faits « vous avez choisi Cherbourg en 4ème position ». Vous devez y être lundi matin.
Pour y aller, en train bien sûr, je me souviens encore de la petite gare que j’avais « en correspondance », de Rennes à Cherbourg, du nom de la petite commune de Lison, où nous attendions notre autre train pendant … 1 h 30 ! …
Après avoir pris connaissance de la caserne, et les premier footings – dont je me souviens d’un, en décembre, à 8 h du matin, en short et tee-shirt, par – 5 ° - très « vivifiants », ce fut les premières séances de tirs sur cibles en carton, les premières patrouilles sur les « bastions » de l’Arsenal, sans oublier les « marches », de 8 ou de 12 kms sur le papier, mais qui en faisaient généralement 1 ou 2 de plus, en treillis, rangers, fusil semi-automatique et sac à dos ! …
Pour une « marche », c’était plus une course de fond qu’autre chose ! … heureusement pour moi, alors que je faisais de la course à pied avant mon incorporation, sur tous les terrains, je me fis remarquer par le Chef d’Esquade ! …
Mais, très vite, les « obligations » militaires prirent le dessus, rattrapés par les évènements internationaux, en l’occurrence la Guerre du Golfe, je m’en souviens, le 15 janvier 1991.
Aussitôt, nous sommes passés en Vigipirate Renforcée, avec balles réelles (nous ne tirions, alors jusque-là, que durant les exercices, et « à blanc »), avec renfort de patrouilles (plus que d’habitude), de jours comme de nuit ! …
Pour ça aussi heureusement, le conflit ne dura pas très longtemps, et c’est lorsque notre équipe était en « poste extérieur », près du Havre, qu’il se termina …
Enfin, j’ai pu montrer à mes équipiers mes talents de cuisinier ( ! … π) en leur faisant des crêpes, mais sans le Grand Marnier … le Second Maître qui nous dirigeait n’aurait pas beaucoup apprécier ! … π π
A notre retour à la caserne de Cherbourg, ce fut le Meilleur qui arriva : après avoir repris les séances de tirs, que j’adorais, en souvenir du grand-père tireur et grenadier d’élite (« tireur des lit’ de rouge », qu’il nous disait), au fusil semi-automatique, au pistolet automatique et au pistolet mitrailleur, apprenant pour ce dernier à tirer 3 balles par décharges, ce fut la saison des courses sur route qui commença, mon Chef d’Esquade me demandant de faire partie de l’équipe d’athlétisme de la caserne, ce que je n’ai pas hésité à accepter ! … bien au contraire, je fus dingue de joie et de bonheur d’en faire partie ! … π
Voilà comment se déroula mon Service Militaire, vous le comprenez bien très riche et gratifiant pour moi, pour la Vie ! …
A la fin, alors que je préparais mon retour dans la vie civile par ce que j’avais dit à mon père, en reprenant la Comptabilité en Bac Professionnel, le centre de formation que j’avais contacté (par le biais du centre d’information et d’orientation), à Lorient, me demanda d’abord de passer des tests d’aptitude.
M’y rendant, je fus surpris par mes résultats, ce qui ne fut pas seulement mon cas, mes examinateurs aussi, ces derniers m’expliquant que j’ai tellement été à l’aise qu’ils me les ont soumis au barème des BTS, les questions étant les mêmes …
Je fus donc accepté, pouvant l’être même en BTS, arrivant 7ème sur 15 dans leur effectif ! …
C’est vraiment à ce moment-là que j’ai commencé à me poser des questions, Sérieusement, sur le système « Elitiste » de l’Education National, celui du centre de formation incluant des tests psychologiques …
Cela ne ferait certainement pas de mal à certain(e)s enseignant(e)s du public, mon collège et mes lycées professionnels compris ! … mais, tellement imbus d’eux-mêmes, ne remettraient-ils pas en cause ce type de centres de formation, et de ces tests ? … cela ne me surprendrait Certainement pas ! …
Lorsque j’étais en BEP, mon frère de 2 ans de plus, qui a été le seul de la famille à avoir son Bac, m’avait dit « je ne m’inquiète pas pour toi, tu es plus capable que moi » ! …
Quelques années plus tard, plusieurs autres preuves de mes capacités, plus élevées qu’au niveau où j’étais, me le confirmèrent. Vous les découvrirez, au fur et à mesure, dans les prochaines pages …
Les tests passés, j’avais un autre travail à faire : trouver un employeur pour faire ma formation professionnelle en entreprise, en « Contrat de Qualification », en alternance avec ma formation de Bac Pro, au centre.
Pour cela, mes équipiers de la caserne m’ont beaucoup aidé à mettre sous enveloppes plus d’une centaine de lettres de candidature ! … et je les remercie ! …
Ce genre d’exercices n’étant pas facile, les entreprises ne me connaissant pas qui plus est, je n’ai eu que des réponses, lorsque j’en avais, négatives ! … aussi, le centre de formation ayant vu les efforts que je faisais, m’a bien aidé aussi, contactant aussi de leur côté des entreprises de la région lorientaise, ce qui m’a permis d’avoir un entretien dans l’une d’entre elle, peu après ma libération, et qui fut un succès ! … enfin, j’avais un employeur, je pouvais donc commencer ma formation au centre ! …
Auparavant, bien sûr avant que finisse mon année de service militaire, nous étions convoqués dans le bureau du « Pacha », le Commandant de la caserne, entretien bien sûr voué à nous inciter à nous engager.
S’il était possible que je sois d’accord pour continuer si je n’avais pas d’autre chose de prévu, ses arguments de faire partie de l’équipe d’athlétisme ou d’avoir la possibilité de faire de la comptabilité dans le milieu militaire, ne pesèrent pas dans mon choix de retourner dans le civil, qui plus est sans laisser tomber le centre de formation, qui me permettait de la poursuivre ! …
Je tenu ainsi psychologiquement devant le Commandant, lui expliquant que je garderai un très bon souvenir de mon obligation militaire, ce qui lui fit comprendre que mon choix était fait depuis longtemps ! …
De retour donc, je partis à Lorient, où j’ai aussi trouvé de quoi me loger, dans un foyer de jeunes travailleurs, … juste à côté de l’Arsenal où j’ai fait mes classes de l’armée, ce qui me permis, en plus, de ne pas être « défamiliarisé » de la ville.
Au retour de cet entretien d’embauche, avec mon père, il me dit alors « c’est bien, tu as réussi », étant donné que j’ai fait ce que je lui avais dit, en quittant la restauration ! …
C’est une nouvelle aventure qui commença alors, avec cette fois-ci, une Vraie indépendance et une entrée dans la Vie Active, certes progressive mais réelle, donc avec ma première ligne de travail sur mon Curriculum Vitae ! …
Le mois était organisé de façon très simple, fait de 3 semaines au travail, et 1 semaine en formation.
Mais ma formation a commencé en octobre 1991, alors que mon contrat de travail débutait le 12 novembre.
Donc, en attendant le début de mon contrat, je pris quand-même ma chambre au foyer de jeunes travailleurs, et rentrais le week-end en famille. C’est quand j’ai eu mon premier salaire que j’ai commencé à prendre mon indépendance, tout en retournant chez les parents le week-end.
Je conduisais la 4L que les parents nous ont achetée, après avoir obtenu notre permis. Etant le dernier de la famille, j’ai donc pu la garder pendant mes 2 ans de contrat et de Bac Pro.
Au travail, en raison de ce que le patron m’avait dit lors de notre entretien d’embauche, et parce que j’avais aussi commencé à travailler l’été lorsque j’avais 17 et 18 ans, je compris l’ampleur de ma tâche.
En effet, dès ma première embauche de ma vie active, il me dit « je vous prends pour être mon second, étant donné que vous préparez le diplôme le plus élevé des employés de l’entreprise » ! …
Je fis donc la comptabilité, au crayon à papier sur les livres comptables, la gestion des stocks, la vente aux magasins, la préparation des obsèques, selon le type : nettoyage du corbillard et mise en place du matériel dedans, montages des élément décoratifs des cercueils (capitonnage, fixation de la plaque et (éventuellement) de la croix, creusement des trous pour la visserie de fermeture), la mise en place et le portage des obsèques dans les lieux de cérémonies (églises, centres funéraires, crématoriums, cimetières) …
Pendant 2 ans, une centaine d’obsèques, y compris les samedis (très souvent), sur 3 semaines dans le mois, madame étant la patronne, son mari (mais avec qui nous étions la plupart du temps) étant fossoyeur de la municipalité, que nous accompagnions au cimetière pour la manutention de préparation de la sépulture (les caveaux presque uniquement), qu’il préparait. Mis à part son « humour noir », propre au milieu funéraire et de fossoyeur, ce furent 2 ans « d’expériences » pour le moins atypiques.
Cela finit par un « rapport de stage » fait avec le peu de moyens que j’avais, à savoir un ordinateur au travail qui m’obligea à le faire au centre de formation, alors que le coefficient à l’examen était de 7 ! …
J’ai réussi à avoir quand-même un 8 sur 20 de moyenne générale à l’examen (en candidat libre ! …), et un « Certificat Professionnel », avec donc les 2 ans de comptabilité – gestion en entreprise sur le CV, les premières lignes d’expériences professionnelles de toute ma vie active …
Mais cela signifia aussi que ma scolarité se terminait là, dans des années ’90 où le chômage était au plus haut, à Lorient 18%, obligeant les entreprises d’intérims, où je me suis inscrit, à prendre que des demandeurs d’emploi de plus de 6 mois, me demandant si je ne devais pas quitter la ville ! …
Pendant ce temps, mon père m’ayant traité de « feignant », je lui ai dit « ah bon ? … alors je ne serai plus à Lorient la semaine prochaine ! » …
C’est alors que je pris mes affaires, les envoya de Lorient à Rennes par SERNAM, et quittant Lorient en 4 jours, pour une auberge de jeunesse, acceptant ma palette de déménagement, qui m’attendait, et mon hébergement 3 semaines, en attendant de trouver un logement ! …
A Rennes, ce fut différent, ce qui était encore l’ANPE m’a inscrit à des ateliers de recherches d’emploi, où j’ai pu faire un premier point de ma situation et, en même temps, répondant à des annonces de contrats en CDD, que je fis et qui maintenaient mon niveau d’allocation chômage, mais pas plus ! …
Ainsi, me suis-je dit « si je ne trouve pas un emploi stable ici, s’en est fini de Rennes, … et de la Bretagne » ! …
Et puis, enfin, une bonne nouvelle ! … nous sommes en 1995, le nouveau Président élu est Jacques Chirac qui, avec son Premier Ministre, Alain Juppé, crée un nouveau type de contrat : le Contrat Initiative Emploi (C. I. E.).
Un supermarché « Timy », recherche un « Employé Libre-Service », en contrat CIE, par une période d’essai de 3 mois, pour un contrat de 2 ans, conformément à ce projet de loi.
Le patron, un ancien sportif de haut-niveau, fut un super patron, ayant la faculté de mettre dans de très bonnes conditions le futur employé que je pouvais être pour lui, même après les 2 ans, en CDI …
J’avais, pour commencer, la plus ancienne employée du supermarché pour cheffe, qui m’expliquait comment elle fonctionnait et que ça marchait, en équipe.
De mon côté, j’étais chargé des « liquides », et j’allais, à 4 heure du matin, avec le fourgon de l’entreprise, chercher les fruits et légumes frais, pour les étalages.
Un travail très intéressant, et qui m’enthousiasmait, d’autant plus avec une vue sur le Long Terme ! …
Sauf que ce n’était pas du goût de la patronne ! …
Une première alerte me surpris : un mois après mon arrivée, le couple patronal nous quitta pour des vacances ! … de 2 mois ! …
Continuant mon travail, sans avoir de signal d’alerte, donc pensant que je « faisais l’affaire », surtout avec ma cheffe qui était comme d’habitude, sans me faire de reproche, le retour de la patronne, soi-disant d’une famille riche, fut pour le moins étonnant : elle me « pris en grippe » dès son arrivée ! …
La fin de mes 3 mois arrivant, lorsque je suis venu dans son bureau prendre mon chèque de salaire, elle me sorti (c’est vraiment le terme ! …) « il vous faudra vous préparer à partir » ! … comme si elle me faisait comprendre que c’était à moi de quitter le travail ! …
Mon sang ne fit qu’un tour ! …
Apparemment, si j’en crois ce que m’a dit ma mère plus tard, le supermarché a fermé suite à mon départ ! … même si, aujourd’hui, il existe bien encore une « grande (ou moyenne) surface », sans doute que la direction a changé …
Toujours est-il que ce fut le moment de mon départ, le 9 octobre 1995. Sachant très bien que le chèque devait être encaissé seulement 3 jours après, je suis parti sans beaucoup de moyen, en fait juste de quoi partir en train jusqu’à un prochaine gare, qui fut celle de Laval ! …
Car oui, ce fut bien un « ras-le-bol », voire même un léger « pétage de plomb », qui m’amena avec le vélo que mon propriétaire me prêtait, jusqu’à la gare, avec juste un sac en plastique contenant un teeshirt pour seul change, en direction d’une destination encore inconnue, même si … elle voulait que je parte ? Je suis parti, à la plus grande surprise de tout le monde et, j’espère, encore aujourd’hui, en faisant regretter cette patronne de ce qui fut son attitude, à ce moment-là, pour Toujours ! … oui, je peux le dire, je la Déteste, et ça sera le cas tout le restant de ma vie ! …
Je suis donc parti, avec quasiment Rien, comme si je devais tout reprendre à zéro toute ma vie, depuis le vrai premier changement que fut pour moi le collège ! …
C’est dans tous les cas comme ça que je pris ma décision, après mon arrivée à Laval, avec le premier problème que je ressentais en moi : les difficultés de m’exprimer avec les autres, au quotidien, que le Sud de la France pouvait me permettre de résorber, les habitants ayant l’habitude de parler avec tout le monde.
Je suis donc parti vers le sud, de Laval d’abord à Angers, pour y passer la nuit, puis pour voir comment se présentait les structures organisées pour un public comme moi, pour les « sans domicile fixe » et donc, déjà, pour la réinsertion … mais ne pensant pas être en mesure de la faire, ayant « beaucoup de chemin à faire avant » ! …
Aussi, en arrivant à Angers, je vis un ancien faire le balayage des feuilles devant chez lui, logique en ce début octobre. Voulant me trouver une occupation et lui donner mon aide, je lui proposai de faire son nettoyage, en échange d’un petit billet ou d’un casse-croûte … ce qu’il accepta, revenant avec un billet de 20 francs … et un casse-croûte ! … π
C’est ce qui m’a permis de prendre conscience de la situation dans laquelle j’étais. Aussi, ai-je eu besoin de prendre, avec le peu de monnaie qui me restait, une bouteille d’alcool très fort, la plus forte possible ! …
Ce fut une bouteille de Jack Daniels, que je « sifflai » d’une seule traite, me mettant dans une telle « murge », que j’ai commencé à tout sortir de mes poches et pochette …
C’est comme ça que, voyant ma carte d’identité en fin de validité, je me suis dit que je ne suis plus dans le système, cette fois-ci, je peux tout recommencer à zéro, en me débarrassant de mes vieilles affaires, de mon vieux passé … Je déchirai ma carte d’identité et ma carte de sécurité sociale, en vociférant dans la rue « je ne suis plus Français » ! … comme si c’était ce que j’étais : un Apatride ? … un humain, un voyageur du Monde, tout simplement ! …
Oui bien sûr, je délirais dans cet état alcoolique, jusqu’à l’arrivée d’une patrouille de police, qui m’emmena en « dégrisement », pour « Ivresse Publique et Manifeste » ! …
Le lendemain, je leur dis « je vais voir s’il y a un foyer pour sdf, sur Angers, dès ce matin », ce qui les amena à me sortir de ma cellule, à me libérer ! …
C’est vraiment à ce moment-là que le mot « Liberté » prit tout son sens dans mon quotidien, pas seulement vis-à-vis de la police, mais aussi y compris par rapport à toute ma vie en Bretagne ! …
Ayant trouvé un foyer, dans la matinée évidemment du fait de la grandeur de la ville, j’y suis resté passer la nuit et, suite à une discussion avec un encadrant et un autre sdf, je suis allé sur un marché le matin, pour faire le montage des étalages pour me faire un peu d’argent de poche.
Mais c’est comme ça aussi que j’ai rencontré un patron, qui m’a proposé de venir travailler dans son entrepôt, qui était en fait une usine ! …
Chargé de faire la découpe de tranches de saumon, que je hachais plus que d’en faire des tranches, à une cadence d’autant plus très rapide, je dis stop, repartant vers le sud ! …
Et ma route continua, en auto-stop comme de Laval à Angers, en direction de Toulouse, en passant par Limoges mais, la ville n’ayant pas de foyer sdf, selon un compagnon de route, nous avons poursuivi notre chemin …
C’est là que j’ai côtoyé pour les premières fois, les autres « galériens », après avoir passé une partie de nuit dans un sous-terrain parking d’hypermarché, délogé à 2 heures du matin par un agent de sécurité, ce qui nous obligea à repartir sur la route, puis en squattant une pièce d’appartement dans un immeuble en construction, sans chauffage bien évidemment.
Et c’est là que je fis le premier geste de « routard » que je devenais.
Etant dans un état d’esprit qui me disait de prendre mon temps pour me refaire psychologiquement, je n’avais plus besoin de ma montre … par contre, étant continuellement sur les routes, j’avais besoin d’une couverture.
Un gars du groupe que rejoignait mon compagnon de route, qui se levait très tôt, avait besoin d’une montre, … et avait une deuxième « doudoune » comme il disait, qui ne lui servait pas ! … l’échange se fit comme ça, ne portant plus, pour ma part Jamais de montre, depuis ce jour-là ! … oui, ce jour-là, ce geste me marqua, à Vie ! …
Et puis je suis reparti cette fois-ci, voulant continuer mon chemin, seul.
La route continuait, cette fois-ci en direction de Béziers et de Montpellier, me disant que ce secteur ne pouvait être que le dernier dans le sud ! … et donc avant de repartir en direction du nord, et le départ pour une nouvelle vie ! …
C’est bien là, en effet, que ma vie changea, du tout au tout ! … ne me voyant pas partir de Toulouse en direction de Montpellier, en s’arrêtant seulement à Béziers, je pris directement l’autoroute (toujours en stop) de la capitale de l’Hérault.
Là, j’avais vraiment l’intention de refaire mon « pactage », comme celui de l’armée, avec tout ce dont j’avais besoin.
Pour cela, un foyer de sans abris me proposa d’aller dans un magasin pour changer mon blouson, prendre un nouveau sac à dos, d’autres vêtements … ce que je fis.
Et puis ce que jamais m’arriva auparavant m’arriva, dans ce magasin, et bien sûr dans le vestiaire, déposant mon blouson sur un banc pour essayer un nouveau, on me prit mon portefeuille, plein de tout ce qui me restait, en particulier, une de mes Fierté, avec le diplôme de BEP Compta que j’ai réussi à avoir : mon Permis de Conduire ! … mais, plus que ça encore, alors que je n’avais plus ma carte d’identité, jamais je n’avais osé déchirer mon Permis ! … alors, me le voir Volé, ça me mis Vraiment devant mes Responsabilités ! …
Le signalant à l’encadrement du magasin, je leur ai expliqué que je devais déposer plainte, pour que je puisse faire mon chemin de Réinsertion. Là, un responsable me dit « vous avez raison, déposez plainte, de notre côté nous avons des soupçons sur un de nos visiteurs » ! … alors je lui ai demandé de me dire qui était-ce, s’il était toujours là ! …
Voyant ma détermination, et heureusement d’avoir eu la chance qu’il fût toujours sur place, il me le montra du doigt ! …
Aussitôt je suis allé le voir, et lui dit « voilà, je viens te voir parce que je viens de me faire voler mon portefeuille, mon permis de conduire. Je ne sais pas qui l’a pris, mais des personnes m’ont parlé de toi. Je te le redis, je ne sais pas qui c’est, mais je dois porter plainte, donc « contre X », pour que puisse faire ma réinsertion. Je tenais à ce que tu le saches ! … »
Aussitôt, il me répondit « d’accord, très bien, mais je te le dis, ce n’est pas moi qui te l’ai volé, je ne m’embarrasse pas de ça ! … et je vais rechercher celui qui l’a fait ! … », d’un ton déterminé ! …
Je suis donc allé faire mon dépôt de plainte au commissariat, ayant du fait une nouvelle pièce d’identité, la déclaration de vol faisant fonction de « pièce d’identité » pendant 2 mois ! … cela me donna une nouvelle étape pour un nouveau départ, qui me donna une énergie pour « repartir » vers un nouvel horizon ! …
Un Horizon qui se traduis par un nouvel épisode pour le moins rocambolesque, au foyer d’hébergement, avec l’équipe de ce gars bien connu du magasin, dont un s’appelait Poirrier, qui essaya, à mon indifférence totale, de m’amadouer ! … ainsi, il essaya de me faire « cadeau » d’un sac de sport, tout neuf, me dit-il « pour faire ton voyage », ce à quoi je lui répondis « j’ai déjà un grand sac à dos, je te remercie » ! …
Aussitôt, flairant une entourloupe, je dis à qui voulu bien l’entendre, que je partais, « vers Aix-en-Provence », et partant dans la matinée-même, dans cette direction ! …
Et puis voilà comment, voyant sur l’autoroute les panneaux indiquant les directions, en arrivant vers le péage d’Orange, d’un côté vers Aix-en Provence et, de l’autre, « retrouvant le Nord », … Lyon ! …
Enfin, tout mon parcours, même avant mon départ de Bretagne, trouvait son sens, avec un souvenir très marquant, sans doute le plus de toute ma « première vie » : celui d’un train à Redon, qui avait un terminus … à Lyon-Perrache ! …
Cette « Bifurcation » fut celle de toute ma vie, celle qui me fascinait le plus, depuis Toujours : Enfin, j’allais connaître LYON ! …
Toujours en me déplaçant en auto-stop, je ne voulais pas que mon conducteur ait le moindre problème (normalement c’est illégal de prendre une personne à la rue), ce qui explique ce que je lui ai dit, que j’avais des copains qui m’attendaient à Perrache, seul nom que je connaissais donc de Lyon ! …
Et puisque c’était illégal, je me suis dit « eh bien, si « nul n’est censé ignorer la Loi », on va voir si ce Système Légal me sort de cette situation, de la Rue ! » … et je dois dire que ça n’a pas été aussi évident, que ceux-là même qui en sont « l’Elite », veulent bien le laisser penser ! …
Mais avant de décrire tout cela, tout d’abord, mon arrivée à Perrache fut pour le moins directe, mon conducteur m’y amenant en bas de l’escalateur (qui existait encore, et pour de nombreuses années aussi) au sud de la gare, au bout du Cours Charlemagne ! …
Traversant la gare, à la place Carnot, je vis là beaucoup de personnes sur les pelouses, alors que nous étions le 19 décembre ! … mais très vite je me suis rendu compte qu’en fait, il s’agissait du lieu, presque principal, de rassemblement des routards, sdf et autres « anars », avec ou sans chien ou, dans tous les cas, le premier que je vis à Lyon ! …
Là, un ancien, qui présentait bien, attira mon attention. Je vins vers lui et lui demandai « salut, sais-tu s’il y a un centre d’hébergement bien connu ici ? … », ce à quoi il me répondit « viens avec moi, j’y vais, justement ! » …
Et c’est comme ça que je suis reparti dans ma nouvelle vie ! …
De la gare, nous avons longé le quai du Rhône, en direction du centre-ville, jusqu’au premier pont, que nous avons pris. Là, sur le pont, alors que je parlais avec mon guide, j’ai aperçu les collines ! … je ne sais pas pourquoi, mais même si nous avons continué à discuter jusqu’au « foyer », j’ai tout de suite su que, dès le lendemain, j’allais y revenir ! … je le vois encore aujourd’hui, ce superbe relief qui surplombe la ville ! …
Passant entre les Universités, nous avons pris une petite rue à gauche, où le centre d’hébergement se trouvait, juste là ! … le « Foyer Notre-Dame des Sans-Abris » nous accueillait ! …
Il s’agit d’un « foyer-hébergement » ou, plus exactement, un « Centre d’Hébergement et d’Orientation », ou « C. H. O. », composé du bâtiment lui-même et, dans la cours, d’un « algéco », qui nous servait de salle de télévision, où nous avons attendu, de 17h et quelques, à 19 H, heure d’ouverture du foyer.
A 19H, la personne de l’accueil m’expliqua l’organisation : le premier soir nous pouvons déposer nos affaires dans une « consigne », prendre un repas et dormir dans un « box » collectif, après une soirée télé (dans l’algéco) si ça nous intéressait ! … et puis elle m’a donné une première « carte d’hébergement », de couleur verte, m’expliquant que, dès le lendemain matin, à 9 heures, j’allais avoir un rendez-vous avec une responsable d’hébergement, pour un premier entretien, où il me sera possible d’avoir une nouvelle carte, orange, pour une durée plus importante ! … là, je me suis dit, c’est une très grosse organisation, qui va m’emmener très loin, bien sûr dans ma réinsertion, mais pas loin de Lyon : à Lyon ! …
J’ai commencé par déposer mes affaires à la consigne, j’ai suivi les autres en direction de la cantine et nous avons mangé. Puis, on nous a montré notre chambre collective, où je suis resté, découvrant mon nouvel environnement et retraçant mon chemin, jusqu’à mon sommeil.
Le lendemain matin, j’ai eu cet entretien, où j’ai expliqué que je venais de Bretagne, que je n’avais plus ma carte d’identité et qu’on m’a volé mon permis de conduire, présentant à la responsable mon récépissé de dépôt de plainte, mais que je voulais me réinsérer, après avoir refait mes papiers. En clair, la continuité-même de ce que j’avais dit à Montpellier ! … Elle me dit « nous avons un Breton dans l’encadrement, il s’appelle Jean ! » … et, aussitôt, elle me remplit la carte d’hébergement orange, ce qui m’a amené une plaisanterie, lui disant « au moins ici, la carte orange est plus utile qu’à Paris », ce qui nous a apporté un gros éclat de rire ! … π
Ainsi, mon séjour s’est vraiment très bien passé, vraiment très à l’aise avec eux, ce qui m’enthousiasma comme Jamais ! …
J’ai donc commencé à refaire ma carte d’identité, à la mairie du 7ème arrondissement, là où se trouvait le foyer même si je n’avais pas encore d’adresse, seulement une sorte de « boîte postale » du foyer …
Pendant le temps nécessaire à la procédure de la mairie, je me suis lancé dans une « vente – colportage de presse » (la vente des journaux des sdf) du « La Rue », n’aimant pas beaucoup le réputé « Macadam » ! … le dépôt « La Rue » se trouvait rue Notre-Dame, dans le 6ème arrondissement, ce qui, avec le foyer « Notre-Dame des Sans Abris », m’interpella, me disant que c’est une ville très portée sur Notre-Dame ! … la suite me dira pourquoi mais, sur le moment, je ne pensais qu’à une seule chose : ma Réinsertion ! …
Et puis ce qui devait arriver arriva, lorsque la vente marche bien, multipliant les lieux de ventes, un contrôle de police est, au fil du temps, inévitable ! …
Pour moi, ce fut à l’entrée du Centre Commercial de la Part-Dieu, sur l’Esplanade de la tour du Crédit Lyonnais, à la sortie-même de la Porte de l’Esplanade, le 24 décembre 1995.
Présentant mes papiers et mon autorisation de « vendeur – colporteur de presse », délivrée par la préfecture, l’un des deux binômes me demanda « vous n’avez pas de papier ? … », ce à quoi je lui dis « si, c’est ma déclaration de vol de mon permis de conduire, valable deux mois, le temps que je refasse ma carte d’identité, que j’attends avec mon récépissé que vous avez ! » …
Il continua à « chercher la petite bête », me disant « c’est une déclaration sur l’honneur votre déclaration de vol du permis, vous m’avez l’air d’un Portugais ! » …
« Sans papier », « Portugais », tout ce qu’il me disait m’indiquait qu’il me prenait pour un expulsable ! … Enervé mais sans perdre mon sang-froid, je lui répondis « Ah bon, et qu’est-ce que vous faites de l’Honneur ? … Alors demandez l’Inspecteur Poirier à la Tour d’Auvergne, à Rennes, vous savez, l’Hôtel de Police de Rennes, et demandez-lui s’il n’a pas un Cousin en ce moment à la Rue ! » …
C’est alors que le second policier revint vers nous, me rendant mes papiers, disant à son binôme « c’est bon, on peut le laisser tranquille » ! …
Voilà, comment se passe un contrôle de police, le « public visé » étant bien sûr, plus que les autres, celui « qui n’est pas dans les clous », ce qui signifie que, pour moi, ce fut le seul contrôle que j’ai eu, durant les 5 mois, de l’hivers 95-96, plus exactement du 9 octobre au 4 mars, « à la rue » ! …
Les dates étant tellement significatives durant cette période, de par l’importance de ce qui m’arrivait, que je m’en souviens encore, 30 ans après ! …
En janvier, ma carte d’identité était faite, je pouvais alors passer à autre chose, en l’occurrence aller faire mes démarches pour avoir un emploi, ce qui m’a valu d’être sur la liste d’attente pour être accepté dans un autre type de foyer, toujours de « Notre-Dame des Sans Abris », qui s’appelle un « C. H. R. S. », ou Centre d’Hébergement et de Réadaptation (ou de Réinsertion) Sociale », pour moi plus une réadaptation, compte tenu du milieu d’où je venais … cela dit, c’était plus en attendant son ouverture que j’attendais, un encadrant m’ayant dit que des locaux étaient en travaux et, plus tard, que j’étais le premier sur la liste d’attente.
Autre raison importante, celle de mon âge ! … à 24 ans, alors que j’étais parti de mon travail, et donc démissionnaire, je n’avais aucune indemnité-chômage et, puisque je n’avais pas de « charge », de location par exemple, je n’avais le droit à rien, aucune indemnité ni, surtout, le « R. M. I. », auquel on a droit à seulement 25 ans ! … Ce qui fut donc le cas, fin février 1996.
A partir de là, tout alla très vite : le 4 mars j’entrais dans ce CHRS, ce qui me donnais ma première adresse à Lyon.
En parallèle, donc pour ma réinsertion, je suis allé, en janvier, me renseigner à la mairie, sur les structures d’emploi à Lyon (ANPE, Missions Locales, etc.). Là, l’accueil de l’Annexe de l’Hôtel de Ville m’orienta, à ma grande surprise, vers le 2ème étage du bâtiment ! … Y aurait-il une Mission Locale, une « antenne » de l’ANPE, dans les locaux de la mairie, dans une grande ville comme Lyon ? … bien sûr que non, prenant l’ascenseur, je vois des panneaux indiquant « Ressources Humaines », « Service Recrutement » ! … en fait, l’agent d’accueil m’envoyait vers un travail municipal …
Et ainsi, chaque semaine quasiment, alors que je n’avais toujours pas d’adresse à mettre sur mon CV, j’allais les voir, pour avoir des nouvelles, me renseigner sur les filières, les concours, jusqu’à ce jour où, « ça y est, j’ai ma première adresse ! » … là, l’agent d’accueil du service Recrutement me dit « je crois que la cheffe du service vous attend à son bureau ! … »
Premier RMI, Première adresse à Lyon, Premier emploi en mairie, quasiment le même jour du 4 mars ’96, dans tous les cas dès cette première semaine ! …
Ainsi, j’ai commencé un remplacement de 8 heures par semaine, pour la gardienne logée, du Théâtre de la Croix-Rousse, en repos le lundi, pendant 2 mois, puis un autre remplacement, en urgence, dans cette période …
Ce dernier fut pour moi, pour le moins surprenant, remplaçant un remplaçant ! … le gardien d’une petite « salle des fêtes », dite « de la Garenne », dans le 5ème arrondissement, était malade, ce qui a obligé le service à trouver un remplaçant … sauf que ce remplaçant « a un empêchement » pour un travail le samedi soir (! …), le signalant qui plus est le vendredi midi, laissant le service recrutement dans l’embarras, ne travaillant pas le samedi ! …
La cheffe du service me demanda alors « est-ce que ça ne vous dérange pas, un samedi soir ? … », ce qui me stupéfia ! ... Comment cela, un travail qui me dérangerait, parce que c’est un samedi soir ? … me disant cela, je lui ai répondu « non, non, pas de problème, je vous fais ce remplacement, ce samedi soir ! » …
Le lendemain, je suis donc parti faire ce travail de gardien d’une soirée, en fait un anniversaire de mariage d’un couple d’anciens, avec sa famille qui me remercia, finissant vers 1 heure du matin comme prévu, laissant les locaux nickels ! … Pour ma part, je suis resté jusqu’à 7 heures du matin, fermé les locaux et déposé les clés dans la boîte aux lettres de la mairie du 5ème, comme prévu …
Et puis ce furent les périodes de recrutement des contractuels de contrat « solidarité », à temps partiel (en mi-temps), prévus sur 6 mois renouvelable 1 fois, au Parc de la Tête d’Or.
La cheffe de service m’en informa, mais sur un laps de temps très court ! …
En effet, les recrutements se faisant pour 40 demandeurs d’emploi de l’ANPE, mais réduits à 15, elle m’apprit que j’étais un 16ème, exceptionnellement ! … en revanche, il fallait que je dépose mon CV en me présentant à l’entretien, dès le lendemain matin, à 9 heures ! …
Ne l’ayant pas modifié avec les remplacements que je faisais déjà à la mairie, je fonçai à la Mission Locale qui me connaissait, demandant un ordinateur … mais, parce que l’imprimante ne fonctionnait pas, j’ai dû y retourner le lendemain matin, donc juste avant l’entretien ! …
Le lendemain matin donc, la Mission Locale me dit que l’imprimante ne fonctionnait toujours pas ! … j’appela alors le secrétariat de la direction des Ressources Humaines, lui expliquant ma situation, qui me dit alors « envoyez-le moi par mail, je vous l’imprime ! » … la Mission Locale faisant le nécessaire entre-temps, je pris aussitôt le métro pour aller à l’entretien, récupérant mon nouveau CV et le donnant, aussitôt, au directeur, qui faisait les recrutements ! …
En pleine dynamique, ma motivation avec, mon entretien a été très rapide et vraiment efficace, au point que je fus pris dans les 3 recrutés, donc sur les 16 que nous étions, et même « hors effectif » que j’étais ! …
Début mai, j’ai donc commencé à travailler, au rythme de 20 heures par semaine, toujours mieux que 8 heures, et mettant un peu plus mon pied dans la grosse institution de la Ville de Lyon ! …
Au foyer, c’était différent qu’au « C. H. O. ». Ayant ma clé, je devais payer un loyer, sauf que, dans ce « C. H. R. S. », le loyer était basé sur les revenus que nous avions. Quand je faisais 8 heures par semaine, mon loyer était symbolique, et je touchais le RMI.
Et puis j’ai commencé mon « Contrat Emploi Solidarité », de 20 heures par semaine, donc avec un revenu plus important, l’arrêt du RMI et un loyer adapté, ce qui m’a permis de mettre un peu d’argent de côté, suffisant pour avoir un montant couvrant les 2 mois de cautions nécessaires pour avoir un appartement, et pour quitter les Foyers Notre-Dame des Sans-Abris ! …
Ce fut fait en novembre 1996, juste après que mon contrat de 6 mois fut renouvelé, ce qui fit que, dès mon arrivée à Lyon, mon parcours Logement – Travail fut intimement lié, surtout dans cette période, d’entrée à la Ville de Lyon ! …
Cette période fut marquée par 2 évènements, un personnel et un professionnel :
- Personnel d’abord, lorsque le fameux Poirrier pointa le bout de son nez, à la sortie-même de mon travail, au Parc de la Tête d’Or, me voyant rentrer au foyer … « salut Poirier, tu me reconnais, c’est Poirrier ! … » me dit-il … ce à quoi je lui répondis « eh oui, et comme tu vois, je suis en Réinsertion ! » … depuis ce jour-là, je ne l’ai plus jamais revu ! …
- Et puis professionnel, pour le « C. E. S. », toujours au parc, ayant besoin, demandé par mon chef, de mon permis de conduire, pour les patrouilles en voiture et, dans tous les cas, pour compléter la procédure administrative de mon recrutement dans ce contrat ! … Ainsi, je me suis rendu à la Préfecture Administrative, pour avoir un duplicata, me disant « là, je vais voir si le Système est bien fait ! … », sachant impeccablement mon numéro de permis, et avec mon récépissé de déclaration de vol, ainsi que ma carte d’identité récemment refaite.
Donnant tous mes documents et le souvenir de mon numéro de permis au complet, malgré la réelle gêne que je voyais sur le visage de la guichetière, elle constata que j’en étais bien le titulaire, et me tamponna le duplicata qu’elle me faisait, puis me le donna ! …
Ça y est, cette fois-ci, c’en était fini de toute ma procédure administrative de Réinsertion et, Enfin, le début et vrai Départ de ma Nouvelle Vie ! …
Tout ce parcours de réinsertion aboutit, très rapidement toujours, après mon emménagement dans mon premier appartement, à Villeurbanne, dans un studio en mansarde, en novembre ’96, lorsque le Théâtre de la Croix-Rousse, là où j’ai fait le remplacement des lundis de la gardienne logée, a fait une création de poste pour un gardien non-logé, sur lequel j’ai donc déposé ma candidature.
En effet, toujours en contact malgré mon départ pour le Parc de la Tête d’Or, le mari de la gardienne m’ayant appris la création du poste en allant le voir, mon foyer étant situé entre le parc et le théâtre, je me suis rendu, en 10 minutes, au service du Recrutement, juste en bas de la colline de la Croix-Rousse, à l’Annexe de l’Hôtel de Ville ! …
Là, l’agent d’accueil du service, apparemment dans l’équipe de recrutement pour le poste, m’a soutenu la candidature, m’a-t-on dit plus tard dans le service, malgré la présence d’un autre candidat qui aurait été plus « proche » (à l’ancienneté ? …) que moi du théâtre, selon toujours le mari, Gilles Risson, de la gardienne, Monique ! …
Tout allant tellement vite, en 11 mois embauché à la Ville de Lyon, alors que pour la plupart des « non-titulaires » il fallait 5 à 6 ans pour être « titularisé », je le sais et je le regretterai toute ma vie si je ne peux pas la revoir, ne prenant pas conscience de ce que l’agent d’accueil avait fait pour moi, avant qu’elle ne quitte, définitivement, le service des Recrutements, sans retourner la voir … Je vous le dis ici, je vous dois Tout ! … Je suis Vraiment Désolé, et Je vous dis Profondément Merci ! …
C’est à partir de ce moment-là que j’ai recommencé à Zéro toute ma vie, et pour Toujours ! …
Depuis cette « orientation » de l’agent d’accueil au rez-de-chaussée de l’Annexe, lorsque j’y suis allé pour la première fois, en direction du 2ème étage, et de ce service des recrutements, pour la toute première fois de toute ma vie alors, instinctivement je n’ai regardé que le bon côté des choses, en l’occurrence le service public que je connaissais de mon père fonctionnaire à la Poste, et du milieu municipal de mon grand-père élu conseiller puis adjoint, sans oublier mes 2 ans dans le funéraire, où j’ai côtoyé le service funéraire et un peu l’administratif municipal de Lorient ! …
C’est ce qui m’a amené à dire que j’étais ouvert à tout, et que le travail de gardien a été une évidence pour la cheffe du recrutement, les besoins se faisant sentir surtout dans ce domaine professionnel, et que j’ai toujours exercé jusqu’à présent, près de 30 ans après ! …
Mars ’96 – Février ’97, ces 11 mois qui ont changé toute ma vie ! … Enfin, j’entrais Vraiment dans la « Vie Active », dans ma Vie d’Adulte ! …
Si, bien évidemment, l'Adolescence commence lorsque l'on est au collège, entre 11 et 15 ans (si un "redoublement" n'est pas arrivé, ce qui n'a pas été utile pour moi, voir l'article précédent), il se caractérise bien dans le passage de l'Enfance à la Vie d'Adulte, de 10 à 25 ans …
Tel fut mon cas, donc dès l'époque de ma "CM2", puis de mon "passage" au collège, dès la 6ème, par une chose très simple : le premier "flirt", le premier "bisou sur la bouche" …
Lorsque je l'appris "à maman", elle m'a dit "L'Amour, ce n'est pas se regarder dans les yeux, c'est Regarder, Ensemble, dans la même Direction" ! ... Première "leçon de Vie" ... plutôt déroutant, quand on vis cela au quotidien, et que l'expression, que maman utilisait (je pensais alors qu'elle venait d'elle), vient d'un grand écrivain (je l'apprendrai plus tard) ! ...
Pourtant, j'ai toujours eu, jusqu’à aujourd'hui, une interprétation de l'Amoureux différente, à chaque fois que je l'étais et que je le suis, encore aujourd'hui ! ...
Comme je vous l'ai dit (dans mon précédent article), j'ai tout de suite eu l'attention portée sur l'attitude de mes frères, "l'aîné" ayant 5 ans de plus que moi … j'ai donc commencé à construire ma vie - lorsque la Lucidité et la Conscience des choses que nous partagions arriva - lors de mon arrivée au collège, lorsque mon frère aîné le quittait, même s'il n'était pas, lui non-plus, ainsi que le 2ème, dans le même collège que mon 3ème frère et moi (notre père l'expliquant par le fait qu'il n'avait plus la possibilité (financière) de nous envoyer (ses deux derniers) au collège privé (frais scolaires et déplacements), comme il nous a mis dans l'école primaire "catholique", qui était dans la commune … avec le recul, je me dis que, pour ça aussi, ce fut un manque de Repère, peut-être plus important que les autres, arrivé au collège, donc public, de la commune ! …
Ce manque de recul, bien "aidé" par un voisin (j'y reviendrai aussi plus tard), amena une autre chose très simple : je suis resté "gamin", pendant très longtemps ! ... c'est pour cela que, dans mon premier article, sur mon "enfance", les "années collège" apparaissent ...
Au point même que, aujourd'hui, à 50 ans donc, je commence seulement à prendre conscience des "responsabilités" que j'ai envers les autres, "prenant les miennes" depuis maintenant plusieurs décennies, ce qui explique d'ailleurs aussi ce premier blog, seulement maintenant ! ...
-) Les "Leçons" de mon Grand-Père.
Celui qui m'en a fait prendre conscience, c'est mon grand-père paternel, ... qui est, depuis, mon "Repère de Vie", bien avant même mon père ! ...
C'est un dimanche, grand-père et grand-mère étant à la maison pour déjeuner avec nous. Ce jour-là, maman venait de recevoir mon bulletin trimestriel, où, comme souvent, mes notes étaient très "moyennes" ... en commentaires de mes professeurs, il était souvent marqué que je "manquais de maturité".
Pensant que c'était la "tendance à l'Elitisme" de mes professeurs, vague allusion à leur volonté de me pousser à faire toujours plus, ma "moyenne" étant toujours assurée, je me disais que c'était normal ... sauf que, ce jour-là, Grand-Père était là ! ... A peine maman avait-elle fini de lire, à voix haute bien sûr, cette "mention" de mon professeur principal, que Grand-Père me lança << Feignant >> ! ...
Déjà, simplement sa présence me figeait (il était vraiment du type "Imposant le Respect" ! ...), mais avec cette prise de parole par cet unique Mot, en plus, "mon sang ne fit qu'un tour" comme on dit ! ...
Depuis, j'ai toujours eu cette crainte, qui se traduit par la peur de le décevoir ! ...
Parti lorsque j'avais 17 ans, il a eu l'occasion de me faire la leçon, directement (quelques autres indirectement), à 3 reprises. Celle-ci était la deuxième. Mais, et pour moi c'est cela le Plus Important, il n'était pas "Méchant", son Tempérament, seul, étant suffisamment efficace, sur son dernier petit-fils que j'étais ! ...
La première fois fut lorsque j'étais encore enfant, l'adolescence n'ayant pas encore commencé à faire son effet, et lors de nos vacances scolaires que nous passions chez lui, une semaine (chacun notre tour).
Pour votre compréhension, sa maison se trouve au lieu-dit "La Vallée", entre une rivière, un champs et, toujours en montant, après l'habitation et sa façade, une route traversant le lieu-dit et encore un relief montant.
Sur ce dernier relief juste de l'autre côté de la route, une maison qui faisait fonction aussi d'entrepôt, faisait face à sa maison.
Derrière cette maison, le toit était vraiment très proche du sol ... cela rendait très facile, pour nous, de la montée jusque sur le haut du toit ! ...
La curiosité me poussant à vouloir voir l'horizon depuis ce haut du toit, m'amena à sortir du haut de la charpente ma petite bouille ... je pouvais, Enfin, voir l'Horizon ! ...
Mais, malheureusement, mon bonheur ne fut pas très long à savourer, l'Horizon diminuant considérablement lorsque je vis mon grand-père montant, très décidé, dans ma direction, avec une "trique" à la main ! ...
Descendu (beaucoup) plus vite que j'étais monté sur le toit, je vins en direction de Grand-Père, faisant très attention à regarder de chaque côté de la route avant de traverser et, arrivé devant lui, mettant mes mains sur mes cuisses jusqu'aux genoux (j'étais en "culottes courtes" ! ...), ne disant rien et "accroupi", baissant la tête le plus possible et fermant les yeux ... j'ai eu, à ce moment-là, la plus grosse "trouille" de toute ma (petite) vie !!! ...
Mais, et c'est là, à ce moment-là, que j'ai eu ma première Vraie Leçon de Vie : mon Grand-Père ne me fit Rien ! ... Aussitôt, je suis rentré à la maison de Grand-Père, je m'assis sur le banc de la table ... pas un mot ne fut nécessaire, ni de Grand-Père, ni de Grand-Mère, ni de moi ... Je n'ai Jamais refait cette montée sur le toit, mon Souvenir étant, à Jamais, Encré en moi ! ...
Cette, "MA" Première "Leçon de Vie" fut donc que, lorsque nous sommes Enfant, adolescent et même adulte, ce que nous retenons, ce n'est pas ce que l'on nous dit, mais ce que l'on Fait ! ... Personne dans la famille ne m'en a parlé, seulement "les Faits, ont Parlé" ! ...
Pour cette deuxième Leçon, c'est le fait de ne pas être "fataliste", de ne pas rester sur le constat que je "manque de maturité", de la nécessité de devoir réagir pour ne pas "avoir la honte" du redoublement, mes capacités ne le nécessitant pas, qui devait dicter ma conduite, désormais ! ...
Cela dit, mon esprit rebelle d'adolescent commençant à faire effet, je me dis que le mot "feignant" n'était pas exact, et que, par conséquent, je n'avais pas à "forcer la nature", ayant tout simplement suffisamment de "l'Enseignement" de ce que mes frères m'apprenaient au quotidien, pour pouvoir filer directement du Collège au Lycée (Professionnel, voire Général) sans "difficulté" supplémentaire à devoir supporter, à devoir justifier ! ... mais, pas encore suffisamment conscient de mes "facultés", je n'avais pas l'enthousiasme nécessaire pour réussir, à avoir le niveau pour le Lycée Général ! ... c'est cela, pour moi aujourd'hui, mon principal regret, né donc de ce manque de "Recul" ! ...
Je partis donc du collège sans redoublement, de la 6ème à la 5ème, à la 4ème et à la 3ème et pour le Lycée, quoique "seulement" professionnel ! ... ce fut bien plus tard que j'ai eu l'explication du refus de la Seconde ... lorsque je suis arrivé, pour toujours, dans ma nouvelle vie.
Pendant ce temps, d'un côté, mon "idylle" restant toujours présent tout au long des "années collège" et, à travers celle-ci, la "vocation" d'aider mes camarades (une copine et deux copains) plus défavorisés que moi (elle était orpheline, et un copain lui aussi orphelin, tous les deux "placés" dans des "familles d'accueil", mon seul autre copain étant d'une famille d'agriculteurs, moins "aisée" que nous).
Mais aussi, d'un autre côté, une grosse difficulté, lié à un "nouveau", qui plus est, un proche voisin, nous "amenant" à faire le chemin de retour d'école au même moment ... ce fut, pour moi, LE Gros Problème du collège, celui qui m'empêcha ce "Recul" nécessaire à mon épanouissement, à l'acquisition de ma Maturité normale. Chacun pouvant le comprendre, aujourd'hui que le sujet est abordé, au niveau National : le Harcèlement scolaire, tant extérieur (voire même plus) qu'intérieur, ce que l'administration du collège aurait dû voir ...
Sujet sensible pour le moins, engendrant pur et simplement mon "échec scolaire", voire pire encore, l'horizon du Lycée "Général" anéanti, directement ! ...
Enfin, une chose me "permettait" de sortir de ce carcan, c'était le Sport et la Course à Pied, un sport "individuel" ... y étant vraiment intéressé, je me renseignais par tous les moyens : revues sportives, courses locales, coureurs de la région et des communes environnantes, ce qui me permettait de savoir comment progresser, préparer les prochaines compétitions, de 3 à 10 kms, 12, 15 puis 20 kms, jusqu'à 25 kms, mes plus "grosses" courses durant ces 10 ans, des "Foulées" aux "Semi-Marathons".
Mon enthousiasme se trouvait là, comme un "défouloir", motivé par les bons résultats d'abord (en terme de "classements" dans ma catégorie), puis mes bons "chronos", ensuite, réussissant à faire notre semi-marathon (20 kms) local en 1 heure 20, lorsque j'avais 17 ans ! ...
-) Mes "années Lycée".
En 1986, je partis donc au Lycée, Professionnel ...
Mais, avant ça, le rôle de mon père, prédominant, fut clairement dans le choix de mon avenir. ... encore faut-il qu'il me laissât le choix ? ...
Pour bien comprendre la situation, ne faut-il pas, d'abord, parler de mon père ...
Il est né en mars 1939, donc quelques mois avant le début de la 2ème guerre.
Mon grand-père, né en 1912, a donc fait son service militaire en 1932, puis fut réincorporé en 39, laissant son fils seul avec sa mère.
Fait prisonnier, notre grand-père est parti en Allemagne, travailler dans une ferme familiale allemande.
Nous ne savons pas exactement quand il est libéré, en 1942 ou 43 mais toujours est-il que son fils grandit sans le connaître, jusqu'à prendre peur lorsque son père revint ...
Régulièrement lors de notre enfance, les anciens nous racontaient leurs histoires de la guerre, parmi lesquelles les circonstances du retour , "notre grand-mère se jetant dans ses bras, le fiston se demandant, ne le connaissant donc pas encore, << si mon père voyait ma mère se jeter dans les bras d'un inconnu ! >> ...
Sans doute très impressionné par notre grand-père, très Imposant tant physiquement que de caractère, le "fiston" a dû être très gêné toute sa jeunesse durant ! ... la seule allusion qui peut nous aiguiller à ce sujet fut ce qu'il dît à notre frère aîné, longtemps après : << comment je peux te faire confiance, je n'ai pas confiance en moi ?! >> ...
Durant son enfance, allant faire sa scolarité à l’âge de 6 ans, et la finissant à 14 ans avec le « Certificat d’Etudes », il aidait aussi ses parents à la ferme, « faisant [ses] devoirs en gardant les vaches », ainsi que chez les voisins du village, puis d’autres.
Partant faire son service militaire en 59, durant 28 mois, en Algérie lors des « évènements », il fut conducteur d’engins, passant de la mehari au poids-lourd, en passant par les voitures des officiers (Colonel et autres), donc relativement (par rapport aux autres appelés au conflit) épargné.
A son retour, il chercha du travail plus dans le service public et la finance : impôts, banques ou établissements financiers. Il choisit les PTT, alors « Poste, Télégrammes et Téléphone », qui devint « P et T » - Poste et Télécommunications, avant que les trois fonctions, du courrier, du téléphone et de la banque se séparent.
Lui, il finit sa carrière alors que c’est encore les P et T (en 1994), à ses 55 ans, ayant bien géré sa vie, entre son travail et sa famille, encore qu’il a fallu que la jeune femme, qui devint notre maman, avec qui il vivait lui dise « si tu veux qu’on se marie, d’abord tu dois avoir ton concours d’entrée des PTT ! … ».
Il commença bien sûr à Paris (comme dans toutes les fonctions et entreprises publiques, d’Etat et nationalisées), s’est marié en 1965, a eu ses 2 premiers enfants, puis à Vannes où il a eu son 3ème et, enfin, dans notre commune en 1970, où il m’a eu, en février ’71 …
De retour donc dans notre commune, où se trouve le centre de tri et de distribution, au nombre de 14 « tournées » desservant les communes environnantes, il fit la plus grande partie de son activité sur une commune en particulier où, bien sûr, ses allées et venues ne se sont pas arrêtées à son travail ! …
Cela dit, de par sa bonne gestion, il acquit une Confiance de ses usagers – clients à un niveau jamais égalé par les générations suivantes, malgré le fait que, dans ses petites communes, « tout le monde connait tout le monde », et donc faisant la réputation de leurs serviteurs, qu’il fut pendant, je crois, 22 ans ! …
De mon adolescence, j’ai toujours eu un très bon souvenir de mes vacances chez mon grand-père.
Mais l’agriculture n’était pas ce que j’aimais vraiment, plutôt la taille du bois pour les provisions d’hiver, pour la cheminée, voire les plantations et le jardinage, durant les saisons.
Chaque année, un arbre était choisi pour le couper … un prunier, un châtaigner, un chêne, etc.
Quelques fois, en tournée ou quand il voulait y aller, pendant mes vacances, mon père m’emmenait dans sa commune de travail, passant chez mon << copain >> menuisier, ou allant voir un match de foot.
Ainsi, lorsque la dernière année de collège arriva, je lui ai demandé si je pouvais « travailler dans le bois », ce à quoi il me répondit << non, il n’y a pas de débouché, ni centre de formation dans la région >> … sans doute qu’il exagérait, mais c’est vrai que la période n’était pas vraiment idéale, entre la menuiserie artisanale de nos anciens et le développement de la construction écologique qui n’avait pas encore commencé ! …
Cela dit, il restait le forestier et l’industriel, qui se portaient bien.
C’est ce qui m’amena à me faire à l’idée que mon père voulait, tout simplement, que je fasse de la comptabilité, comme mon 3ème frère, étant une orientation qui me servirait toute ma vie active, quelque soit mon parcours professionnel.
Je « suivis » donc mon frère dans la Comptabilité, lui étant plus du côté administratif, moi, déjà, plus vers la gestion, technique, tournée vers l’extérieur.
Mais c’étai aussi à cause d’une plus grosse désillusion, née dans ces années ’80, dans notre commune.
Elle a été, dans les années 70, la Capitale française de l’Agroalimentaire de volaille, grâce à nos plus anciens (les parents des notre) qui, après-guerre, ont continué à se Battre, mais pour toute autre chose : empêcher la disparition de l’abattoir de bovins, qu’un de nos 2 bouchers de la commune avait créée, pour le Marché aux Bœufs qui se tenait chez nous.
Ils se sont tellement Battus que le « groupe » alimentaire le plus important de notre secteur, le Groupe Guyomarc’h, qui s’est spécialisé pour l’occasion, a envoyé un de ses ingénieurs, Monsieur Jacques Hervieu, reprendre l’abattoir, ce qu’il fit en commençant par louer les locaux et les terrains à la commune ! … c’est en 1964 et, en 1967, il créa la marque de ses produits, en voyant notre vieux bouchers, typique des bouchers de l’époque, petit, trapu et grosse moustache, appelé dans la commune le « Père Mahé », qu’il nomma le « Père Dodu », dont les produits sont bien connu de tous les Français, partout en France, encore aujourd’hui ! …
Mais c’est aussi grâce à nos fermiers, puis agriculteurs ensuite, qui ont été obligé de changer leur activité, passant du bovin à la volaille ! … un changement radical que les derniers fermiers ont eu bien du mal à s’y faire ! …
Mon grand-père en faisait partie et, revenant de la guerre où il était prisonnier, en Allemagne, entrant chez lui, et résistant comme beaucoup en Bretagne, il fut élu municipal de la fin de la guerre jusque dans les années ’60, étant même 2ème adjoint du Maire lors de son dernier mandat, … de 1959 à 1965, donc dans cette période de reprise de l’abattoir, sur les terrains municipaux ! …
Et puis, en 1984, un gros tournant vit le jour, avec le décès de Jacques Hervieu, d’un malaise cardiaque ! …
Je me souviens avoir dit à ma famille << Jacques Hervieu est mort, c’est la Commune qui meurt ! … >>.
En effet, le principal employeur de la commune, de 2000 habitants, ayant connu jusqu’à plus de 600 employés, ce sont aussi de nombreuses retombées économiques qui se sont développées avec lui …
Avec le décès du patron, ce sont aussi de nombreuses entreprises et artisans, commerçants, qui en subirent les conséquences ! …
Parmi elles, une usine de fabrication de palettes, donc une menuiserie industrielle, sur qui j’avais de bons espoirs d’embauche, s’envola ….
Le départ des autres (une entreprise de transport, vendeur automobile, commerces) m’ont bien fait comprendre que notre avenir était fortement compromis, et même dans le bassin environnant, déjà très faible ! …
C’est à ce moment-là que j’ai sérieusement penser à partir de chez nous, même si un repreneur arriva, commençant à licencier dès son arrivée, puis sans du tout chercher à développer le site …
Au lycée professionnel, en comptabilité, l’organisation était faite de façon à ce que notre professeur principal était notre professeur de comptabilité bien sûr, mais aussi sur les 2 ans de nos BEP et CAP.
Étant donné que j’avais 2 ans d’écart avec mon frère, ce fut donc la même professeure principale, ce qu’elle n’a pas manqué de me rappeler ! …
Or, si ce fut le choix de mon frère ( ? …), ce n’est pas du tout le cas pour moi ! …
Dans tous les cas, ce fut ma formation initiale, comme me l’a dit mon père, << pour me former pour toutes les entreprises >>, ce qui a fait que mon « orientation » a été dans la « Compta-Gestion » (et donc une base sur l’Économique), plus que mon frère, en Compta Administrative. Et pour prendre un peu de distance, en complément de son choix ! …
Par contre, est-ce une volonté de la part de « notre » prof principale de ne pas me ménager ? …
Toujours est-il que j’ai continué à travailler selon mon ressenti et elle de me donner des notes justes en-dessous de la moyenne, aussi après avoir décidé … de me mettre en « retenue » (« en colle » disions-nous), quand je ne l’avais pas, donc quand elle me la donnait pas ! …
Résultat : 14 « colles » et le redoublement de la première année, ce qui me réjouissait, la quittant pour l’autre professeure, et avec plus d’aisance pour les deux nouvelles années ! …
Ma deuxième « première année » se passa très bien, bien en-dessus de la moyenne (12,5-13/20), ce qui renforça mes bases et me permit de passer en seconde année.
Ma deuxième année fut très intéressante, avec une moyenne de 12/20, mais qui fut perturbée par un problème médical, à cause d’une baignade dans un étang proche de chez nous, disons qui n’était pas très propre …
Ainsi, au mois de mai, donc juste avant les examens, je subis une opération, des hémorroïdes, après avoir fait des « examens blancs » du CAP et du BEP tantôt sur la fesse gauche, tantôt sur la fesse droite, mes « petits camarades » étant très sympas avec moi, par un petit mot gentil ou par un coup de main pour mes révisions ! …
Résultat : 11,68 de moyenne à l’examen du BEP (il fallait 12/20 pour l’avoir), sans doute mon « intermède médical » me fournissant une bonne excuse, avec ma moyenne de l’année, sensiblement identique, justifiant mon obtention du diplôme ! …
Jusque là, j’ai eu une vraie et bonne relation avec ma professeure principale, qui me faisait espérer une bonne poursuite de ma scolarité, normalement en « première d’adaptation » du Bac de comptabilité, dit Bac G2.
C’était sans compter sur la mentalité « Élitiste » de ce milieu, qu’incarne cette prof principale ! …
Oui, je peux le dire, j’ai été Vraiment déçu par son attitude ! …
Donc durant cette période de fin des deux années de BEP et CAP Comptabilité, nous choisissons l’orientation que nous voulons prendre, selon les hypothèses possibles, d’obtention ou non de nos diplômes, et de notre dossier.
Alors que mes deux années se sont vraiment très bien passées, sans problème d’ordre disciplinaire et avec un bon niveau scolaire, ce qui signifiait que, logiquement, je devais aller en lycée général, pour cette « Première d’Adaptation », que les élèves de notre filière professionnelle avaient pour reprendre la filière normale, la logique voulant que je sois admis à y entrer, je soumettais quand-même à ma professeure principale l’hypothèse de la non-admission en lycée général, en choisissant le Bac Professionnel pour alternative.
Et c’est à partir de ce moment-là que son rôle pris un nouveau sens, me disant (je cite) « non, le Bac Professionnel, ce n’est pas pour toi ! » …
Rassuré, me disant que, pour elle, je devais bien aller en lycée général et en « première d’adaptation », je partis en vacances, très confiant …
Et puis, vinrent, dans la première quinzaine de jours, les premières réponses de lycées généraux, qui répondirent, tous, la même chose : un Non unanime, ce qui m’embrouilla encore plus l’esprit, avant de découvrir, à la rentrée, le « poteau rose » : ma professeure principale, de qui j’avais encore le souvenir de ce qu’elle me disait pour le bac professionnel, qui « n’est pas pour [moi] », et une encore très haute estime, avait mentionné un « Avis Défavorable », signé de sa main, pour le Bac G2 ! …
En clair, elle me jetait en pâture, alors que je n’avais pas encore 19 ans ! …
Il ne m’a pas fallu très longtemps pour comprendre que c’était, en fait, l’accumulation de mon dossier scolaire, avec mon renvoi de 3 jours en 5ème (alors que, au collège, l’encadrement n’a pas fait son travail contre le harcèlement que je subissais ! …), et mes 14 « colles » de ma « première 1ère année » de BEP – CAP, avec l’autre professeure, qui me mettait la pression inutilement ! … Bref, l’Elitisme du système éducatif, dans toute sa « grandeur » ! …
Autant vous dire que cet été-là fut pour moi très perturbant, sans savoir où je pourrais aller, en septembre ! …
Seule « consolation », mon permis de conduire, dont je commençais les cours de code, puis de conduite …
Après avoir su la raison de mes refus, et tenté d’avoir un bac pro, qui me fut donc aussi refusé, ne me retrouvant sans quoique ce soit, c’est notre plus proche et plus ancien voisin qui me sortit de ce marasme.
Il était « économe », c’est-à-dire gérant des stocks d’un lycée professionnel, qui avait des chambres de pensionnat, lycée « expérimental », en horticulture et en Restauration.
Bien sûr, comme dans tous les lycées professionnels, des places sont disponibles à la rentrée. C’est ce qui fut le cas pour moi, dans la Restauration, pour un BEP et CAP aussi, qui nous faisait des cours de cuisine et de service, avec les autres cours, dont un que je connaissais très bien : la Comptabilité ! …
Etant trop tôt pour partir faire mon service militaire (Eh oui, encore obligatoire à cette époque ! …), ce fut sans hésiter que j’acceptais d’y aller, allant passer la semaine donc en pensionnat – ce qui fut mon premier départ de la maison familiale – et faisant le déplacement avec 2 camarades qui vivaient entre la maison et le lycée, soit avec maman, soit avec le voisin ! …
En fin de premier trimestre, pendant les vacances de fin d’année, je réussis, enfin – au bout d’un passage du code, mais surtout de la 3ème fois, la conduite – mon permis de conduire ! …
C’était le 28 décembre 1989, le jour de la Saint-Innocent, ce qui amena, quelques années plus tard, ma grand-mère maternelle à me dire « Eh ben la preuve que tu n’étais pas Innocent, ce jour-là ! … » π
Dans ce nouveau type de scolarité, liant les cours scolaires normaux, la comptabilité que je mettais entre, et les cours de « pratiques », donc de cuisine et de service, je m’y suis bien plu, même si, en cuisine, disons que ce n’était pas vraiment ma matière préférée ! … π
Ne dépassant pas la moyenne de 5 / 20 en cuisine, un peu mieux en service mais pas non-plus vraiment formidable, de l’ordre de 8 / 20, ce furent les autres matières qui me permettaient d’envisager une deuxième année ! …
C’est alors qu’un voyage de fin d’année fut organisé, passant par la Champagne et pour l’Alsace, où nous visitions les caves vinicoles …
C’est une discussion sur les saveurs des vins alsaciens, que j’ai eu avec un caviste, que mon professeur de service me dit « je sais vers quoi je vais t’orienter : la Sommellerie ! … »
Sans que je m’en rende compte, ce qu’il m’a dit ce jour-là fut le plus déterminant de tout ce qui fut, et tout ce qui est mon orientation, de Vie ! …
Tout ce qui a constitué mon parcours, passé, sur le moment et ensuite, y compris aujourd’hui, se retrouve dans ce domaine ! … même ce que je ne voyais pas encore à l’époque (le bois, la roche, etc.), et beaucoup plus encore, était dans ce milieu de la Viticulture ! …
Et puis, un nouvel évènement arriva : l’opération subit l’année précédente ne fut pas suffisante, malgré ce que m’avait dit mon chirurgien, par un langage fleuri qui me mis dans le doute : « votre cul n’est plus bordé de nouille » ! …
Ma mère ayant choisi, pour cette opération, la clinique où j’étais né, alors qu’il y avait un grand hôpital dans la même ville, cette fois-ci j’ai demandé à notre médecin de famille à être opéré par un Vrai spécialiste, dans un vrai hôpital ! … il m’envoya voir un « urologue », à Nantes, où je fus vraiment et Sérieusement soigné, mais m’obligeant à prendre une lourde décision …
En effet, alors que, pour être admis en seconde année de ce BEP et CAP Restauration, il nous fallait faire un stage d’été, celui-ci s’avérant trop proche de ma sortie d’hôpital et ma deuxième opération des hémorroïdes en 1 an, je n’ai pas pu le finir ! …
Aussitôt, je dis à mon père « je ne peux plus continuer, j’arrête. Je casse mon sursit, je devance l’appel et je pars faire mon service militaire. Après, je compte reprendre la Comptabilité, pour le Bac Pro » …
Je passais donc l’été, puis le mois de septembre à la maison, avant mon incorporation, en octobre 1990, à l’Ecole des Fusiliers Marins, à l’Arsenal de Lorient.
Le Service Militaire
Mon incorporation, ou « conscription », fut donc dans les Fusiliers Marins.
Attention, ne dites pas Fusillés, nous, nous étions de l’autre côté du Fusil ! … πππ€£
Dans un premier temps, pendant 2 mois, je suis allé avec les autres de mon contingent à l'École des Fusiliers Marins, à Lorient.
Là, cours théorique (en classe), et « pratiques », sur le « terrain » …
Bien sûr, en arrivant, on prend nos affaires, notre « pactage », on va dans nos chambres et on va « au rassemblement ».
Discours du Colonel : « Nous n’avons pas demandé à être ensemble, alors pour que tout se passe bien, il s’agit de bien s’entendre ! … »
Cette citation, je m’en suis souvenu durant des Décennies, beaucoup moins aujourd’hui ! …
À l’école donc, c’est ce qu’on appelle « les classes ».
Pour être sérieux, je ne me souviens plus vraiment de quoi étaient composés ces 2 mois, mis à part celui du théorique sur l’armée : les grades, les armes, le tir … la seule chose que je me souviens à peu près bien, c’est le cours sur « la Ligne de Mire », prononcé par un instructeur asiatique qui n’avait pas moins l’accent asiatique en le disant … rien que de m’en rappeler, j’en suis encore plié en 4 ! … π€£π€£π€£πππ
Et puis il y avait le terrain.
En fait, footing, un semblant de « parcours du combattant », qui n’en était pas vraiment un …
Les choses sérieuses commencèrent à la fin.
Après les résultats, l’encadrement nous a dit ce qu’ils nous ont donné en termes d’affectation, d’après le « désidérata » que nous avions fait auparavant.
Alors que j’avais choisi Cherbourg en 4ème position, l’instructeur m’a demandé « qu’avez-vous choisi ? » …
Ne m’en souvenant plus très bien (en fait, je ne voulais pas choisir, complètement indifférent du lieu), je lui dis « je ne sais plus » ! …
Les autres me regardant, il me dit, après les premiers choix que j’ai faits « vous avez choisi Cherbourg en 4ème position ». Vous devez y être lundi matin.
Pour y aller, en train bien sûr, je me souviens encore de la petite gare que j’avais « en correspondance », de Rennes à Cherbourg, du nom de la petite commune de Lison, où nous attendions notre autre train pendant … 1 h 30 ! …
Après avoir pris connaissance de la caserne, et les premier footings – dont je me souviens d’un, en décembre, à 8 h du matin, en short et tee-shirt, par – 5 ° - très « vivifiants », ce fut les premières séances de tirs sur cibles en carton, les premières patrouilles sur les « bastions » de l’Arsenal, sans oublier les « marches », de 8 ou de 12 kms sur le papier, mais qui en faisaient généralement 1 ou 2 de plus, en treillis, rangers, fusil semi-automatique et sac à dos ! …
Pour une « marche », c’était plus une course de fond qu’autre chose ! … heureusement pour moi, alors que je faisais de la course à pied avant mon incorporation, sur tous les terrains, je me fis remarquer par le Chef d’Esquade ! …
Mais, très vite, les « obligations » militaires prirent le dessus, rattrapés par les évènements internationaux, en l’occurrence la Guerre du Golfe, je m’en souviens, le 15 janvier 1991.
Aussitôt, nous sommes passés en Vigipirate Renforcée, avec balles réelles (nous ne tirions, alors jusque-là, que durant les exercices, et « à blanc »), avec renfort de patrouilles (plus que d’habitude), de jours comme de nuit ! …
Pour ça aussi heureusement, le conflit ne dura pas très longtemps, et c’est lorsque notre équipe était en « poste extérieur », près du Havre, qu’il se termina …
Enfin, j’ai pu montrer à mes équipiers mes talents de cuisinier ( ! … π) en leur faisant des crêpes, mais sans le Grand Marnier … le Second Maître qui nous dirigeait n’aurait pas beaucoup apprécier ! … π π
A notre retour à la caserne de Cherbourg, ce fut le Meilleur qui arriva : après avoir repris les séances de tirs, que j’adorais, en souvenir du grand-père tireur et grenadier d’élite (« tireur des lit’ de rouge », qu’il nous disait), au fusil semi-automatique, au pistolet automatique et au pistolet mitrailleur, apprenant pour ce dernier à tirer 3 balles par décharges, ce fut la saison des courses sur route qui commença, mon Chef d’Esquade me demandant de faire partie de l’équipe d’athlétisme de la caserne, ce que je n’ai pas hésité à accepter ! … bien au contraire, je fus dingue de joie et de bonheur d’en faire partie ! … π
Voilà comment se déroula mon Service Militaire, vous le comprenez bien très riche et gratifiant pour moi, pour la Vie ! …
A la fin, alors que je préparais mon retour dans la vie civile par ce que j’avais dit à mon père, en reprenant la Comptabilité en Bac Professionnel, le centre de formation que j’avais contacté (par le biais du centre d’information et d’orientation), à Lorient, me demanda d’abord de passer des tests d’aptitude.
M’y rendant, je fus surpris par mes résultats, ce qui ne fut pas seulement mon cas, mes examinateurs aussi, ces derniers m’expliquant que j’ai tellement été à l’aise qu’ils me les ont soumis au barème des BTS, les questions étant les mêmes …
Je fus donc accepté, pouvant l’être même en BTS, arrivant 7ème sur 15 dans leur effectif ! …
C’est vraiment à ce moment-là que j’ai commencé à me poser des questions, Sérieusement, sur le système « Elitiste » de l’Education National, celui du centre de formation incluant des tests psychologiques …
Cela ne ferait certainement pas de mal à certain(e)s enseignant(e)s du public, mon collège et mes lycées professionnels compris ! … mais, tellement imbus d’eux-mêmes, ne remettraient-ils pas en cause ce type de centres de formation, et de ces tests ? … cela ne me surprendrait Certainement pas ! …
Lorsque j’étais en BEP, mon frère de 2 ans de plus, qui a été le seul de la famille à avoir son Bac, m’avait dit « je ne m’inquiète pas pour toi, tu es plus capable que moi » ! …
Quelques années plus tard, plusieurs autres preuves de mes capacités, plus élevées qu’au niveau où j’étais, me le confirmèrent. Vous les découvrirez, au fur et à mesure, dans les prochaines pages …
Les tests passés, j’avais un autre travail à faire : trouver un employeur pour faire ma formation professionnelle en entreprise, en « Contrat de Qualification », en alternance avec ma formation de Bac Pro, au centre.
Pour cela, mes équipiers de la caserne m’ont beaucoup aidé à mettre sous enveloppes plus d’une centaine de lettres de candidature ! … et je les remercie ! …
Ce genre d’exercices n’étant pas facile, les entreprises ne me connaissant pas qui plus est, je n’ai eu que des réponses, lorsque j’en avais, négatives ! … aussi, le centre de formation ayant vu les efforts que je faisais, m’a bien aidé aussi, contactant aussi de leur côté des entreprises de la région lorientaise, ce qui m’a permis d’avoir un entretien dans l’une d’entre elle, peu après ma libération, et qui fut un succès ! … enfin, j’avais un employeur, je pouvais donc commencer ma formation au centre ! …
Auparavant, bien sûr avant que finisse mon année de service militaire, nous étions convoqués dans le bureau du « Pacha », le Commandant de la caserne, entretien bien sûr voué à nous inciter à nous engager.
S’il était possible que je sois d’accord pour continuer si je n’avais pas d’autre chose de prévu, ses arguments de faire partie de l’équipe d’athlétisme ou d’avoir la possibilité de faire de la comptabilité dans le milieu militaire, ne pesèrent pas dans mon choix de retourner dans le civil, qui plus est sans laisser tomber le centre de formation, qui me permettait de la poursuivre ! …
Je tenu ainsi psychologiquement devant le Commandant, lui expliquant que je garderai un très bon souvenir de mon obligation militaire, ce qui lui fit comprendre que mon choix était fait depuis longtemps ! …
De retour donc, je partis à Lorient, où j’ai aussi trouvé de quoi me loger, dans un foyer de jeunes travailleurs, … juste à côté de l’Arsenal où j’ai fait mes classes de l’armée, ce qui me permis, en plus, de ne pas être « défamiliarisé » de la ville.
Au retour de cet entretien d’embauche, avec mon père, il me dit alors « c’est bien, tu as réussi », étant donné que j’ai fait ce que je lui avais dit, en quittant la restauration ! …
C’est une nouvelle aventure qui commença alors, avec cette fois-ci, une Vraie indépendance et une entrée dans la Vie Active, certes progressive mais réelle, donc avec ma première ligne de travail sur mon Curriculum Vitae ! …
Le mois était organisé de façon très simple, fait de 3 semaines au travail, et 1 semaine en formation.
Mais ma formation a commencé en octobre 1991, alors que mon contrat de travail débutait le 12 novembre.
Donc, en attendant le début de mon contrat, je pris quand-même ma chambre au foyer de jeunes travailleurs, et rentrais le week-end en famille. C’est quand j’ai eu mon premier salaire que j’ai commencé à prendre mon indépendance, tout en retournant chez les parents le week-end.
Je conduisais la 4L que les parents nous ont achetée, après avoir obtenu notre permis. Etant le dernier de la famille, j’ai donc pu la garder pendant mes 2 ans de contrat et de Bac Pro.
Au travail, en raison de ce que le patron m’avait dit lors de notre entretien d’embauche, et parce que j’avais aussi commencé à travailler l’été lorsque j’avais 17 et 18 ans, je compris l’ampleur de ma tâche.
En effet, dès ma première embauche de ma vie active, il me dit « je vous prends pour être mon second, étant donné que vous préparez le diplôme le plus élevé des employés de l’entreprise » ! …
Je fis donc la comptabilité, au crayon à papier sur les livres comptables, la gestion des stocks, la vente aux magasins, la préparation des obsèques, selon le type : nettoyage du corbillard et mise en place du matériel dedans, montages des élément décoratifs des cercueils (capitonnage, fixation de la plaque et (éventuellement) de la croix, creusement des trous pour la visserie de fermeture), la mise en place et le portage des obsèques dans les lieux de cérémonies (églises, centres funéraires, crématoriums, cimetières) …
Pendant 2 ans, une centaine d’obsèques, y compris les samedis (très souvent), sur 3 semaines dans le mois, madame étant la patronne, son mari (mais avec qui nous étions la plupart du temps) étant fossoyeur de la municipalité, que nous accompagnions au cimetière pour la manutention de préparation de la sépulture (les caveaux presque uniquement), qu’il préparait. Mis à part son « humour noir », propre au milieu funéraire et de fossoyeur, ce furent 2 ans « d’expériences » pour le moins atypiques.
Cela finit par un « rapport de stage » fait avec le peu de moyens que j’avais, à savoir un ordinateur au travail qui m’obligea à le faire au centre de formation, alors que le coefficient à l’examen était de 7 ! …
J’ai réussi à avoir quand-même un 8 sur 20 de moyenne générale à l’examen (en candidat libre ! …), et un « Certificat Professionnel », avec donc les 2 ans de comptabilité – gestion en entreprise sur le CV, les premières lignes d’expériences professionnelles de toute ma vie active …
Mais cela signifia aussi que ma scolarité se terminait là, dans des années ’90 où le chômage était au plus haut, à Lorient 18%, obligeant les entreprises d’intérims, où je me suis inscrit, à prendre que des demandeurs d’emploi de plus de 6 mois, me demandant si je ne devais pas quitter la ville ! …
Pendant ce temps, mon père m’ayant traité de « feignant », je lui ai dit « ah bon ? … alors je ne serai plus à Lorient la semaine prochaine ! » …
C’est alors que je pris mes affaires, les envoya de Lorient à Rennes par SERNAM, et quittant Lorient en 4 jours, pour une auberge de jeunesse, acceptant ma palette de déménagement, qui m’attendait, et mon hébergement 3 semaines, en attendant de trouver un logement ! …
A Rennes, ce fut différent, ce qui était encore l’ANPE m’a inscrit à des ateliers de recherches d’emploi, où j’ai pu faire un premier point de ma situation et, en même temps, répondant à des annonces de contrats en CDD, que je fis et qui maintenaient mon niveau d’allocation chômage, mais pas plus ! …
Ainsi, me suis-je dit « si je ne trouve pas un emploi stable ici, s’en est fini de Rennes, … et de la Bretagne » ! …
Et puis, enfin, une bonne nouvelle ! … nous sommes en 1995, le nouveau Président élu est Jacques Chirac qui, avec son Premier Ministre, Alain Juppé, crée un nouveau type de contrat : le Contrat Initiative Emploi (C. I. E.).
Un supermarché « Timy », recherche un « Employé Libre-Service », en contrat CIE, par une période d’essai de 3 mois, pour un contrat de 2 ans, conformément à ce projet de loi.
Le patron, un ancien sportif de haut-niveau, fut un super patron, ayant la faculté de mettre dans de très bonnes conditions le futur employé que je pouvais être pour lui, même après les 2 ans, en CDI …
J’avais, pour commencer, la plus ancienne employée du supermarché pour cheffe, qui m’expliquait comment elle fonctionnait et que ça marchait, en équipe.
De mon côté, j’étais chargé des « liquides », et j’allais, à 4 heure du matin, avec le fourgon de l’entreprise, chercher les fruits et légumes frais, pour les étalages.
Un travail très intéressant, et qui m’enthousiasmait, d’autant plus avec une vue sur le Long Terme ! …
Sauf que ce n’était pas du goût de la patronne ! …
Une première alerte me surpris : un mois après mon arrivée, le couple patronal nous quitta pour des vacances ! … de 2 mois ! …
Continuant mon travail, sans avoir de signal d’alerte, donc pensant que je « faisais l’affaire », surtout avec ma cheffe qui était comme d’habitude, sans me faire de reproche, le retour de la patronne, soi-disant d’une famille riche, fut pour le moins étonnant : elle me « pris en grippe » dès son arrivée ! …
La fin de mes 3 mois arrivant, lorsque je suis venu dans son bureau prendre mon chèque de salaire, elle me sorti (c’est vraiment le terme ! …) « il vous faudra vous préparer à partir » ! … comme si elle me faisait comprendre que c’était à moi de quitter le travail ! …
Mon sang ne fit qu’un tour ! …
Apparemment, si j’en crois ce que m’a dit ma mère plus tard, le supermarché a fermé suite à mon départ ! … même si, aujourd’hui, il existe bien encore une « grande (ou moyenne) surface », sans doute que la direction a changé …
Toujours est-il que ce fut le moment de mon départ, le 9 octobre 1995. Sachant très bien que le chèque devait être encaissé seulement 3 jours après, je suis parti sans beaucoup de moyen, en fait juste de quoi partir en train jusqu’à un prochaine gare, qui fut celle de Laval ! …
Car oui, ce fut bien un « ras-le-bol », voire même un léger « pétage de plomb », qui m’amena avec le vélo que mon propriétaire me prêtait, jusqu’à la gare, avec juste un sac en plastique contenant un teeshirt pour seul change, en direction d’une destination encore inconnue, même si … elle voulait que je parte ? Je suis parti, à la plus grande surprise de tout le monde et, j’espère, encore aujourd’hui, en faisant regretter cette patronne de ce qui fut son attitude, à ce moment-là, pour Toujours ! … oui, je peux le dire, je la Déteste, et ça sera le cas tout le restant de ma vie ! …
Je suis donc parti, avec quasiment Rien, comme si je devais tout reprendre à zéro toute ma vie, depuis le vrai premier changement que fut pour moi le collège ! …
C’est dans tous les cas comme ça que je pris ma décision, après mon arrivée à Laval, avec le premier problème que je ressentais en moi : les difficultés de m’exprimer avec les autres, au quotidien, que le Sud de la France pouvait me permettre de résorber, les habitants ayant l’habitude de parler avec tout le monde.
Je suis donc parti vers le sud, de Laval d’abord à Angers, pour y passer la nuit, puis pour voir comment se présentait les structures organisées pour un public comme moi, pour les « sans domicile fixe » et donc, déjà, pour la réinsertion … mais ne pensant pas être en mesure de la faire, ayant « beaucoup de chemin à faire avant » ! …
Aussi, en arrivant à Angers, je vis un ancien faire le balayage des feuilles devant chez lui, logique en ce début octobre. Voulant me trouver une occupation et lui donner mon aide, je lui proposai de faire son nettoyage, en échange d’un petit billet ou d’un casse-croûte … ce qu’il accepta, revenant avec un billet de 20 francs … et un casse-croûte ! … π
C’est ce qui m’a permis de prendre conscience de la situation dans laquelle j’étais. Aussi, ai-je eu besoin de prendre, avec le peu de monnaie qui me restait, une bouteille d’alcool très fort, la plus forte possible ! …
Ce fut une bouteille de Jack Daniels, que je « sifflai » d’une seule traite, me mettant dans une telle « murge », que j’ai commencé à tout sortir de mes poches et pochette …
C’est comme ça que, voyant ma carte d’identité en fin de validité, je me suis dit que je ne suis plus dans le système, cette fois-ci, je peux tout recommencer à zéro, en me débarrassant de mes vieilles affaires, de mon vieux passé … Je déchirai ma carte d’identité et ma carte de sécurité sociale, en vociférant dans la rue « je ne suis plus Français » ! … comme si c’était ce que j’étais : un Apatride ? … un humain, un voyageur du Monde, tout simplement ! …
Oui bien sûr, je délirais dans cet état alcoolique, jusqu’à l’arrivée d’une patrouille de police, qui m’emmena en « dégrisement », pour « Ivresse Publique et Manifeste » ! …
Le lendemain, je leur dis « je vais voir s’il y a un foyer pour sdf, sur Angers, dès ce matin », ce qui les amena à me sortir de ma cellule, à me libérer ! …
C’est vraiment à ce moment-là que le mot « Liberté » prit tout son sens dans mon quotidien, pas seulement vis-à-vis de la police, mais aussi y compris par rapport à toute ma vie en Bretagne ! …
Ayant trouvé un foyer, dans la matinée évidemment du fait de la grandeur de la ville, j’y suis resté passer la nuit et, suite à une discussion avec un encadrant et un autre sdf, je suis allé sur un marché le matin, pour faire le montage des étalages pour me faire un peu d’argent de poche.
Mais c’est comme ça aussi que j’ai rencontré un patron, qui m’a proposé de venir travailler dans son entrepôt, qui était en fait une usine ! …
Chargé de faire la découpe de tranches de saumon, que je hachais plus que d’en faire des tranches, à une cadence d’autant plus très rapide, je dis stop, repartant vers le sud ! …
Et ma route continua, en auto-stop comme de Laval à Angers, en direction de Toulouse, en passant par Limoges mais, la ville n’ayant pas de foyer sdf, selon un compagnon de route, nous avons poursuivi notre chemin …
C’est là que j’ai côtoyé pour les premières fois, les autres « galériens », après avoir passé une partie de nuit dans un sous-terrain parking d’hypermarché, délogé à 2 heures du matin par un agent de sécurité, ce qui nous obligea à repartir sur la route, puis en squattant une pièce d’appartement dans un immeuble en construction, sans chauffage bien évidemment.
Et c’est là que je fis le premier geste de « routard » que je devenais.
Etant dans un état d’esprit qui me disait de prendre mon temps pour me refaire psychologiquement, je n’avais plus besoin de ma montre … par contre, étant continuellement sur les routes, j’avais besoin d’une couverture.
Un gars du groupe que rejoignait mon compagnon de route, qui se levait très tôt, avait besoin d’une montre, … et avait une deuxième « doudoune » comme il disait, qui ne lui servait pas ! … l’échange se fit comme ça, ne portant plus, pour ma part Jamais de montre, depuis ce jour-là ! … oui, ce jour-là, ce geste me marqua, à Vie ! …
Et puis je suis reparti cette fois-ci, voulant continuer mon chemin, seul.
La route continuait, cette fois-ci en direction de Béziers et de Montpellier, me disant que ce secteur ne pouvait être que le dernier dans le sud ! … et donc avant de repartir en direction du nord, et le départ pour une nouvelle vie ! …
C’est bien là, en effet, que ma vie changea, du tout au tout ! … ne me voyant pas partir de Toulouse en direction de Montpellier, en s’arrêtant seulement à Béziers, je pris directement l’autoroute (toujours en stop) de la capitale de l’Hérault.
Là, j’avais vraiment l’intention de refaire mon « pactage », comme celui de l’armée, avec tout ce dont j’avais besoin.
Pour cela, un foyer de sans abris me proposa d’aller dans un magasin pour changer mon blouson, prendre un nouveau sac à dos, d’autres vêtements … ce que je fis.
Et puis ce que jamais m’arriva auparavant m’arriva, dans ce magasin, et bien sûr dans le vestiaire, déposant mon blouson sur un banc pour essayer un nouveau, on me prit mon portefeuille, plein de tout ce qui me restait, en particulier, une de mes Fierté, avec le diplôme de BEP Compta que j’ai réussi à avoir : mon Permis de Conduire ! … mais, plus que ça encore, alors que je n’avais plus ma carte d’identité, jamais je n’avais osé déchirer mon Permis ! … alors, me le voir Volé, ça me mis Vraiment devant mes Responsabilités ! …
Le signalant à l’encadrement du magasin, je leur ai expliqué que je devais déposer plainte, pour que je puisse faire mon chemin de Réinsertion. Là, un responsable me dit « vous avez raison, déposez plainte, de notre côté nous avons des soupçons sur un de nos visiteurs » ! … alors je lui ai demandé de me dire qui était-ce, s’il était toujours là ! …
Voyant ma détermination, et heureusement d’avoir eu la chance qu’il fût toujours sur place, il me le montra du doigt ! …
Aussitôt je suis allé le voir, et lui dit « voilà, je viens te voir parce que je viens de me faire voler mon portefeuille, mon permis de conduire. Je ne sais pas qui l’a pris, mais des personnes m’ont parlé de toi. Je te le redis, je ne sais pas qui c’est, mais je dois porter plainte, donc « contre X », pour que puisse faire ma réinsertion. Je tenais à ce que tu le saches ! … »
Aussitôt, il me répondit « d’accord, très bien, mais je te le dis, ce n’est pas moi qui te l’ai volé, je ne m’embarrasse pas de ça ! … et je vais rechercher celui qui l’a fait ! … », d’un ton déterminé ! …
Je suis donc allé faire mon dépôt de plainte au commissariat, ayant du fait une nouvelle pièce d’identité, la déclaration de vol faisant fonction de « pièce d’identité » pendant 2 mois ! … cela me donna une nouvelle étape pour un nouveau départ, qui me donna une énergie pour « repartir » vers un nouvel horizon ! …
Un Horizon qui se traduis par un nouvel épisode pour le moins rocambolesque, au foyer d’hébergement, avec l’équipe de ce gars bien connu du magasin, dont un s’appelait Poirrier, qui essaya, à mon indifférence totale, de m’amadouer ! … ainsi, il essaya de me faire « cadeau » d’un sac de sport, tout neuf, me dit-il « pour faire ton voyage », ce à quoi je lui répondis « j’ai déjà un grand sac à dos, je te remercie » ! …
Aussitôt, flairant une entourloupe, je dis à qui voulu bien l’entendre, que je partais, « vers Aix-en-Provence », et partant dans la matinée-même, dans cette direction ! …
Et puis voilà comment, voyant sur l’autoroute les panneaux indiquant les directions, en arrivant vers le péage d’Orange, d’un côté vers Aix-en Provence et, de l’autre, « retrouvant le Nord », … Lyon ! …
Enfin, tout mon parcours, même avant mon départ de Bretagne, trouvait son sens, avec un souvenir très marquant, sans doute le plus de toute ma « première vie » : celui d’un train à Redon, qui avait un terminus … à Lyon-Perrache ! …
Cette « Bifurcation » fut celle de toute ma vie, celle qui me fascinait le plus, depuis Toujours : Enfin, j’allais connaître LYON ! …
Toujours en me déplaçant en auto-stop, je ne voulais pas que mon conducteur ait le moindre problème (normalement c’est illégal de prendre une personne à la rue), ce qui explique ce que je lui ai dit, que j’avais des copains qui m’attendaient à Perrache, seul nom que je connaissais donc de Lyon ! …
Et puisque c’était illégal, je me suis dit « eh bien, si « nul n’est censé ignorer la Loi », on va voir si ce Système Légal me sort de cette situation, de la Rue ! » … et je dois dire que ça n’a pas été aussi évident, que ceux-là même qui en sont « l’Elite », veulent bien le laisser penser ! …
Mais avant de décrire tout cela, tout d’abord, mon arrivée à Perrache fut pour le moins directe, mon conducteur m’y amenant en bas de l’escalateur (qui existait encore, et pour de nombreuses années aussi) au sud de la gare, au bout du Cours Charlemagne ! …
Traversant la gare, à la place Carnot, je vis là beaucoup de personnes sur les pelouses, alors que nous étions le 19 décembre ! … mais très vite je me suis rendu compte qu’en fait, il s’agissait du lieu, presque principal, de rassemblement des routards, sdf et autres « anars », avec ou sans chien ou, dans tous les cas, le premier que je vis à Lyon ! …
Là, un ancien, qui présentait bien, attira mon attention. Je vins vers lui et lui demandai « salut, sais-tu s’il y a un centre d’hébergement bien connu ici ? … », ce à quoi il me répondit « viens avec moi, j’y vais, justement ! » …
Et c’est comme ça que je suis reparti dans ma nouvelle vie ! …
De la gare, nous avons longé le quai du Rhône, en direction du centre-ville, jusqu’au premier pont, que nous avons pris. Là, sur le pont, alors que je parlais avec mon guide, j’ai aperçu les collines ! … je ne sais pas pourquoi, mais même si nous avons continué à discuter jusqu’au « foyer », j’ai tout de suite su que, dès le lendemain, j’allais y revenir ! … je le vois encore aujourd’hui, ce superbe relief qui surplombe la ville ! …
Passant entre les Universités, nous avons pris une petite rue à gauche, où le centre d’hébergement se trouvait, juste là ! … le « Foyer Notre-Dame des Sans-Abris » nous accueillait ! …
Il s’agit d’un « foyer-hébergement » ou, plus exactement, un « Centre d’Hébergement et d’Orientation », ou « C. H. O. », composé du bâtiment lui-même et, dans la cours, d’un « algéco », qui nous servait de salle de télévision, où nous avons attendu, de 17h et quelques, à 19 H, heure d’ouverture du foyer.
A 19H, la personne de l’accueil m’expliqua l’organisation : le premier soir nous pouvons déposer nos affaires dans une « consigne », prendre un repas et dormir dans un « box » collectif, après une soirée télé (dans l’algéco) si ça nous intéressait ! … et puis elle m’a donné une première « carte d’hébergement », de couleur verte, m’expliquant que, dès le lendemain matin, à 9 heures, j’allais avoir un rendez-vous avec une responsable d’hébergement, pour un premier entretien, où il me sera possible d’avoir une nouvelle carte, orange, pour une durée plus importante ! … là, je me suis dit, c’est une très grosse organisation, qui va m’emmener très loin, bien sûr dans ma réinsertion, mais pas loin de Lyon : à Lyon ! …
J’ai commencé par déposer mes affaires à la consigne, j’ai suivi les autres en direction de la cantine et nous avons mangé. Puis, on nous a montré notre chambre collective, où je suis resté, découvrant mon nouvel environnement et retraçant mon chemin, jusqu’à mon sommeil.
Le lendemain matin, j’ai eu cet entretien, où j’ai expliqué que je venais de Bretagne, que je n’avais plus ma carte d’identité et qu’on m’a volé mon permis de conduire, présentant à la responsable mon récépissé de dépôt de plainte, mais que je voulais me réinsérer, après avoir refait mes papiers. En clair, la continuité-même de ce que j’avais dit à Montpellier ! … Elle me dit « nous avons un Breton dans l’encadrement, il s’appelle Jean ! » … et, aussitôt, elle me remplit la carte d’hébergement orange, ce qui m’a amené une plaisanterie, lui disant « au moins ici, la carte orange est plus utile qu’à Paris », ce qui nous a apporté un gros éclat de rire ! … π
Ainsi, mon séjour s’est vraiment très bien passé, vraiment très à l’aise avec eux, ce qui m’enthousiasma comme Jamais ! …
J’ai donc commencé à refaire ma carte d’identité, à la mairie du 7ème arrondissement, là où se trouvait le foyer même si je n’avais pas encore d’adresse, seulement une sorte de « boîte postale » du foyer …
Pendant le temps nécessaire à la procédure de la mairie, je me suis lancé dans une « vente – colportage de presse » (la vente des journaux des sdf) du « La Rue », n’aimant pas beaucoup le réputé « Macadam » ! … le dépôt « La Rue » se trouvait rue Notre-Dame, dans le 6ème arrondissement, ce qui, avec le foyer « Notre-Dame des Sans Abris », m’interpella, me disant que c’est une ville très portée sur Notre-Dame ! … la suite me dira pourquoi mais, sur le moment, je ne pensais qu’à une seule chose : ma Réinsertion ! …
Et puis ce qui devait arriver arriva, lorsque la vente marche bien, multipliant les lieux de ventes, un contrôle de police est, au fil du temps, inévitable ! …
Pour moi, ce fut à l’entrée du Centre Commercial de la Part-Dieu, sur l’Esplanade de la tour du Crédit Lyonnais, à la sortie-même de la Porte de l’Esplanade, le 24 décembre 1995.
Présentant mes papiers et mon autorisation de « vendeur – colporteur de presse », délivrée par la préfecture, l’un des deux binômes me demanda « vous n’avez pas de papier ? … », ce à quoi je lui dis « si, c’est ma déclaration de vol de mon permis de conduire, valable deux mois, le temps que je refasse ma carte d’identité, que j’attends avec mon récépissé que vous avez ! » …
Il continua à « chercher la petite bête », me disant « c’est une déclaration sur l’honneur votre déclaration de vol du permis, vous m’avez l’air d’un Portugais ! » …
« Sans papier », « Portugais », tout ce qu’il me disait m’indiquait qu’il me prenait pour un expulsable ! … Enervé mais sans perdre mon sang-froid, je lui répondis « Ah bon, et qu’est-ce que vous faites de l’Honneur ? … Alors demandez l’Inspecteur Poirier à la Tour d’Auvergne, à Rennes, vous savez, l’Hôtel de Police de Rennes, et demandez-lui s’il n’a pas un Cousin en ce moment à la Rue ! » …
C’est alors que le second policier revint vers nous, me rendant mes papiers, disant à son binôme « c’est bon, on peut le laisser tranquille » ! …
Voilà, comment se passe un contrôle de police, le « public visé » étant bien sûr, plus que les autres, celui « qui n’est pas dans les clous », ce qui signifie que, pour moi, ce fut le seul contrôle que j’ai eu, durant les 5 mois, de l’hivers 95-96, plus exactement du 9 octobre au 4 mars, « à la rue » ! …
Les dates étant tellement significatives durant cette période, de par l’importance de ce qui m’arrivait, que je m’en souviens encore, 30 ans après ! …
En janvier, ma carte d’identité était faite, je pouvais alors passer à autre chose, en l’occurrence aller faire mes démarches pour avoir un emploi, ce qui m’a valu d’être sur la liste d’attente pour être accepté dans un autre type de foyer, toujours de « Notre-Dame des Sans Abris », qui s’appelle un « C. H. R. S. », ou Centre d’Hébergement et de Réadaptation (ou de Réinsertion) Sociale », pour moi plus une réadaptation, compte tenu du milieu d’où je venais … cela dit, c’était plus en attendant son ouverture que j’attendais, un encadrant m’ayant dit que des locaux étaient en travaux et, plus tard, que j’étais le premier sur la liste d’attente.
Autre raison importante, celle de mon âge ! … à 24 ans, alors que j’étais parti de mon travail, et donc démissionnaire, je n’avais aucune indemnité-chômage et, puisque je n’avais pas de « charge », de location par exemple, je n’avais le droit à rien, aucune indemnité ni, surtout, le « R. M. I. », auquel on a droit à seulement 25 ans ! … Ce qui fut donc le cas, fin février 1996.
A partir de là, tout alla très vite : le 4 mars j’entrais dans ce CHRS, ce qui me donnais ma première adresse à Lyon.
En parallèle, donc pour ma réinsertion, je suis allé, en janvier, me renseigner à la mairie, sur les structures d’emploi à Lyon (ANPE, Missions Locales, etc.). Là, l’accueil de l’Annexe de l’Hôtel de Ville m’orienta, à ma grande surprise, vers le 2ème étage du bâtiment ! … Y aurait-il une Mission Locale, une « antenne » de l’ANPE, dans les locaux de la mairie, dans une grande ville comme Lyon ? … bien sûr que non, prenant l’ascenseur, je vois des panneaux indiquant « Ressources Humaines », « Service Recrutement » ! … en fait, l’agent d’accueil m’envoyait vers un travail municipal …
Et ainsi, chaque semaine quasiment, alors que je n’avais toujours pas d’adresse à mettre sur mon CV, j’allais les voir, pour avoir des nouvelles, me renseigner sur les filières, les concours, jusqu’à ce jour où, « ça y est, j’ai ma première adresse ! » … là, l’agent d’accueil du service Recrutement me dit « je crois que la cheffe du service vous attend à son bureau ! … »
Premier RMI, Première adresse à Lyon, Premier emploi en mairie, quasiment le même jour du 4 mars ’96, dans tous les cas dès cette première semaine ! …
Ainsi, j’ai commencé un remplacement de 8 heures par semaine, pour la gardienne logée, du Théâtre de la Croix-Rousse, en repos le lundi, pendant 2 mois, puis un autre remplacement, en urgence, dans cette période …
Ce dernier fut pour moi, pour le moins surprenant, remplaçant un remplaçant ! … le gardien d’une petite « salle des fêtes », dite « de la Garenne », dans le 5ème arrondissement, était malade, ce qui a obligé le service à trouver un remplaçant … sauf que ce remplaçant « a un empêchement » pour un travail le samedi soir (! …), le signalant qui plus est le vendredi midi, laissant le service recrutement dans l’embarras, ne travaillant pas le samedi ! …
La cheffe du service me demanda alors « est-ce que ça ne vous dérange pas, un samedi soir ? … », ce qui me stupéfia ! ... Comment cela, un travail qui me dérangerait, parce que c’est un samedi soir ? … me disant cela, je lui ai répondu « non, non, pas de problème, je vous fais ce remplacement, ce samedi soir ! » …
Le lendemain, je suis donc parti faire ce travail de gardien d’une soirée, en fait un anniversaire de mariage d’un couple d’anciens, avec sa famille qui me remercia, finissant vers 1 heure du matin comme prévu, laissant les locaux nickels ! … Pour ma part, je suis resté jusqu’à 7 heures du matin, fermé les locaux et déposé les clés dans la boîte aux lettres de la mairie du 5ème, comme prévu …
Et puis ce furent les périodes de recrutement des contractuels de contrat « solidarité », à temps partiel (en mi-temps), prévus sur 6 mois renouvelable 1 fois, au Parc de la Tête d’Or.
La cheffe de service m’en informa, mais sur un laps de temps très court ! …
En effet, les recrutements se faisant pour 40 demandeurs d’emploi de l’ANPE, mais réduits à 15, elle m’apprit que j’étais un 16ème, exceptionnellement ! … en revanche, il fallait que je dépose mon CV en me présentant à l’entretien, dès le lendemain matin, à 9 heures ! …
Ne l’ayant pas modifié avec les remplacements que je faisais déjà à la mairie, je fonçai à la Mission Locale qui me connaissait, demandant un ordinateur … mais, parce que l’imprimante ne fonctionnait pas, j’ai dû y retourner le lendemain matin, donc juste avant l’entretien ! …
Le lendemain matin donc, la Mission Locale me dit que l’imprimante ne fonctionnait toujours pas ! … j’appela alors le secrétariat de la direction des Ressources Humaines, lui expliquant ma situation, qui me dit alors « envoyez-le moi par mail, je vous l’imprime ! » … la Mission Locale faisant le nécessaire entre-temps, je pris aussitôt le métro pour aller à l’entretien, récupérant mon nouveau CV et le donnant, aussitôt, au directeur, qui faisait les recrutements ! …
En pleine dynamique, ma motivation avec, mon entretien a été très rapide et vraiment efficace, au point que je fus pris dans les 3 recrutés, donc sur les 16 que nous étions, et même « hors effectif » que j’étais ! …
Début mai, j’ai donc commencé à travailler, au rythme de 20 heures par semaine, toujours mieux que 8 heures, et mettant un peu plus mon pied dans la grosse institution de la Ville de Lyon ! …
Au foyer, c’était différent qu’au « C. H. O. ». Ayant ma clé, je devais payer un loyer, sauf que, dans ce « C. H. R. S. », le loyer était basé sur les revenus que nous avions. Quand je faisais 8 heures par semaine, mon loyer était symbolique, et je touchais le RMI.
Et puis j’ai commencé mon « Contrat Emploi Solidarité », de 20 heures par semaine, donc avec un revenu plus important, l’arrêt du RMI et un loyer adapté, ce qui m’a permis de mettre un peu d’argent de côté, suffisant pour avoir un montant couvrant les 2 mois de cautions nécessaires pour avoir un appartement, et pour quitter les Foyers Notre-Dame des Sans-Abris ! …
Ce fut fait en novembre 1996, juste après que mon contrat de 6 mois fut renouvelé, ce qui fit que, dès mon arrivée à Lyon, mon parcours Logement – Travail fut intimement lié, surtout dans cette période, d’entrée à la Ville de Lyon ! …
Cette période fut marquée par 2 évènements, un personnel et un professionnel :
- Personnel d’abord, lorsque le fameux Poirrier pointa le bout de son nez, à la sortie-même de mon travail, au Parc de la Tête d’Or, me voyant rentrer au foyer … « salut Poirier, tu me reconnais, c’est Poirrier ! … » me dit-il … ce à quoi je lui répondis « eh oui, et comme tu vois, je suis en Réinsertion ! » … depuis ce jour-là, je ne l’ai plus jamais revu ! …
- Et puis professionnel, pour le « C. E. S. », toujours au parc, ayant besoin, demandé par mon chef, de mon permis de conduire, pour les patrouilles en voiture et, dans tous les cas, pour compléter la procédure administrative de mon recrutement dans ce contrat ! … Ainsi, je me suis rendu à la Préfecture Administrative, pour avoir un duplicata, me disant « là, je vais voir si le Système est bien fait ! … », sachant impeccablement mon numéro de permis, et avec mon récépissé de déclaration de vol, ainsi que ma carte d’identité récemment refaite.
Donnant tous mes documents et le souvenir de mon numéro de permis au complet, malgré la réelle gêne que je voyais sur le visage de la guichetière, elle constata que j’en étais bien le titulaire, et me tamponna le duplicata qu’elle me faisait, puis me le donna ! …
Ça y est, cette fois-ci, c’en était fini de toute ma procédure administrative de Réinsertion et, Enfin, le début et vrai Départ de ma Nouvelle Vie ! …
Tout ce parcours de réinsertion aboutit, très rapidement toujours, après mon emménagement dans mon premier appartement, à Villeurbanne, dans un studio en mansarde, en novembre ’96, lorsque le Théâtre de la Croix-Rousse, là où j’ai fait le remplacement des lundis de la gardienne logée, a fait une création de poste pour un gardien non-logé, sur lequel j’ai donc déposé ma candidature.
En effet, toujours en contact malgré mon départ pour le Parc de la Tête d’Or, le mari de la gardienne m’ayant appris la création du poste en allant le voir, mon foyer étant situé entre le parc et le théâtre, je me suis rendu, en 10 minutes, au service du Recrutement, juste en bas de la colline de la Croix-Rousse, à l’Annexe de l’Hôtel de Ville ! …
Là, l’agent d’accueil du service, apparemment dans l’équipe de recrutement pour le poste, m’a soutenu la candidature, m’a-t-on dit plus tard dans le service, malgré la présence d’un autre candidat qui aurait été plus « proche » (à l’ancienneté ? …) que moi du théâtre, selon toujours le mari, Gilles Risson, de la gardienne, Monique ! …
Tout allant tellement vite, en 11 mois embauché à la Ville de Lyon, alors que pour la plupart des « non-titulaires » il fallait 5 à 6 ans pour être « titularisé », je le sais et je le regretterai toute ma vie si je ne peux pas la revoir, ne prenant pas conscience de ce que l’agent d’accueil avait fait pour moi, avant qu’elle ne quitte, définitivement, le service des Recrutements, sans retourner la voir … Je vous le dis ici, je vous dois Tout ! … Je suis Vraiment Désolé, et Je vous dis Profondément Merci ! …
C’est à partir de ce moment-là que j’ai recommencé à Zéro toute ma vie, et pour Toujours ! …
Depuis cette « orientation » de l’agent d’accueil au rez-de-chaussée de l’Annexe, lorsque j’y suis allé pour la première fois, en direction du 2ème étage, et de ce service des recrutements, pour la toute première fois de toute ma vie alors, instinctivement je n’ai regardé que le bon côté des choses, en l’occurrence le service public que je connaissais de mon père fonctionnaire à la Poste, et du milieu municipal de mon grand-père élu conseiller puis adjoint, sans oublier mes 2 ans dans le funéraire, où j’ai côtoyé le service funéraire et un peu l’administratif municipal de Lorient ! …
C’est ce qui m’a amené à dire que j’étais ouvert à tout, et que le travail de gardien a été une évidence pour la cheffe du recrutement, les besoins se faisant sentir surtout dans ce domaine professionnel, et que j’ai toujours exercé jusqu’à présent, près de 30 ans après ! …
Mars ’96 – Février ’97, ces 11 mois qui ont changé toute ma vie ! … Enfin, j’entrais Vraiment dans la « Vie Active », dans ma Vie d’Adulte ! …
Si, bien évidemment, l'Adolescence commence lorsque l'on est au collège, entre 11 et 15 ans (si un "redoublement" n'est pas arrivé, ce qui n'a pas été utile pour moi, voir l'article précédent), il se caractérise bien dans le passage de l'Enfance à la Vie d'Adulte, de 10 à 25 ans …
Tel fut mon cas, donc dès l'époque de ma "CM2", puis de mon "passage" au collège, dès la 6ème, par une chose très simple : le premier "flirt", le premier "bisou sur la bouche" …
Lorsque je l'appris "à maman", elle m'a dit "L'Amour, ce n'est pas se regarder dans les yeux, c'est Regarder, Ensemble, dans la même Direction" ! ... Première "leçon de Vie" ... plutôt déroutant, quand on vis cela au quotidien, et que l'expression, que maman utilisait (je pensais alors qu'elle venait d'elle), vient d'un grand écrivain (je l'apprendrai plus tard) ! ...
Pourtant, j'ai toujours eu, jusqu’à aujourd'hui, une interprétation de l'Amoureux différente, à chaque fois que je l'étais et que je le suis, encore aujourd'hui ! ...
Comme je vous l'ai dit (dans mon précédent article), j'ai tout de suite eu l'attention portée sur l'attitude de mes frères, "l'aîné" ayant 5 ans de plus que moi … j'ai donc commencé à construire ma vie - lorsque la Lucidité et la Conscience des choses que nous partagions arriva - lors de mon arrivée au collège, lorsque mon frère aîné le quittait, même s'il n'était pas, lui non-plus, ainsi que le 2ème, dans le même collège que mon 3ème frère et moi (notre père l'expliquant par le fait qu'il n'avait plus la possibilité (financière) de nous envoyer (ses deux derniers) au collège privé (frais scolaires et déplacements), comme il nous a mis dans l'école primaire "catholique", qui était dans la commune … avec le recul, je me dis que, pour ça aussi, ce fut un manque de Repère, peut-être plus important que les autres, arrivé au collège, donc public, de la commune ! …
Ce manque de recul, bien "aidé" par un voisin (j'y reviendrai aussi plus tard), amena une autre chose très simple : je suis resté "gamin", pendant très longtemps ! ... c'est pour cela que, dans mon premier article, sur mon "enfance", les "années collège" apparaissent ...
Au point même que, aujourd'hui, à 50 ans donc, je commence seulement à prendre conscience des "responsabilités" que j'ai envers les autres, "prenant les miennes" depuis maintenant plusieurs décennies, ce qui explique d'ailleurs aussi ce premier blog, seulement maintenant ! ...
-) Les "Leçons" de mon Grand-Père.
Celui qui m'en a fait prendre conscience, c'est mon grand-père paternel, ... qui est, depuis, mon "Repère de Vie", bien avant même mon père ! ...
C'est un dimanche, grand-père et grand-mère étant à la maison pour déjeuner avec nous. Ce jour-là, maman venait de recevoir mon bulletin trimestriel, où, comme souvent, mes notes étaient très "moyennes" ... en commentaires de mes professeurs, il était souvent marqué que je "manquais de maturité".
Pensant que c'était la "tendance à l'Elitisme" de mes professeurs, vague allusion à leur volonté de me pousser à faire toujours plus, ma "moyenne" étant toujours assurée, je me disais que c'était normal ... sauf que, ce jour-là, Grand-Père était là ! ... A peine maman avait-elle fini de lire, à voix haute bien sûr, cette "mention" de mon professeur principal, que Grand-Père me lança << Feignant >> ! ...
Déjà, simplement sa présence me figeait (il était vraiment du type "Imposant le Respect" ! ...), mais avec cette prise de parole par cet unique Mot, en plus, "mon sang ne fit qu'un tour" comme on dit ! ...
Depuis, j'ai toujours eu cette crainte, qui se traduit par la peur de le décevoir ! ...
Parti lorsque j'avais 17 ans, il a eu l'occasion de me faire la leçon, directement (quelques autres indirectement), à 3 reprises. Celle-ci était la deuxième. Mais, et pour moi c'est cela le Plus Important, il n'était pas "Méchant", son Tempérament, seul, étant suffisamment efficace, sur son dernier petit-fils que j'étais ! ...
La première fois fut lorsque j'étais encore enfant, l'adolescence n'ayant pas encore commencé à faire son effet, et lors de nos vacances scolaires que nous passions chez lui, une semaine (chacun notre tour).
Pour votre compréhension, sa maison se trouve au lieu-dit "La Vallée", entre une rivière, un champs et, toujours en montant, après l'habitation et sa façade, une route traversant le lieu-dit et encore un relief montant.
Sur ce dernier relief juste de l'autre côté de la route, une maison qui faisait fonction aussi d'entrepôt, faisait face à sa maison.
Derrière cette maison, le toit était vraiment très proche du sol ... cela rendait très facile, pour nous, de la montée jusque sur le haut du toit ! ...
La curiosité me poussant à vouloir voir l'horizon depuis ce haut du toit, m'amena à sortir du haut de la charpente ma petite bouille ... je pouvais, Enfin, voir l'Horizon ! ...
Mais, malheureusement, mon bonheur ne fut pas très long à savourer, l'Horizon diminuant considérablement lorsque je vis mon grand-père montant, très décidé, dans ma direction, avec une "trique" à la main ! ...
Descendu (beaucoup) plus vite que j'étais monté sur le toit, je vins en direction de Grand-Père, faisant très attention à regarder de chaque côté de la route avant de traverser et, arrivé devant lui, mettant mes mains sur mes cuisses jusqu'aux genoux (j'étais en "culottes courtes" ! ...), ne disant rien et "accroupi", baissant la tête le plus possible et fermant les yeux ... j'ai eu, à ce moment-là, la plus grosse "trouille" de toute ma (petite) vie !!! ...
Mais, et c'est là, à ce moment-là, que j'ai eu ma première Vraie Leçon de Vie : mon Grand-Père ne me fit Rien ! ... Aussitôt, je suis rentré à la maison de Grand-Père, je m'assis sur le banc de la table ... pas un mot ne fut nécessaire, ni de Grand-Père, ni de Grand-Mère, ni de moi ... Je n'ai Jamais refait cette montée sur le toit, mon Souvenir étant, à Jamais, Encré en moi ! ...
Cette, "MA" Première "Leçon de Vie" fut donc que, lorsque nous sommes Enfant, adolescent et même adulte, ce que nous retenons, ce n'est pas ce que l'on nous dit, mais ce que l'on Fait ! ... Personne dans la famille ne m'en a parlé, seulement "les Faits, ont Parlé" ! ...
Pour cette deuxième Leçon, c'est le fait de ne pas être "fataliste", de ne pas rester sur le constat que je "manque de maturité", de la nécessité de devoir réagir pour ne pas "avoir la honte" du redoublement, mes capacités ne le nécessitant pas, qui devait dicter ma conduite, désormais ! ...
Cela dit, mon esprit rebelle d'adolescent commençant à faire effet, je me dis que le mot "feignant" n'était pas exact, et que, par conséquent, je n'avais pas à "forcer la nature", ayant tout simplement suffisamment de "l'Enseignement" de ce que mes frères m'apprenaient au quotidien, pour pouvoir filer directement du Collège au Lycée (Professionnel, voire Général) sans "difficulté" supplémentaire à devoir supporter, à devoir justifier ! ... mais, pas encore suffisamment conscient de mes "facultés", je n'avais pas l'enthousiasme nécessaire pour réussir, à avoir le niveau pour le Lycée Général ! ... c'est cela, pour moi aujourd'hui, mon principal regret, né donc de ce manque de "Recul" ! ...
Je partis donc du collège sans redoublement, de la 6ème à la 5ème, à la 4ème et à la 3ème et pour le Lycée, quoique "seulement" professionnel ! ... ce fut bien plus tard que j'ai eu l'explication du refus de la Seconde ... lorsque je suis arrivé, pour toujours, dans ma nouvelle vie.
Pendant ce temps, d'un côté, mon "idylle" restant toujours présent tout au long des "années collège" et, à travers celle-ci, la "vocation" d'aider mes camarades (une copine et deux copains) plus défavorisés que moi (elle était orpheline, et un copain lui aussi orphelin, tous les deux "placés" dans des "familles d'accueil", mon seul autre copain étant d'une famille d'agriculteurs, moins "aisée" que nous).
Mais aussi, d'un autre côté, une grosse difficulté, lié à un "nouveau", qui plus est, un proche voisin, nous "amenant" à faire le chemin de retour d'école au même moment ... ce fut, pour moi, LE Gros Problème du collège, celui qui m'empêcha ce "Recul" nécessaire à mon épanouissement, à l'acquisition de ma Maturité normale. Chacun pouvant le comprendre, aujourd'hui que le sujet est abordé, au niveau National : le Harcèlement scolaire, tant extérieur (voire même plus) qu'intérieur, ce que l'administration du collège aurait dû voir ...
Sujet sensible pour le moins, engendrant pur et simplement mon "échec scolaire", voire pire encore, l'horizon du Lycée "Général" anéanti, directement ! ...
Enfin, une chose me "permettait" de sortir de ce carcan, c'était le Sport et la Course à Pied, un sport "individuel" ... y étant vraiment intéressé, je me renseignais par tous les moyens : revues sportives, courses locales, coureurs de la région et des communes environnantes, ce qui me permettait de savoir comment progresser, préparer les prochaines compétitions, de 3 à 10 kms, 12, 15 puis 20 kms, jusqu'à 25 kms, mes plus "grosses" courses durant ces 10 ans, des "Foulées" aux "Semi-Marathons".
Mon enthousiasme se trouvait là, comme un "défouloir", motivé par les bons résultats d'abord (en terme de "classements" dans ma catégorie), puis mes bons "chronos", ensuite, réussissant à faire notre semi-marathon (20 kms) local en 1 heure 20, lorsque j'avais 17 ans ! ...
-) Mes "années Lycée".
En 1986, je partis donc au Lycée, Professionnel ...
Mais, avant ça, le rôle de mon père, prédominant, fut clairement dans le choix de mon avenir. ... encore faut-il qu'il me laissât le choix ? ...
Pour bien comprendre la situation, ne faut-il pas, d'abord, parler de mon père ...
Il est né en mars 1939, donc quelques mois avant le début de la 2ème guerre.
Mon grand-père, né en 1912, a donc fait son service militaire en 1932, puis fut réincorporé en 39, laissant son fils seul avec sa mère.
Fait prisonnier, notre grand-père est parti en Allemagne, travailler dans une ferme familiale allemande.
Nous ne savons pas exactement quand il est libéré, en 1942 ou 43 mais toujours est-il que son fils grandit sans le connaître, jusqu'à prendre peur lorsque son père revint ...
Régulièrement lors de notre enfance, les anciens nous racontaient leurs histoires de la guerre, parmi lesquelles les circonstances du retour , "notre grand-mère se jetant dans ses bras, le fiston se demandant, ne le connaissant donc pas encore, << si mon père voyait ma mère se jeter dans les bras d'un inconnu ! >> ...
Sans doute très impressionné par notre grand-père, très Imposant tant physiquement que de caractère, le "fiston" a dû être très gêné toute sa jeunesse durant ! ... la seule allusion qui peut nous aiguiller à ce sujet fut ce qu'il dît à notre frère aîné, longtemps après : << comment je peux te faire confiance, je n'ai pas confiance en moi ?! >> ...
Durant son enfance, allant faire sa scolarité à l’âge de 6 ans, et la finissant à 14 ans avec le « Certificat d’Etudes », il aidait aussi ses parents à la ferme, « faisant [ses] devoirs en gardant les vaches », ainsi que chez les voisins du village, puis d’autres.
Partant faire son service militaire en 59, durant 28 mois, en Algérie lors des « évènements », il fut conducteur d’engins, passant de la mehari au poids-lourd, en passant par les voitures des officiers (Colonel et autres), donc relativement (par rapport aux autres appelés au conflit) épargné.
A son retour, il chercha du travail plus dans le service public et la finance : impôts, banques ou établissements financiers. Il choisit les PTT, alors « Poste, Télégrammes et Téléphone », qui devint « P et T » - Poste et Télécommunications, avant que les trois fonctions, du courrier, du téléphone et de la banque se séparent.
Lui, il finit sa carrière alors que c’est encore les P et T (en 1994), à ses 55 ans, ayant bien géré sa vie, entre son travail et sa famille, encore qu’il a fallu que la jeune femme, qui devint notre maman, avec qui il vivait lui dise « si tu veux qu’on se marie, d’abord tu dois avoir ton concours d’entrée des PTT ! … ».
Il commença bien sûr à Paris (comme dans toutes les fonctions et entreprises publiques, d’Etat et nationalisées), s’est marié en 1965, a eu ses 2 premiers enfants, puis à Vannes où il a eu son 3ème et, enfin, dans notre commune en 1970, où il m’a eu, en février ’71 …
De retour donc dans notre commune, où se trouve le centre de tri et de distribution, au nombre de 14 « tournées » desservant les communes environnantes, il fit la plus grande partie de son activité sur une commune en particulier où, bien sûr, ses allées et venues ne se sont pas arrêtées à son travail ! …
Cela dit, de par sa bonne gestion, il acquit une Confiance de ses usagers – clients à un niveau jamais égalé par les générations suivantes, malgré le fait que, dans ses petites communes, « tout le monde connait tout le monde », et donc faisant la réputation de leurs serviteurs, qu’il fut pendant, je crois, 22 ans ! …
De mon adolescence, j’ai toujours eu un très bon souvenir de mes vacances chez mon grand-père.
Mais l’agriculture n’était pas ce que j’aimais vraiment, plutôt la taille du bois pour les provisions d’hiver, pour la cheminée, voire les plantations et le jardinage, durant les saisons.
Chaque année, un arbre était choisi pour le couper … un prunier, un châtaigner, un chêne, etc.
Quelques fois, en tournée ou quand il voulait y aller, pendant mes vacances, mon père m’emmenait dans sa commune de travail, passant chez mon << copain >> menuisier, ou allant voir un match de foot.
Ainsi, lorsque la dernière année de collège arriva, je lui ai demandé si je pouvais « travailler dans le bois », ce à quoi il me répondit << non, il n’y a pas de débouché, ni centre de formation dans la région >> … sans doute qu’il exagérait, mais c’est vrai que la période n’était pas vraiment idéale, entre la menuiserie artisanale de nos anciens et le développement de la construction écologique qui n’avait pas encore commencé ! …
Cela dit, il restait le forestier et l’industriel, qui se portaient bien.
C’est ce qui m’amena à me faire à l’idée que mon père voulait, tout simplement, que je fasse de la comptabilité, comme mon 3ème frère, étant une orientation qui me servirait toute ma vie active, quelque soit mon parcours professionnel.
Je « suivis » donc mon frère dans la Comptabilité, lui étant plus du côté administratif, moi, déjà, plus vers la gestion, technique, tournée vers l’extérieur.
Mais c’étai aussi à cause d’une plus grosse désillusion, née dans ces années ’80, dans notre commune.
Elle a été, dans les années 70, la Capitale française de l’Agroalimentaire de volaille, grâce à nos plus anciens (les parents des notre) qui, après-guerre, ont continué à se Battre, mais pour toute autre chose : empêcher la disparition de l’abattoir de bovins, qu’un de nos 2 bouchers de la commune avait créée, pour le Marché aux Bœufs qui se tenait chez nous.
Ils se sont tellement Battus que le « groupe » alimentaire le plus important de notre secteur, le Groupe Guyomarc’h, qui s’est spécialisé pour l’occasion, a envoyé un de ses ingénieurs, Monsieur Jacques Hervieu, reprendre l’abattoir, ce qu’il fit en commençant par louer les locaux et les terrains à la commune ! … c’est en 1964 et, en 1967, il créa la marque de ses produits, en voyant notre vieux bouchers, typique des bouchers de l’époque, petit, trapu et grosse moustache, appelé dans la commune le « Père Mahé », qu’il nomma le « Père Dodu », dont les produits sont bien connu de tous les Français, partout en France, encore aujourd’hui ! …
Mais c’est aussi grâce à nos fermiers, puis agriculteurs ensuite, qui ont été obligé de changer leur activité, passant du bovin à la volaille ! … un changement radical que les derniers fermiers ont eu bien du mal à s’y faire ! …
Mon grand-père en faisait partie et, revenant de la guerre où il était prisonnier, en Allemagne, entrant chez lui, et résistant comme beaucoup en Bretagne, il fut élu municipal de la fin de la guerre jusque dans les années ’60, étant même 2ème adjoint du Maire lors de son dernier mandat, … de 1959 à 1965, donc dans cette période de reprise de l’abattoir, sur les terrains municipaux ! …
Et puis, en 1984, un gros tournant vit le jour, avec le décès de Jacques Hervieu, d’un malaise cardiaque ! …
Je me souviens avoir dit à ma famille << Jacques Hervieu est mort, c’est la Commune qui meurt ! … >>.
En effet, le principal employeur de la commune, de 2000 habitants, ayant connu jusqu’à plus de 600 employés, ce sont aussi de nombreuses retombées économiques qui se sont développées avec lui …
Avec le décès du patron, ce sont aussi de nombreuses entreprises et artisans, commerçants, qui en subirent les conséquences ! …
Parmi elles, une usine de fabrication de palettes, donc une menuiserie industrielle, sur qui j’avais de bons espoirs d’embauche, s’envola ….
Le départ des autres (une entreprise de transport, vendeur automobile, commerces) m’ont bien fait comprendre que notre avenir était fortement compromis, et même dans le bassin environnant, déjà très faible ! …
C’est à ce moment-là que j’ai sérieusement penser à partir de chez nous, même si un repreneur arriva, commençant à licencier dès son arrivée, puis sans du tout chercher à développer le site …
Au lycée professionnel, en comptabilité, l’organisation était faite de façon à ce que notre professeur principal était notre professeur de comptabilité bien sûr, mais aussi sur les 2 ans de nos BEP et CAP.
Étant donné que j’avais 2 ans d’écart avec mon frère, ce fut donc la même professeure principale, ce qu’elle n’a pas manqué de me rappeler ! …
Or, si ce fut le choix de mon frère ( ? …), ce n’est pas du tout le cas pour moi ! …
Dans tous les cas, ce fut ma formation initiale, comme me l’a dit mon père, << pour me former pour toutes les entreprises >>, ce qui a fait que mon « orientation » a été dans la « Compta-Gestion » (et donc une base sur l’Économique), plus que mon frère, en Compta Administrative. Et pour prendre un peu de distance, en complément de son choix ! …
Par contre, est-ce une volonté de la part de « notre » prof principale de ne pas me ménager ? …
Toujours est-il que j’ai continué à travailler selon mon ressenti et elle de me donner des notes justes en-dessous de la moyenne, aussi après avoir décidé … de me mettre en « retenue » (« en colle » disions-nous), quand je ne l’avais pas, donc quand elle me la donnait pas ! …
Résultat : 14 « colles » et le redoublement de la première année, ce qui me réjouissait, la quittant pour l’autre professeure, et avec plus d’aisance pour les deux nouvelles années ! …
Ma deuxième « première année » se passa très bien, bien en-dessus de la moyenne (12,5-13/20), ce qui renforça mes bases et me permit de passer en seconde année.
Ma deuxième année fut très intéressante, avec une moyenne de 12/20, mais qui fut perturbée par un problème médical, à cause d’une baignade dans un étang proche de chez nous, disons qui n’était pas très propre …
Ainsi, au mois de mai, donc juste avant les examens, je subis une opération, des hémorroïdes, après avoir fait des « examens blancs » du CAP et du BEP tantôt sur la fesse gauche, tantôt sur la fesse droite, mes « petits camarades » étant très sympas avec moi, par un petit mot gentil ou par un coup de main pour mes révisions ! …
Résultat : 11,68 de moyenne à l’examen du BEP (il fallait 12/20 pour l’avoir), sans doute mon « intermède médical » me fournissant une bonne excuse, avec ma moyenne de l’année, sensiblement identique, justifiant mon obtention du diplôme ! …
Jusque là, j’ai eu une vraie et bonne relation avec ma professeure principale, qui me faisait espérer une bonne poursuite de ma scolarité, normalement en « première d’adaptation » du Bac de comptabilité, dit Bac G2.
C’était sans compter sur la mentalité « Élitiste » de ce milieu, qu’incarne cette prof principale ! …
Oui, je peux le dire, j’ai été Vraiment déçu par son attitude ! …
Donc durant cette période de fin des deux années de BEP et CAP Comptabilité, nous choisissons l’orientation que nous voulons prendre, selon les hypothèses possibles, d’obtention ou non de nos diplômes, et de notre dossier.
Alors que mes deux années se sont vraiment très bien passées, sans problème d’ordre disciplinaire et avec un bon niveau scolaire, ce qui signifiait que, logiquement, je devais aller en lycée général, pour cette « Première d’Adaptation », que les élèves de notre filière professionnelle avaient pour reprendre la filière normale, la logique voulant que je sois admis à y entrer, je soumettais quand-même à ma professeure principale l’hypothèse de la non-admission en lycée général, en choisissant le Bac Professionnel pour alternative.
Et c’est à partir de ce moment-là que son rôle pris un nouveau sens, me disant (je cite) « non, le Bac Professionnel, ce n’est pas pour toi ! » …
Rassuré, me disant que, pour elle, je devais bien aller en lycée général et en « première d’adaptation », je partis en vacances, très confiant …
Et puis, vinrent, dans la première quinzaine de jours, les premières réponses de lycées généraux, qui répondirent, tous, la même chose : un Non unanime, ce qui m’embrouilla encore plus l’esprit, avant de découvrir, à la rentrée, le « poteau rose » : ma professeure principale, de qui j’avais encore le souvenir de ce qu’elle me disait pour le bac professionnel, qui « n’est pas pour [moi] », et une encore très haute estime, avait mentionné un « Avis Défavorable », signé de sa main, pour le Bac G2 ! …
En clair, elle me jetait en pâture, alors que je n’avais pas encore 19 ans ! …
Il ne m’a pas fallu très longtemps pour comprendre que c’était, en fait, l’accumulation de mon dossier scolaire, avec mon renvoi de 3 jours en 5ème (alors que, au collège, l’encadrement n’a pas fait son travail contre le harcèlement que je subissais ! …), et mes 14 « colles » de ma « première 1ère année » de BEP – CAP, avec l’autre professeure, qui me mettait la pression inutilement ! … Bref, l’Elitisme du système éducatif, dans toute sa « grandeur » ! …
Autant vous dire que cet été-là fut pour moi très perturbant, sans savoir où je pourrais aller, en septembre ! …
Seule « consolation », mon permis de conduire, dont je commençais les cours de code, puis de conduite …
Après avoir su la raison de mes refus, et tenté d’avoir un bac pro, qui me fut donc aussi refusé, ne me retrouvant sans quoique ce soit, c’est notre plus proche et plus ancien voisin qui me sortit de ce marasme.
Il était « économe », c’est-à-dire gérant des stocks d’un lycée professionnel, qui avait des chambres de pensionnat, lycée « expérimental », en horticulture et en Restauration.
Bien sûr, comme dans tous les lycées professionnels, des places sont disponibles à la rentrée. C’est ce qui fut le cas pour moi, dans la Restauration, pour un BEP et CAP aussi, qui nous faisait des cours de cuisine et de service, avec les autres cours, dont un que je connaissais très bien : la Comptabilité ! …
Etant trop tôt pour partir faire mon service militaire (Eh oui, encore obligatoire à cette époque ! …), ce fut sans hésiter que j’acceptais d’y aller, allant passer la semaine donc en pensionnat – ce qui fut mon premier départ de la maison familiale – et faisant le déplacement avec 2 camarades qui vivaient entre la maison et le lycée, soit avec maman, soit avec le voisin ! …
En fin de premier trimestre, pendant les vacances de fin d’année, je réussis, enfin – au bout d’un passage du code, mais surtout de la 3ème fois, la conduite – mon permis de conduire ! …
C’était le 28 décembre 1989, le jour de la Saint-Innocent, ce qui amena, quelques années plus tard, ma grand-mère maternelle à me dire « Eh ben la preuve que tu n’étais pas Innocent, ce jour-là ! … » π
Dans ce nouveau type de scolarité, liant les cours scolaires normaux, la comptabilité que je mettais entre, et les cours de « pratiques », donc de cuisine et de service, je m’y suis bien plu, même si, en cuisine, disons que ce n’était pas vraiment ma matière préférée ! … π
Ne dépassant pas la moyenne de 5 / 20 en cuisine, un peu mieux en service mais pas non-plus vraiment formidable, de l’ordre de 8 / 20, ce furent les autres matières qui me permettaient d’envisager une deuxième année ! …
C’est alors qu’un voyage de fin d’année fut organisé, passant par la Champagne et pour l’Alsace, où nous visitions les caves vinicoles …
C’est une discussion sur les saveurs des vins alsaciens, que j’ai eu avec un caviste, que mon professeur de service me dit « je sais vers quoi je vais t’orienter : la Sommellerie ! … »
Sans que je m’en rende compte, ce qu’il m’a dit ce jour-là fut le plus déterminant de tout ce qui fut, et tout ce qui est mon orientation, de Vie ! …
Tout ce qui a constitué mon parcours, passé, sur le moment et ensuite, y compris aujourd’hui, se retrouve dans ce domaine ! … même ce que je ne voyais pas encore à l’époque (le bois, la roche, etc.), et beaucoup plus encore, était dans ce milieu de la Viticulture ! …
Et puis, un nouvel évènement arriva : l’opération subit l’année précédente ne fut pas suffisante, malgré ce que m’avait dit mon chirurgien, par un langage fleuri qui me mis dans le doute : « votre cul n’est plus bordé de nouille » ! …
Ma mère ayant choisi, pour cette opération, la clinique où j’étais né, alors qu’il y avait un grand hôpital dans la même ville, cette fois-ci j’ai demandé à notre médecin de famille à être opéré par un Vrai spécialiste, dans un vrai hôpital ! … il m’envoya voir un « urologue », à Nantes, où je fus vraiment et Sérieusement soigné, mais m’obligeant à prendre une lourde décision …
En effet, alors que, pour être admis en seconde année de ce BEP et CAP Restauration, il nous fallait faire un stage d’été, celui-ci s’avérant trop proche de ma sortie d’hôpital et ma deuxième opération des hémorroïdes en 1 an, je n’ai pas pu le finir ! …
Aussitôt, je dis à mon père « je ne peux plus continuer, j’arrête. Je casse mon sursit, je devance l’appel et je pars faire mon service militaire. Après, je compte reprendre la Comptabilité, pour le Bac Pro » …
Je passais donc l’été, puis le mois de septembre à la maison, avant mon incorporation, en octobre 1990, à l’Ecole des Fusiliers Marins, à l’Arsenal de Lorient.
Le Service Militaire
Mon incorporation, ou « conscription », fut donc dans les Fusiliers Marins.
Attention, ne dites pas Fusillés, nous, nous étions de l’autre côté du Fusil ! … πππ€£
Dans un premier temps, pendant 2 mois, je suis allé avec les autres de mon contingent à l'École des Fusiliers Marins, à Lorient.
Là, cours théorique (en classe), et « pratiques », sur le « terrain » …
Bien sûr, en arrivant, on prend nos affaires, notre « pactage », on va dans nos chambres et on va « au rassemblement ».
Discours du Colonel : « Nous n’avons pas demandé à être ensemble, alors pour que tout se passe bien, il s’agit de bien s’entendre ! … »
Cette citation, je m’en suis souvenu durant des Décennies, beaucoup moins aujourd’hui ! …
À l’école donc, c’est ce qu’on appelle « les classes ».
Pour être sérieux, je ne me souviens plus vraiment de quoi étaient composés ces 2 mois, mis à part celui du théorique sur l’armée : les grades, les armes, le tir … la seule chose que je me souviens à peu près bien, c’est le cours sur « la Ligne de Mire », prononcé par un instructeur asiatique qui n’avait pas moins l’accent asiatique en le disant … rien que de m’en rappeler, j’en suis encore plié en 4 ! … π€£π€£π€£πππ
Et puis il y avait le terrain.
En fait, footing, un semblant de « parcours du combattant », qui n’en était pas vraiment un …
Les choses sérieuses commencèrent à la fin.
Après les résultats, l’encadrement nous a dit ce qu’ils nous ont donné en termes d’affectation, d’après le « désidérata » que nous avions fait auparavant.
Alors que j’avais choisi Cherbourg en 4ème position, l’instructeur m’a demandé « qu’avez-vous choisi ? » …
Ne m’en souvenant plus très bien (en fait, je ne voulais pas choisir, complètement indifférent du lieu), je lui dis « je ne sais plus » ! …
Les autres me regardant, il me dit, après les premiers choix que j’ai faits « vous avez choisi Cherbourg en 4ème position ». Vous devez y être lundi matin.
Pour y aller, en train bien sûr, je me souviens encore de la petite gare que j’avais « en correspondance », de Rennes à Cherbourg, du nom de la petite commune de Lison, où nous attendions notre autre train pendant … 1 h 30 ! …
Après avoir pris connaissance de la caserne, et les premier footings – dont je me souviens d’un, en décembre, à 8 h du matin, en short et tee-shirt, par – 5 ° - très « vivifiants », ce fut les premières séances de tirs sur cibles en carton, les premières patrouilles sur les « bastions » de l’Arsenal, sans oublier les « marches », de 8 ou de 12 kms sur le papier, mais qui en faisaient généralement 1 ou 2 de plus, en treillis, rangers, fusil semi-automatique et sac à dos ! …
Pour une « marche », c’était plus une course de fond qu’autre chose ! … heureusement pour moi, alors que je faisais de la course à pied avant mon incorporation, sur tous les terrains, je me fis remarquer par le Chef d’Esquade ! …
Mais, très vite, les « obligations » militaires prirent le dessus, rattrapés par les évènements internationaux, en l’occurrence la Guerre du Golfe, je m’en souviens, le 15 janvier 1991.
Aussitôt, nous sommes passés en Vigipirate Renforcée, avec balles réelles (nous ne tirions, alors jusque-là, que durant les exercices, et « à blanc »), avec renfort de patrouilles (plus que d’habitude), de jours comme de nuit ! …
Pour ça aussi heureusement, le conflit ne dura pas très longtemps, et c’est lorsque notre équipe était en « poste extérieur », près du Havre, qu’il se termina …
Enfin, j’ai pu montrer à mes équipiers mes talents de cuisinier ( ! … π) en leur faisant des crêpes, mais sans le Grand Marnier … le Second Maître qui nous dirigeait n’aurait pas beaucoup apprécier ! … π π
A notre retour à la caserne de Cherbourg, ce fut le Meilleur qui arriva : après avoir repris les séances de tirs, que j’adorais, en souvenir du grand-père tireur et grenadier d’élite (« tireur des lit’ de rouge », qu’il nous disait), au fusil semi-automatique, au pistolet automatique et au pistolet mitrailleur, apprenant pour ce dernier à tirer 3 balles par décharges, ce fut la saison des courses sur route qui commença, mon Chef d’Esquade me demandant de faire partie de l’équipe d’athlétisme de la caserne, ce que je n’ai pas hésité à accepter ! … bien au contraire, je fus dingue de joie et de bonheur d’en faire partie ! … π
Voilà comment se déroula mon Service Militaire, vous le comprenez bien très riche et gratifiant pour moi, pour la Vie ! …
A la fin, alors que je préparais mon retour dans la vie civile par ce que j’avais dit à mon père, en reprenant la Comptabilité en Bac Professionnel, le centre de formation que j’avais contacté (par le biais du centre d’information et d’orientation), à Lorient, me demanda d’abord de passer des tests d’aptitude.
M’y rendant, je fus surpris par mes résultats, ce qui ne fut pas seulement mon cas, mes examinateurs aussi, ces derniers m’expliquant que j’ai tellement été à l’aise qu’ils me les ont soumis au barème des BTS, les questions étant les mêmes …
Je fus donc accepté, pouvant l’être même en BTS, arrivant 7ème sur 15 dans leur effectif ! …
C’est vraiment à ce moment-là que j’ai commencé à me poser des questions, Sérieusement, sur le système « Elitiste » de l’Education National, celui du centre de formation incluant des tests psychologiques …
Cela ne ferait certainement pas de mal à certain(e)s enseignant(e)s du public, mon collège et mes lycées professionnels compris ! … mais, tellement imbus d’eux-mêmes, ne remettraient-ils pas en cause ce type de centres de formation, et de ces tests ? … cela ne me surprendrait Certainement pas ! …
Lorsque j’étais en BEP, mon frère de 2 ans de plus, qui a été le seul de la famille à avoir son Bac, m’avait dit « je ne m’inquiète pas pour toi, tu es plus capable que moi » ! …
Quelques années plus tard, plusieurs autres preuves de mes capacités, plus élevées qu’au niveau où j’étais, me le confirmèrent. Vous les découvrirez, au fur et à mesure, dans les prochaines pages …
Les tests passés, j’avais un autre travail à faire : trouver un employeur pour faire ma formation professionnelle en entreprise, en « Contrat de Qualification », en alternance avec ma formation de Bac Pro, au centre.
Pour cela, mes équipiers de la caserne m’ont beaucoup aidé à mettre sous enveloppes plus d’une centaine de lettres de candidature ! … et je les remercie ! …
Ce genre d’exercices n’étant pas facile, les entreprises ne me connaissant pas qui plus est, je n’ai eu que des réponses, lorsque j’en avais, négatives ! … aussi, le centre de formation ayant vu les efforts que je faisais, m’a bien aidé aussi, contactant aussi de leur côté des entreprises de la région lorientaise, ce qui m’a permis d’avoir un entretien dans l’une d’entre elle, peu après ma libération, et qui fut un succès ! … enfin, j’avais un employeur, je pouvais donc commencer ma formation au centre ! …
Auparavant, bien sûr avant que finisse mon année de service militaire, nous étions convoqués dans le bureau du « Pacha », le Commandant de la caserne, entretien bien sûr voué à nous inciter à nous engager.
S’il était possible que je sois d’accord pour continuer si je n’avais pas d’autre chose de prévu, ses arguments de faire partie de l’équipe d’athlétisme ou d’avoir la possibilité de faire de la comptabilité dans le milieu militaire, ne pesèrent pas dans mon choix de retourner dans le civil, qui plus est sans laisser tomber le centre de formation, qui me permettait de la poursuivre ! …
Je tenu ainsi psychologiquement devant le Commandant, lui expliquant que je garderai un très bon souvenir de mon obligation militaire, ce qui lui fit comprendre que mon choix était fait depuis longtemps ! …
De retour donc, je partis à Lorient, où j’ai aussi trouvé de quoi me loger, dans un foyer de jeunes travailleurs, … juste à côté de l’Arsenal où j’ai fait mes classes de l’armée, ce qui me permis, en plus, de ne pas être « défamiliarisé » de la ville.
Au retour de cet entretien d’embauche, avec mon père, il me dit alors « c’est bien, tu as réussi », étant donné que j’ai fait ce que je lui avais dit, en quittant la restauration ! …
C’est une nouvelle aventure qui commença alors, avec cette fois-ci, une Vraie indépendance et une entrée dans la Vie Active, certes progressive mais réelle, donc avec ma première ligne de travail sur mon Curriculum Vitae ! …
Le mois était organisé de façon très simple, fait de 3 semaines au travail, et 1 semaine en formation.
Mais ma formation a commencé en octobre 1991, alors que mon contrat de travail débutait le 12 novembre.
Donc, en attendant le début de mon contrat, je pris quand-même ma chambre au foyer de jeunes travailleurs, et rentrais le week-end en famille. C’est quand j’ai eu mon premier salaire que j’ai commencé à prendre mon indépendance, tout en retournant chez les parents le week-end.
Je conduisais la 4L que les parents nous ont achetée, après avoir obtenu notre permis. Etant le dernier de la famille, j’ai donc pu la garder pendant mes 2 ans de contrat et de Bac Pro.
Au travail, en raison de ce que le patron m’avait dit lors de notre entretien d’embauche, et parce que j’avais aussi commencé à travailler l’été lorsque j’avais 17 et 18 ans, je compris l’ampleur de ma tâche.
En effet, dès ma première embauche de ma vie active, il me dit « je vous prends pour être mon second, étant donné que vous préparez le diplôme le plus élevé des employés de l’entreprise » ! …
Je fis donc la comptabilité, au crayon à papier sur les livres comptables, la gestion des stocks, la vente aux magasins, la préparation des obsèques, selon le type : nettoyage du corbillard et mise en place du matériel dedans, montages des élément décoratifs des cercueils (capitonnage, fixation de la plaque et (éventuellement) de la croix, creusement des trous pour la visserie de fermeture), la mise en place et le portage des obsèques dans les lieux de cérémonies (églises, centres funéraires, crématoriums, cimetières) …
Pendant 2 ans, une centaine d’obsèques, y compris les samedis (très souvent), sur 3 semaines dans le mois, madame étant la patronne, son mari (mais avec qui nous étions la plupart du temps) étant fossoyeur de la municipalité, que nous accompagnions au cimetière pour la manutention de préparation de la sépulture (les caveaux presque uniquement), qu’il préparait. Mis à part son « humour noir », propre au milieu funéraire et de fossoyeur, ce furent 2 ans « d’expériences » pour le moins atypiques.
Cela finit par un « rapport de stage » fait avec le peu de moyens que j’avais, à savoir un ordinateur au travail qui m’obligea à le faire au centre de formation, alors que le coefficient à l’examen était de 7 ! …
J’ai réussi à avoir quand-même un 8 sur 20 de moyenne générale à l’examen (en candidat libre ! …), et un « Certificat Professionnel », avec donc les 2 ans de comptabilité – gestion en entreprise sur le CV, les premières lignes d’expériences professionnelles de toute ma vie active …
Mais cela signifia aussi que ma scolarité se terminait là, dans des années ’90 où le chômage était au plus haut, à Lorient 18%, obligeant les entreprises d’intérims, où je me suis inscrit, à prendre que des demandeurs d’emploi de plus de 6 mois, me demandant si je ne devais pas quitter la ville ! …
Pendant ce temps, mon père m’ayant traité de « feignant », je lui ai dit « ah bon ? … alors je ne serai plus à Lorient la semaine prochaine ! » …
C’est alors que je pris mes affaires, les envoya de Lorient à Rennes par SERNAM, et quittant Lorient en 4 jours, pour une auberge de jeunesse, acceptant ma palette de déménagement, qui m’attendait, et mon hébergement 3 semaines, en attendant de trouver un logement ! …
A Rennes, ce fut différent, ce qui était encore l’ANPE m’a inscrit à des ateliers de recherches d’emploi, où j’ai pu faire un premier point de ma situation et, en même temps, répondant à des annonces de contrats en CDD, que je fis et qui maintenaient mon niveau d’allocation chômage, mais pas plus ! …
Ainsi, me suis-je dit « si je ne trouve pas un emploi stable ici, s’en est fini de Rennes, … et de la Bretagne » ! …
Et puis, enfin, une bonne nouvelle ! … nous sommes en 1995, le nouveau Président élu est Jacques Chirac qui, avec son Premier Ministre, Alain Juppé, crée un nouveau type de contrat : le Contrat Initiative Emploi (C. I. E.).
Un supermarché « Timy », recherche un « Employé Libre-Service », en contrat CIE, par une période d’essai de 3 mois, pour un contrat de 2 ans, conformément à ce projet de loi.
Le patron, un ancien sportif de haut-niveau, fut un super patron, ayant la faculté de mettre dans de très bonnes conditions le futur employé que je pouvais être pour lui, même après les 2 ans, en CDI …
J’avais, pour commencer, la plus ancienne employée du supermarché pour cheffe, qui m’expliquait comment elle fonctionnait et que ça marchait, en équipe.
De mon côté, j’étais chargé des « liquides », et j’allais, à 4 heure du matin, avec le fourgon de l’entreprise, chercher les fruits et légumes frais, pour les étalages.
Un travail très intéressant, et qui m’enthousiasmait, d’autant plus avec une vue sur le Long Terme ! …
Sauf que ce n’était pas du goût de la patronne ! …
Une première alerte me surpris : un mois après mon arrivée, le couple patronal nous quitta pour des vacances ! … de 2 mois ! …
Continuant mon travail, sans avoir de signal d’alerte, donc pensant que je « faisais l’affaire », surtout avec ma cheffe qui était comme d’habitude, sans me faire de reproche, le retour de la patronne, soi-disant d’une famille riche, fut pour le moins étonnant : elle me « pris en grippe » dès son arrivée ! …
La fin de mes 3 mois arrivant, lorsque je suis venu dans son bureau prendre mon chèque de salaire, elle me sorti (c’est vraiment le terme ! …) « il vous faudra vous préparer à partir » ! … comme si elle me faisait comprendre que c’était à moi de quitter le travail ! …
Mon sang ne fit qu’un tour ! …
Apparemment, si j’en crois ce que m’a dit ma mère plus tard, le supermarché a fermé suite à mon départ ! … même si, aujourd’hui, il existe bien encore une « grande (ou moyenne) surface », sans doute que la direction a changé …
Toujours est-il que ce fut le moment de mon départ, le 9 octobre 1995. Sachant très bien que le chèque devait être encaissé seulement 3 jours après, je suis parti sans beaucoup de moyen, en fait juste de quoi partir en train jusqu’à un prochaine gare, qui fut celle de Laval ! …
Car oui, ce fut bien un « ras-le-bol », voire même un léger « pétage de plomb », qui m’amena avec le vélo que mon propriétaire me prêtait, jusqu’à la gare, avec juste un sac en plastique contenant un teeshirt pour seul change, en direction d’une destination encore inconnue, même si … elle voulait que je parte ? Je suis parti, à la plus grande surprise de tout le monde et, j’espère, encore aujourd’hui, en faisant regretter cette patronne de ce qui fut son attitude, à ce moment-là, pour Toujours ! … oui, je peux le dire, je la Déteste, et ça sera le cas tout le restant de ma vie ! …
Je suis donc parti, avec quasiment Rien, comme si je devais tout reprendre à zéro toute ma vie, depuis le vrai premier changement que fut pour moi le collège ! …
C’est dans tous les cas comme ça que je pris ma décision, après mon arrivée à Laval, avec le premier problème que je ressentais en moi : les difficultés de m’exprimer avec les autres, au quotidien, que le Sud de la France pouvait me permettre de résorber, les habitants ayant l’habitude de parler avec tout le monde.
Je suis donc parti vers le sud, de Laval d’abord à Angers, pour y passer la nuit, puis pour voir comment se présentait les structures organisées pour un public comme moi, pour les « sans domicile fixe » et donc, déjà, pour la réinsertion … mais ne pensant pas être en mesure de la faire, ayant « beaucoup de chemin à faire avant » ! …
Aussi, en arrivant à Angers, je vis un ancien faire le balayage des feuilles devant chez lui, logique en ce début octobre. Voulant me trouver une occupation et lui donner mon aide, je lui proposai de faire son nettoyage, en échange d’un petit billet ou d’un casse-croûte … ce qu’il accepta, revenant avec un billet de 20 francs … et un casse-croûte ! … π
C’est ce qui m’a permis de prendre conscience de la situation dans laquelle j’étais. Aussi, ai-je eu besoin de prendre, avec le peu de monnaie qui me restait, une bouteille d’alcool très fort, la plus forte possible ! …
Ce fut une bouteille de Jack Daniels, que je « sifflai » d’une seule traite, me mettant dans une telle « murge », que j’ai commencé à tout sortir de mes poches et pochette …
C’est comme ça que, voyant ma carte d’identité en fin de validité, je me suis dit que je ne suis plus dans le système, cette fois-ci, je peux tout recommencer à zéro, en me débarrassant de mes vieilles affaires, de mon vieux passé … Je déchirai ma carte d’identité et ma carte de sécurité sociale, en vociférant dans la rue « je ne suis plus Français » ! … comme si c’était ce que j’étais : un Apatride ? … un humain, un voyageur du Monde, tout simplement ! …
Oui bien sûr, je délirais dans cet état alcoolique, jusqu’à l’arrivée d’une patrouille de police, qui m’emmena en « dégrisement », pour « Ivresse Publique et Manifeste » ! …
Le lendemain, je leur dis « je vais voir s’il y a un foyer pour sdf, sur Angers, dès ce matin », ce qui les amena à me sortir de ma cellule, à me libérer ! …
C’est vraiment à ce moment-là que le mot « Liberté » prit tout son sens dans mon quotidien, pas seulement vis-à-vis de la police, mais aussi y compris par rapport à toute ma vie en Bretagne ! …
Ayant trouvé un foyer, dans la matinée évidemment du fait de la grandeur de la ville, j’y suis resté passer la nuit et, suite à une discussion avec un encadrant et un autre sdf, je suis allé sur un marché le matin, pour faire le montage des étalages pour me faire un peu d’argent de poche.
Mais c’est comme ça aussi que j’ai rencontré un patron, qui m’a proposé de venir travailler dans son entrepôt, qui était en fait une usine ! …
Chargé de faire la découpe de tranches de saumon, que je hachais plus que d’en faire des tranches, à une cadence d’autant plus très rapide, je dis stop, repartant vers le sud ! …
Et ma route continua, en auto-stop comme de Laval à Angers, en direction de Toulouse, en passant par Limoges mais, la ville n’ayant pas de foyer sdf, selon un compagnon de route, nous avons poursuivi notre chemin …
C’est là que j’ai côtoyé pour les premières fois, les autres « galériens », après avoir passé une partie de nuit dans un sous-terrain parking d’hypermarché, délogé à 2 heures du matin par un agent de sécurité, ce qui nous obligea à repartir sur la route, puis en squattant une pièce d’appartement dans un immeuble en construction, sans chauffage bien évidemment.
Et c’est là que je fis le premier geste de « routard » que je devenais.
Etant dans un état d’esprit qui me disait de prendre mon temps pour me refaire psychologiquement, je n’avais plus besoin de ma montre … par contre, étant continuellement sur les routes, j’avais besoin d’une couverture.
Un gars du groupe que rejoignait mon compagnon de route, qui se levait très tôt, avait besoin d’une montre, … et avait une deuxième « doudoune » comme il disait, qui ne lui servait pas ! … l’échange se fit comme ça, ne portant plus, pour ma part Jamais de montre, depuis ce jour-là ! … oui, ce jour-là, ce geste me marqua, à Vie ! …
Et puis je suis reparti cette fois-ci, voulant continuer mon chemin, seul.
La route continuait, cette fois-ci en direction de Béziers et de Montpellier, me disant que ce secteur ne pouvait être que le dernier dans le sud ! … et donc avant de repartir en direction du nord, et le départ pour une nouvelle vie ! …
C’est bien là, en effet, que ma vie changea, du tout au tout ! … ne me voyant pas partir de Toulouse en direction de Montpellier, en s’arrêtant seulement à Béziers, je pris directement l’autoroute (toujours en stop) de la capitale de l’Hérault.
Là, j’avais vraiment l’intention de refaire mon « pactage », comme celui de l’armée, avec tout ce dont j’avais besoin.
Pour cela, un foyer de sans abris me proposa d’aller dans un magasin pour changer mon blouson, prendre un nouveau sac à dos, d’autres vêtements … ce que je fis.
Et puis ce que jamais m’arriva auparavant m’arriva, dans ce magasin, et bien sûr dans le vestiaire, déposant mon blouson sur un banc pour essayer un nouveau, on me prit mon portefeuille, plein de tout ce qui me restait, en particulier, une de mes Fierté, avec le diplôme de BEP Compta que j’ai réussi à avoir : mon Permis de Conduire ! … mais, plus que ça encore, alors que je n’avais plus ma carte d’identité, jamais je n’avais osé déchirer mon Permis ! … alors, me le voir Volé, ça me mis Vraiment devant mes Responsabilités ! …
Le signalant à l’encadrement du magasin, je leur ai expliqué que je devais déposer plainte, pour que je puisse faire mon chemin de Réinsertion. Là, un responsable me dit « vous avez raison, déposez plainte, de notre côté nous avons des soupçons sur un de nos visiteurs » ! … alors je lui ai demandé de me dire qui était-ce, s’il était toujours là ! …
Voyant ma détermination, et heureusement d’avoir eu la chance qu’il fût toujours sur place, il me le montra du doigt ! …
Aussitôt je suis allé le voir, et lui dit « voilà, je viens te voir parce que je viens de me faire voler mon portefeuille, mon permis de conduire. Je ne sais pas qui l’a pris, mais des personnes m’ont parlé de toi. Je te le redis, je ne sais pas qui c’est, mais je dois porter plainte, donc « contre X », pour que puisse faire ma réinsertion. Je tenais à ce que tu le saches ! … »
Aussitôt, il me répondit « d’accord, très bien, mais je te le dis, ce n’est pas moi qui te l’ai volé, je ne m’embarrasse pas de ça ! … et je vais rechercher celui qui l’a fait ! … », d’un ton déterminé ! …
Je suis donc allé faire mon dépôt de plainte au commissariat, ayant du fait une nouvelle pièce d’identité, la déclaration de vol faisant fonction de « pièce d’identité » pendant 2 mois ! … cela me donna une nouvelle étape pour un nouveau départ, qui me donna une énergie pour « repartir » vers un nouvel horizon ! …
Un Horizon qui se traduis par un nouvel épisode pour le moins rocambolesque, au foyer d’hébergement, avec l’équipe de ce gars bien connu du magasin, dont un s’appelait Poirrier, qui essaya, à mon indifférence totale, de m’amadouer ! … ainsi, il essaya de me faire « cadeau » d’un sac de sport, tout neuf, me dit-il « pour faire ton voyage », ce à quoi je lui répondis « j’ai déjà un grand sac à dos, je te remercie » ! …
Aussitôt, flairant une entourloupe, je dis à qui voulu bien l’entendre, que je partais, « vers Aix-en-Provence », et partant dans la matinée-même, dans cette direction ! …
Et puis voilà comment, voyant sur l’autoroute les panneaux indiquant les directions, en arrivant vers le péage d’Orange, d’un côté vers Aix-en Provence et, de l’autre, « retrouvant le Nord », … Lyon ! …
Enfin, tout mon parcours, même avant mon départ de Bretagne, trouvait son sens, avec un souvenir très marquant, sans doute le plus de toute ma « première vie » : celui d’un train à Redon, qui avait un terminus … à Lyon-Perrache ! …
Cette « Bifurcation » fut celle de toute ma vie, celle qui me fascinait le plus, depuis Toujours : Enfin, j’allais connaître LYON ! …
Toujours en me déplaçant en auto-stop, je ne voulais pas que mon conducteur ait le moindre problème (normalement c’est illégal de prendre une personne à la rue), ce qui explique ce que je lui ai dit, que j’avais des copains qui m’attendaient à Perrache, seul nom que je connaissais donc de Lyon ! …
Et puisque c’était illégal, je me suis dit « eh bien, si « nul n’est censé ignorer la Loi », on va voir si ce Système Légal me sort de cette situation, de la Rue ! » … et je dois dire que ça n’a pas été aussi évident, que ceux-là même qui en sont « l’Elite », veulent bien le laisser penser ! …
Mais avant de décrire tout cela, tout d’abord, mon arrivée à Perrache fut pour le moins directe, mon conducteur m’y amenant en bas de l’escalateur (qui existait encore, et pour de nombreuses années aussi) au sud de la gare, au bout du Cours Charlemagne ! …
Traversant la gare, à la place Carnot, je vis là beaucoup de personnes sur les pelouses, alors que nous étions le 19 décembre ! … mais très vite je me suis rendu compte qu’en fait, il s’agissait du lieu, presque principal, de rassemblement des routards, sdf et autres « anars », avec ou sans chien ou, dans tous les cas, le premier que je vis à Lyon ! …
Là, un ancien, qui présentait bien, attira mon attention. Je vins vers lui et lui demandai « salut, sais-tu s’il y a un centre d’hébergement bien connu ici ? … », ce à quoi il me répondit « viens avec moi, j’y vais, justement ! » …
Et c’est comme ça que je suis reparti dans ma nouvelle vie ! …
De la gare, nous avons longé le quai du Rhône, en direction du centre-ville, jusqu’au premier pont, que nous avons pris. Là, sur le pont, alors que je parlais avec mon guide, j’ai aperçu les collines ! … je ne sais pas pourquoi, mais même si nous avons continué à discuter jusqu’au « foyer », j’ai tout de suite su que, dès le lendemain, j’allais y revenir ! … je le vois encore aujourd’hui, ce superbe relief qui surplombe la ville ! …
Passant entre les Universités, nous avons pris une petite rue à gauche, où le centre d’hébergement se trouvait, juste là ! … le « Foyer Notre-Dame des Sans-Abris » nous accueillait ! …
Il s’agit d’un « foyer-hébergement » ou, plus exactement, un « Centre d’Hébergement et d’Orientation », ou « C. H. O. », composé du bâtiment lui-même et, dans la cours, d’un « algéco », qui nous servait de salle de télévision, où nous avons attendu, de 17h et quelques, à 19 H, heure d’ouverture du foyer.
A 19H, la personne de l’accueil m’expliqua l’organisation : le premier soir nous pouvons déposer nos affaires dans une « consigne », prendre un repas et dormir dans un « box » collectif, après une soirée télé (dans l’algéco) si ça nous intéressait ! … et puis elle m’a donné une première « carte d’hébergement », de couleur verte, m’expliquant que, dès le lendemain matin, à 9 heures, j’allais avoir un rendez-vous avec une responsable d’hébergement, pour un premier entretien, où il me sera possible d’avoir une nouvelle carte, orange, pour une durée plus importante ! … là, je me suis dit, c’est une très grosse organisation, qui va m’emmener très loin, bien sûr dans ma réinsertion, mais pas loin de Lyon : à Lyon ! …
J’ai commencé par déposer mes affaires à la consigne, j’ai suivi les autres en direction de la cantine et nous avons mangé. Puis, on nous a montré notre chambre collective, où je suis resté, découvrant mon nouvel environnement et retraçant mon chemin, jusqu’à mon sommeil.
Le lendemain matin, j’ai eu cet entretien, où j’ai expliqué que je venais de Bretagne, que je n’avais plus ma carte d’identité et qu’on m’a volé mon permis de conduire, présentant à la responsable mon récépissé de dépôt de plainte, mais que je voulais me réinsérer, après avoir refait mes papiers. En clair, la continuité-même de ce que j’avais dit à Montpellier ! … Elle me dit « nous avons un Breton dans l’encadrement, il s’appelle Jean ! » … et, aussitôt, elle me remplit la carte d’hébergement orange, ce qui m’a amené une plaisanterie, lui disant « au moins ici, la carte orange est plus utile qu’à Paris », ce qui nous a apporté un gros éclat de rire ! … π
Ainsi, mon séjour s’est vraiment très bien passé, vraiment très à l’aise avec eux, ce qui m’enthousiasma comme Jamais ! …
J’ai donc commencé à refaire ma carte d’identité, à la mairie du 7ème arrondissement, là où se trouvait le foyer même si je n’avais pas encore d’adresse, seulement une sorte de « boîte postale » du foyer …
Pendant le temps nécessaire à la procédure de la mairie, je me suis lancé dans une « vente – colportage de presse » (la vente des journaux des sdf) du « La Rue », n’aimant pas beaucoup le réputé « Macadam » ! … le dépôt « La Rue » se trouvait rue Notre-Dame, dans le 6ème arrondissement, ce qui, avec le foyer « Notre-Dame des Sans Abris », m’interpella, me disant que c’est une ville très portée sur Notre-Dame ! … la suite me dira pourquoi mais, sur le moment, je ne pensais qu’à une seule chose : ma Réinsertion ! …
Et puis ce qui devait arriver arriva, lorsque la vente marche bien, multipliant les lieux de ventes, un contrôle de police est, au fil du temps, inévitable ! …
Pour moi, ce fut à l’entrée du Centre Commercial de la Part-Dieu, sur l’Esplanade de la tour du Crédit Lyonnais, à la sortie-même de la Porte de l’Esplanade, le 24 décembre 1995.
Présentant mes papiers et mon autorisation de « vendeur – colporteur de presse », délivrée par la préfecture, l’un des deux binômes me demanda « vous n’avez pas de papier ? … », ce à quoi je lui dis « si, c’est ma déclaration de vol de mon permis de conduire, valable deux mois, le temps que je refasse ma carte d’identité, que j’attends avec mon récépissé que vous avez ! » …
Il continua à « chercher la petite bête », me disant « c’est une déclaration sur l’honneur votre déclaration de vol du permis, vous m’avez l’air d’un Portugais ! » …
« Sans papier », « Portugais », tout ce qu’il me disait m’indiquait qu’il me prenait pour un expulsable ! … Enervé mais sans perdre mon sang-froid, je lui répondis « Ah bon, et qu’est-ce que vous faites de l’Honneur ? … Alors demandez l’Inspecteur Poirier à la Tour d’Auvergne, à Rennes, vous savez, l’Hôtel de Police de Rennes, et demandez-lui s’il n’a pas un Cousin en ce moment à la Rue ! » …
C’est alors que le second policier revint vers nous, me rendant mes papiers, disant à son binôme « c’est bon, on peut le laisser tranquille » ! …
Voilà, comment se passe un contrôle de police, le « public visé » étant bien sûr, plus que les autres, celui « qui n’est pas dans les clous », ce qui signifie que, pour moi, ce fut le seul contrôle que j’ai eu, durant les 5 mois, de l’hivers 95-96, plus exactement du 9 octobre au 4 mars, « à la rue » ! …
Les dates étant tellement significatives durant cette période, de par l’importance de ce qui m’arrivait, que je m’en souviens encore, 30 ans après ! …
En janvier, ma carte d’identité était faite, je pouvais alors passer à autre chose, en l’occurrence aller faire mes démarches pour avoir un emploi, ce qui m’a valu d’être sur la liste d’attente pour être accepté dans un autre type de foyer, toujours de « Notre-Dame des Sans Abris », qui s’appelle un « C. H. R. S. », ou Centre d’Hébergement et de Réadaptation (ou de Réinsertion) Sociale », pour moi plus une réadaptation, compte tenu du milieu d’où je venais … cela dit, c’était plus en attendant son ouverture que j’attendais, un encadrant m’ayant dit que des locaux étaient en travaux et, plus tard, que j’étais le premier sur la liste d’attente.
Autre raison importante, celle de mon âge ! … à 24 ans, alors que j’étais parti de mon travail, et donc démissionnaire, je n’avais aucune indemnité-chômage et, puisque je n’avais pas de « charge », de location par exemple, je n’avais le droit à rien, aucune indemnité ni, surtout, le « R. M. I. », auquel on a droit à seulement 25 ans ! … Ce qui fut donc le cas, fin février 1996.
A partir de là, tout alla très vite : le 4 mars j’entrais dans ce CHRS, ce qui me donnais ma première adresse à Lyon.
En parallèle, donc pour ma réinsertion, je suis allé, en janvier, me renseigner à la mairie, sur les structures d’emploi à Lyon (ANPE, Missions Locales, etc.). Là, l’accueil de l’Annexe de l’Hôtel de Ville m’orienta, à ma grande surprise, vers le 2ème étage du bâtiment ! … Y aurait-il une Mission Locale, une « antenne » de l’ANPE, dans les locaux de la mairie, dans une grande ville comme Lyon ? … bien sûr que non, prenant l’ascenseur, je vois des panneaux indiquant « Ressources Humaines », « Service Recrutement » ! … en fait, l’agent d’accueil m’envoyait vers un travail municipal …
Et ainsi, chaque semaine quasiment, alors que je n’avais toujours pas d’adresse à mettre sur mon CV, j’allais les voir, pour avoir des nouvelles, me renseigner sur les filières, les concours, jusqu’à ce jour où, « ça y est, j’ai ma première adresse ! » … là, l’agent d’accueil du service Recrutement me dit « je crois que la cheffe du service vous attend à son bureau ! … »
Premier RMI, Première adresse à Lyon, Premier emploi en mairie, quasiment le même jour du 4 mars ’96, dans tous les cas dès cette première semaine ! …
Ainsi, j’ai commencé un remplacement de 8 heures par semaine, pour la gardienne logée, du Théâtre de la Croix-Rousse, en repos le lundi, pendant 2 mois, puis un autre remplacement, en urgence, dans cette période …
Ce dernier fut pour moi, pour le moins surprenant, remplaçant un remplaçant ! … le gardien d’une petite « salle des fêtes », dite « de la Garenne », dans le 5ème arrondissement, était malade, ce qui a obligé le service à trouver un remplaçant … sauf que ce remplaçant « a un empêchement » pour un travail le samedi soir (! …), le signalant qui plus est le vendredi midi, laissant le service recrutement dans l’embarras, ne travaillant pas le samedi ! …
La cheffe du service me demanda alors « est-ce que ça ne vous dérange pas, un samedi soir ? … », ce qui me stupéfia ! ... Comment cela, un travail qui me dérangerait, parce que c’est un samedi soir ? … me disant cela, je lui ai répondu « non, non, pas de problème, je vous fais ce remplacement, ce samedi soir ! » …
Le lendemain, je suis donc parti faire ce travail de gardien d’une soirée, en fait un anniversaire de mariage d’un couple d’anciens, avec sa famille qui me remercia, finissant vers 1 heure du matin comme prévu, laissant les locaux nickels ! … Pour ma part, je suis resté jusqu’à 7 heures du matin, fermé les locaux et déposé les clés dans la boîte aux lettres de la mairie du 5ème, comme prévu …
Et puis ce furent les périodes de recrutement des contractuels de contrat « solidarité », à temps partiel (en mi-temps), prévus sur 6 mois renouvelable 1 fois, au Parc de la Tête d’Or.
La cheffe de service m’en informa, mais sur un laps de temps très court ! …
En effet, les recrutements se faisant pour 40 demandeurs d’emploi de l’ANPE, mais réduits à 15, elle m’apprit que j’étais un 16ème, exceptionnellement ! … en revanche, il fallait que je dépose mon CV en me présentant à l’entretien, dès le lendemain matin, à 9 heures ! …
Ne l’ayant pas modifié avec les remplacements que je faisais déjà à la mairie, je fonçai à la Mission Locale qui me connaissait, demandant un ordinateur … mais, parce que l’imprimante ne fonctionnait pas, j’ai dû y retourner le lendemain matin, donc juste avant l’entretien ! …
Le lendemain matin donc, la Mission Locale me dit que l’imprimante ne fonctionnait toujours pas ! … j’appela alors le secrétariat de la direction des Ressources Humaines, lui expliquant ma situation, qui me dit alors « envoyez-le moi par mail, je vous l’imprime ! » … la Mission Locale faisant le nécessaire entre-temps, je pris aussitôt le métro pour aller à l’entretien, récupérant mon nouveau CV et le donnant, aussitôt, au directeur, qui faisait les recrutements ! …
En pleine dynamique, ma motivation avec, mon entretien a été très rapide et vraiment efficace, au point que je fus pris dans les 3 recrutés, donc sur les 16 que nous étions, et même « hors effectif » que j’étais ! …
Début mai, j’ai donc commencé à travailler, au rythme de 20 heures par semaine, toujours mieux que 8 heures, et mettant un peu plus mon pied dans la grosse institution de la Ville de Lyon ! …
Au foyer, c’était différent qu’au « C. H. O. ». Ayant ma clé, je devais payer un loyer, sauf que, dans ce « C. H. R. S. », le loyer était basé sur les revenus que nous avions. Quand je faisais 8 heures par semaine, mon loyer était symbolique, et je touchais le RMI.
Et puis j’ai commencé mon « Contrat Emploi Solidarité », de 20 heures par semaine, donc avec un revenu plus important, l’arrêt du RMI et un loyer adapté, ce qui m’a permis de mettre un peu d’argent de côté, suffisant pour avoir un montant couvrant les 2 mois de cautions nécessaires pour avoir un appartement, et pour quitter les Foyers Notre-Dame des Sans-Abris ! …
Ce fut fait en novembre 1996, juste après que mon contrat de 6 mois fut renouvelé, ce qui fit que, dès mon arrivée à Lyon, mon parcours Logement – Travail fut intimement lié, surtout dans cette période, d’entrée à la Ville de Lyon ! …
Cette période fut marquée par 2 évènements, un personnel et un professionnel :
- Personnel d’abord, lorsque le fameux Poirrier pointa le bout de son nez, à la sortie-même de mon travail, au Parc de la Tête d’Or, me voyant rentrer au foyer … « salut Poirier, tu me reconnais, c’est Poirrier ! … » me dit-il … ce à quoi je lui répondis « eh oui, et comme tu vois, je suis en Réinsertion ! » … depuis ce jour-là, je ne l’ai plus jamais revu ! …
- Et puis professionnel, pour le « C. E. S. », toujours au parc, ayant besoin, demandé par mon chef, de mon permis de conduire, pour les patrouilles en voiture et, dans tous les cas, pour compléter la procédure administrative de mon recrutement dans ce contrat ! … Ainsi, je me suis rendu à la Préfecture Administrative, pour avoir un duplicata, me disant « là, je vais voir si le Système est bien fait ! … », sachant impeccablement mon numéro de permis, et avec mon récépissé de déclaration de vol, ainsi que ma carte d’identité récemment refaite.
Donnant tous mes documents et le souvenir de mon numéro de permis au complet, malgré la réelle gêne que je voyais sur le visage de la guichetière, elle constata que j’en étais bien le titulaire, et me tamponna le duplicata qu’elle me faisait, puis me le donna ! …
Ça y est, cette fois-ci, c’en était fini de toute ma procédure administrative de Réinsertion et, Enfin, le début et vrai Départ de ma Nouvelle Vie ! …
Tout ce parcours de réinsertion aboutit, très rapidement toujours, après mon emménagement dans mon premier appartement, à Villeurbanne, dans un studio en mansarde, en novembre ’96, lorsque le Théâtre de la Croix-Rousse, là où j’ai fait le remplacement des lundis de la gardienne logée, a fait une création de poste pour un gardien non-logé, sur lequel j’ai donc déposé ma candidature.
En effet, toujours en contact malgré mon départ pour le Parc de la Tête d’Or, le mari de la gardienne m’ayant appris la création du poste en allant le voir, mon foyer étant situé entre le parc et le théâtre, je me suis rendu, en 10 minutes, au service du Recrutement, juste en bas de la colline de la Croix-Rousse, à l’Annexe de l’Hôtel de Ville ! …
Là, l’agent d’accueil du service, apparemment dans l’équipe de recrutement pour le poste, m’a soutenu la candidature, m’a-t-on dit plus tard dans le service, malgré la présence d’un autre candidat qui aurait été plus « proche » (à l’ancienneté ? …) que moi du théâtre, selon toujours le mari, Gilles Risson, de la gardienne, Monique ! …
Tout allant tellement vite, en 11 mois embauché à la Ville de Lyon, alors que pour la plupart des « non-titulaires » il fallait 5 à 6 ans pour être « titularisé », je le sais et je le regretterai toute ma vie si je ne peux pas la revoir, ne prenant pas conscience de ce que l’agent d’accueil avait fait pour moi, avant qu’elle ne quitte, définitivement, le service des Recrutements, sans retourner la voir … Je vous le dis ici, je vous dois Tout ! … Je suis Vraiment Désolé, et Je vous dis Profondément Merci ! …
C’est à partir de ce moment-là que j’ai recommencé à Zéro toute ma vie, et pour Toujours ! …
Depuis cette « orientation » de l’agent d’accueil au rez-de-chaussée de l’Annexe, lorsque j’y suis allé pour la première fois, en direction du 2ème étage, et de ce service des recrutements, pour la toute première fois de toute ma vie alors, instinctivement je n’ai regardé que le bon côté des choses, en l’occurrence le service public que je connaissais de mon père fonctionnaire à la Poste, et du milieu municipal de mon grand-père élu conseiller puis adjoint, sans oublier mes 2 ans dans le funéraire, où j’ai côtoyé le service funéraire et un peu l’administratif municipal de Lorient ! …
C’est ce qui m’a amené à dire que j’étais ouvert à tout, et que le travail de gardien a été une évidence pour la cheffe du recrutement, les besoins se faisant sentir surtout dans ce domaine professionnel, et que j’ai toujours exercé jusqu’à présent, près de 30 ans après ! …
Mars ’96 – Février ’97, ces 11 mois qui ont changé toute ma vie ! … Enfin, j’entrais Vraiment dans la « Vie Active », dans ma Vie d’Adulte ! …
D'Un Breton ... de mon Enfance
Pour une première présentation - et un deuxième indice - je dois vous dire que, s'il en existe un, le "Destin" a donné à ma Vie, et dès mon "arrivée", une bonne ligne de conduite :
je suis né en 1971, année d'une chanson qui disait "Boire un petit coup c'est agréable, (...)",
le 23 février, jour du "mardi gras" de cette année-là …
"arrivé" à 19 h 30, l'heure, dans ma famille, de manger "la soupe"
et, comme l'ensemble de ma fratrie, faisant plus de 4 kg (4 kg 300 exactement) à la naissance ! ...
Je crois que je suis né "avec la Soif et la Faim au ventre" … vous ne croyez pas ?! … πππ
Une certaine "Soif de Vivre" ? … peut-être mais, dans tous les cas, une Bonne Santé ! …
Dernier de la famille, le "petit" de mes 3 frères, dans une famille très "paternaliste" et très marquée par la présence d'hommes (3 générations d'enfants masculins), qui n'a jamais quitté le village, générations après générations (j'en ai comptées 9 ! …), c'est sans doute cela qui m'a "forgé" un fort caractère … au point d'être pris, ultérieurement, mais aussi du fait de mon travail, lors d'un mariage, par un membre de la belle-famille (qui ne nous connaissait donc pas encore), pour le grand frère de mon 3ème, qui a 2 ans devant moi ! …
Battant comme tous les membres de la famille, je pris conscience, plus tard, que mon grand-père, et non mon père (alors que, normalement, ça aurait dû être lui), était, est et sera toujours mon modèle de Vie ! ... C'est dans sa vie que vous aurez le troisième indice ...
Dans tous les cas, avant cela, en apprenant petit à petit mon "environnement", j'ai très rapidement vu que, en regardant mes frères, j'avais cet avantage de ne pas avoir de difficulté à ne pas faire les bêtises qu'ils faisaient ! … π c'est toujours ça de gagné - n'est-ce pas ? … - n'étant pas le dernier à en faire, moi aussi ! …
Ajouté à cela une saine rivalité, à l'école primaire, entre quelques "camarades" - filles et garçons confondus - "pour avoir la meilleure note au devoir", et donc "le meilleur classement" dans la classe (! …), je passai très facilement (selon mon entourage), d'une classe à l'autre, d'une année à l'autre ! … C'était mon "Leitmotiv", mes Repères de Vie à l'extérieur (outre mes frères donc, à la maison) ! … mais, aussi, le début de ma volonté d' "Indépendance", le grand regret de ma maman (et le mien aussi, vis-à-vis d'elle ! …), qui me l'aura fait remarquer, quelques années plus tard …
Arrivé au collège (j'en parlerai plus longuement dans mon deuxième article, dédié à mon adolescence), par contre, le fonctionnement n'étant plus le même, et mes "camarades" du primaire n'étant, de plus, pas venus au même collège (pourquoi ? …), je me suis dit que, la Nature … et les "circonstances" étant ainsi faite, je n'avais donc pas à faire plus d'effort que nécessaire (mais des efforts quand-même ! …), que ce que la Nature m'a permis d'avoir en terme de "Facultés" intellectuelles et de la conscience que j'avais de mes années de primaire, où ça s'est bien passé … mes nouveaux repères de Vie, en quelque sorte, en l'absence de mes anciens, mes principaux camarades de primaire …
C'est comme cela que s'est construit ma Vie, depuis ! … Et Oui, encore aujourd'hui (à plus de 50 ans), c'est comme cela que je "raisonne" ! … ππ
Même si le nouvel "Environnement" fut différent et, de ce fait, hostile à mon encontre, faisant de plus partie des "externes", des "locaux", j'appris aussi que j'étais aussi le "petit" de la famille par les autres, habitants "locaux", le 3ème de mes frères ayant eu un surnom bien avant mon arrivée, qui me fut affublé comme "junior" quand il était encore là, puis comme tel, ensuite … comme si j'étais comme lui ! ... Aussi, déjà, une certaine haine envers les "locaux" commençait à monter en moi …
Mais je passais, là encore pour ce qui est de l'aspect purement scolaire, d'une année à l'autre, d'une classe à l'autre, certes toujours "juste" au-dessus de la moyenne (10-11 sur 20 de moyenne générale, chaque année), quittant donc le collège sans me fatiguer psychologiquement (π) et, "en même temps", le plus rapidement qu'il fut possible ! …
Aujourd'hui, je crois que je peux le dire : je n'ai pas aimé le collège ! … même si, sur le long terme, c'est à ce moment-là que s'est décidé, inconsciemment, toute ma Vie, grâce à une matière que nous apprenions : l' "Histoire-Géographie", alors qu'elle était considérée (d'ailleurs, encore aujourd'hui …) non-prioritaire ! …
Très vite donc, je partis de ce "secondaire" ("secondaire" à tous points de vues, dans mon esprit, encore aujourd'hui ! …), mais avec un renvoi de 3 jours dans mon dossier scolaire (j'y reviendrai), justement, ayant confondu, par cette Haine, les deux aspects extérieur et intérieur au collège, à propos d'un "camarade" de ma classe, "externe" comme moi et, par ailleurs, un voisin de ma rue, qui me harcelait, avec d'autres dans la cours, mais surtout sur le chemin du retour d'école, chaque soir … en me vengeant (à la piscine), comme on disait à l'époque, en "lui pissant dans les bottes" ! … ce qui m'aura été préjudiciable par la suite, plusieurs années plus tard, toujours dans le milieu scolaire ! …
Cela dit, mon "Environnement", Heureusement, ne s'arrêtait pas à l'Ecole, aux voisins, à la maison et à la famille, il y avait aussi, tout autour, la Famille "élargie" et les Loisirs d'enfant à la télé, en voyage … encore que, pour cela aussi, le "Paternalisme" s'imposait …
Oui, il eu bien fallut qu'il y ait, Toujours, quelque chose, pour ne pas me laisser faire quoi que ce soit, de ma propre initiative, en toute Liberté, quel que soit mon, notre Âge, à la maison ou en-dehors, petits, grands, anciens ou autres : "Âge Mental" ou "Beugués" de l'An 2000 (comprenez "restés au 20ème siècle"), par exemple ! … cette "Loi du Plus Grand", du Plus Fort, de cet Esprit Elitiste encré dans l'Inconscient de nos "Aînés" (je ne parle pas, Volontairement, de nos "Anciens" ou de "Vieux" ! …), que "L'Etat-Providence" nous Imposait, nous Inculquait, nous Rabâchait, nous Harcelait !!! … le sujet de ce "Système Elitiste" étant si vaste, qu'un nouvel article l'abordera ! ...
Mais la "Saine Rivalité" que nous avions ne vient-elle pas, justement de cet "Elitisme" d'Etat ? … Peut-être, mais à condition de n'y pas être "juste-au-boutiste", les "tenants et aboutissants", une "fin en soi", de notre vie !!! …
… et je passe sur les rivalités (malsaines, elles …), entre nos anciens, qui nous "retombaient dessus" ! … très fréquentes dans des petites localités, pour nous de la campagne du Morbihan (2000 habitants), où "tout le monde connaissait tout le monde" …
Dès mon arrivée en "6ème", je savais que, plus tard, j'allais partir, d'abord conscient que j'étais le seul, dans la famille, à aller en vacances scolaires (chez ma marraine) dans un autre département, et proche de la "grande ville" qu'était, pour nous, Nantes, mes frères n'ayant pas eu ce que je considère une, cette chance ! … Les "Circonstances", par la suite, ne faisant que confirmer mes intentions ...
Alors, lorsque les activités sportives que je faisais ne se passaient pas bien, je les quittais ! …
C'est ce qui s'est passé, typiquement, à mes 11 ans, quand l'équipe de football de notre commune, activité sportive alors incontournable dans la famille, hors de l'école, pour nous 4, "m'accueillit" en catégorie "Minime" …
L'entraîneur, qui "n'aimait pas" notre père, nous mettant systématiquement sur le banc de touche, a voulu, en fin de saison, "me prêter" à l'équipe adverse, qui n'avait pas assez de joueurs !!! … pour moi, dernier d'une famille des plus anciennes de la commune, le coup fut rude ! …
La "Goutte d'Eau qui fit Renverser le Vase", après les frustrations accumulées des mises sur le banc des samedis antérieurs …
Pourtant, ma réaction fut immédiate, acceptant de jouer contre cette équipe qui me mettait sur le banc (La Mienne, donc), ce qui me rendait enfin Libre de mes "Intentions" !!! …
Résultat : nous avons gagné 3 - 1, leur ayant mis, pour ma part, 2 buts, ma "nouvelle équipe" me proposant de rester avec elle !!! … π
Malheureusement, ne pouvant pas jouer dans une autre équipe que celle de Ma Commune, celle de Ma Famille, et ne voulant pas occasionner des frais de déplacements supplémentaires que ce choix allait provoquer, pour mes parents, l'éloignement - même si mon père m'en proposa de choisir entre deux autres ! … -, je leur répondis négativement ...
D'autant plus que, cette année-là, je réussis à avoir une bonne place au cross de fin d'année du collège (2ème des "6èmes" ! …), mon choix se faisant aussitôt : faire de la course à pied, mon nouveau sport ! …
Après une dernière tentative que l'équipe me fit, de me "garder", en me disant "nous avons besoin de toi", ce à quoi je répondis "ah oui, pour vos remplacements, sur le banc !!! …", je leur ai dit - dont à certains qui se trouvaient dans ma classe, au collège - "j'aime bien le cross, je m'en vais" ! …
… Et c'est comme ça que j'ai commencé à faire de la course à pied mon nouveau sport, en cross, sur route et sur piste, pendant 10 ans, donc de 12 à 22 ans, dont 4 en club, … celui d'une commune voisine ! …